C’est le 5ème livre d’un jeune auteur que je découvre seulement maintenant. Ses phrases sont longues comme des spaghettis. Il maîtrise l’art de tourner autour du sujet en semant devant le lecteur juste ce qu’il faut de petits mots pour l’amener à le suivre au fond des bois.
A l’instant où l’on se croit perdu il nous renvoie une idée neuve, un trait d’humour, une formule et nous voilà reparti pour un tour. J’ai lu Paris-Brest d’une traite, sans escale, sans m’essouffler, sans songer même à prendre quelques notes pour écrire plus tard une critique intelligente.
C’est que l’intrigue est bien ficelée et que j’en ai savouré la lecture. Le style, très proche du roman policier, m’a délassée après la lecture d’Enfant 44 (lire le billet du vendredi 14 août).
Comprenant que ce n’est pas en jouant dans l’équipe F - comme football- qu’il va pouvoir devenir joueur professionnel (lisez pourquoi vous-même p. 65 et svtes, c’est drôlissime) le narrateur abat ses cartes d’intellectuel et se lance dans l’écriture de ce qu’il appelle son roman familial.
Il a lui-même un caractère bien trempé et est plutôt bien entouré : une grand-mère indigne, une mère hystérique qui a toujours un sac plastique à portée de main pour se le mettre sur la tête pour enrayer les crises d’épilepsie, un père paranoïaque, un frère qui tarde à faire son coming-out, et surtout un « meilleur ami » dont on se demande si c’est celui qui lui veut du bien.
Thierry Viel pratique humour codé. Le titre annonce le double-jeu. Entre les trajets entre les deux villes. Et avec la pâtisserie en forme de roue de vélo qui a été imaginée par un boulanger voulant célébrer la course cycliste. L’auteur réussit à être drôle au cinquième degré. Quand il insiste (souvent) sur la fierté de sa grand-mère d’avoir acquis un appartement avec « vue sur la rade » on songe un instant à l’accroche des promoteurs vantant la « vue sur la mer », et aussitôt à l’expression « être en rade » parce qu’on avait été prévenu que Brest avait raté sa vocation balnéaire.
Lui n’a pas loupé la sienne. On le compare à Duras. Je vois une filiation avec Maurice Leblanc, l’inventeur du gentleman cambrioleur qui nous a bien baladé lui aussi en bord de mer. Il y a des mensonges, des trahisons, des retournements de situation comme on les aime au cinéma. Si bien qu’on se surprend à pressentir quel genre d’adaptation ce roman pourrait devenir sur grand écran.
En attendant ne le loupez pas. Paris-Brest est une gourmandise.
Paris-Brest de Tanguy Viel, paru en 2009 aux Editions de Minuit
Pour en savoir plus sur l'auteur, le livre et ce qu'en pensent les critiques professionnels voir le site de l'éditeur
A l’instant où l’on se croit perdu il nous renvoie une idée neuve, un trait d’humour, une formule et nous voilà reparti pour un tour. J’ai lu Paris-Brest d’une traite, sans escale, sans m’essouffler, sans songer même à prendre quelques notes pour écrire plus tard une critique intelligente.
C’est que l’intrigue est bien ficelée et que j’en ai savouré la lecture. Le style, très proche du roman policier, m’a délassée après la lecture d’Enfant 44 (lire le billet du vendredi 14 août).
Comprenant que ce n’est pas en jouant dans l’équipe F - comme football- qu’il va pouvoir devenir joueur professionnel (lisez pourquoi vous-même p. 65 et svtes, c’est drôlissime) le narrateur abat ses cartes d’intellectuel et se lance dans l’écriture de ce qu’il appelle son roman familial.
Il a lui-même un caractère bien trempé et est plutôt bien entouré : une grand-mère indigne, une mère hystérique qui a toujours un sac plastique à portée de main pour se le mettre sur la tête pour enrayer les crises d’épilepsie, un père paranoïaque, un frère qui tarde à faire son coming-out, et surtout un « meilleur ami » dont on se demande si c’est celui qui lui veut du bien.
Thierry Viel pratique humour codé. Le titre annonce le double-jeu. Entre les trajets entre les deux villes. Et avec la pâtisserie en forme de roue de vélo qui a été imaginée par un boulanger voulant célébrer la course cycliste. L’auteur réussit à être drôle au cinquième degré. Quand il insiste (souvent) sur la fierté de sa grand-mère d’avoir acquis un appartement avec « vue sur la rade » on songe un instant à l’accroche des promoteurs vantant la « vue sur la mer », et aussitôt à l’expression « être en rade » parce qu’on avait été prévenu que Brest avait raté sa vocation balnéaire.
Lui n’a pas loupé la sienne. On le compare à Duras. Je vois une filiation avec Maurice Leblanc, l’inventeur du gentleman cambrioleur qui nous a bien baladé lui aussi en bord de mer. Il y a des mensonges, des trahisons, des retournements de situation comme on les aime au cinéma. Si bien qu’on se surprend à pressentir quel genre d’adaptation ce roman pourrait devenir sur grand écran.
En attendant ne le loupez pas. Paris-Brest est une gourmandise.
Paris-Brest de Tanguy Viel, paru en 2009 aux Editions de Minuit
Pour en savoir plus sur l'auteur, le livre et ce qu'en pensent les critiques professionnels voir le site de l'éditeur
3 commentaires:
Olala, je n'ose même plus lire tes commentaires tellement nos avis divèrgent. J'ai pour ma part trouvé ce livre ennuyeux et le style de Tanguy Viel très désagréable.
Cela ne me dérange pas : je trouve que c'est bien que tout le monde n'ait pas le même avis sinon il n'y aurait pas de suspense pour le Prix.
Je suis persuadée que notre état d'esprit du moment a une forte influence sur notre jugement.Il y a forcément du subjectif malgré nos efforts.
Je me rends compte aussi que puisque nous sommes tous différents chaque livre a son public. Heureusement d'ailleurs quand on pense qu'ils sont plus de 650 nouveautés annoncées pour septembre !
N'empêche que si j'avais été jurée l'an dernier j'aurais approuvé le choix des Déferlantes de Claudie Gallay.
Je n'ai pas encore lu "Les Déferlantes" mais tous les gagnants de l'année passée me donnent l'eau à la bouche et vont sûrement atterrir dans ma bibliothèque à un moment ou un autre.
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