La 30ème édition du Festival du Val d'Aulnay a offert un spectacle alliant musique et littérature dans le magnifique cadre de la Vallée aux Loups où les lecteurs du blog vont finir par penser que je dispose d'une entrée particulière tant il est vrai que j'y suis venue ces derniers temps, de jour ou de soirée, comme de nuit.
La voix de ténor de Mickaël Bennett a été très appréciée. Il a commencé le concert en chantant Ich liebe dich de Beethoven, qui pouvait évoquer une des passions de l'ancien maître des lieux, Chateaubriand, dont la présence est gravée dans la mémoire collective.
Il était accompagné par la harpiste Sandrine Chatron dont le doigté est réellement enchanteur. Elle a aussi interprété une très délicate Fantaisie de Louis Spohr.
Ce sont cependant les textes qui ont été lus par Cécile Combes que j'ai davantage retenus. Sans doute en premier lieu parce qu'ils sont en langue française (tous les airs étaient en allemand). Egalement parce que le choix effectué par la comédienne témoignait des deuils symboliques qui avaient poussé l'écrivain à rechercher une inscription dans une "terre stable", concrète cette fois... terre qu'il a pourtant quitté relativement vite, sans parler du départ définitif qui est le lot commun.
Ces passages renfermaient une dimension politique et philosophique plus profonde que ce qu'on entend souvent dans ce type de manifestation. Certains d'entre eux reflètent aussi la personnalité du personnage qui confesse ses défauts sans fausse pudeur, tout en relatant combien il a souffert de la malveillance et du dénigrement.
Les extraits n'apparaissaient pas sur les programmes mais Cécile Combes a eu la gentillesse de me les transmettre afin de les rendre accessibles ici comme dans quelque temps probablement sur le site du festival. Nous les avons goutés sous l'ombre fraiche du marronnier pluricentenaire, en cette belle et chaude après-midi.
J'avais retenu plusieurs phrases : faisant allusion à une hirondelle Chateaubriand soupirait comme toi, j'ai aimé la liberté, et j'ai vécu de peu.
Plus tard il décrit avec des mots simples son objectif d'offrir à sa descendance, en quelque sorte à nous autres, ce magnifique jardin qui n'est alors qu'une maison de jardinier cachée parmi des collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison, n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvait une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances ; spatio brevi spem longam reseces. Les arbres que j’y ai plantés prospèrent, ils sont encore si petits que je leur donne de l’ombre quand je me place entre eux et le soleil.
Le jardinier a réussi au-delà de ses espérances. Il nous a légué ces petits arbres qui faisaient ses délices au même titre que ses livres : le magnolia qui promettait sa rose à la tombe de sa Floridienne, le pin de Jérusalem et le cèdre du Liban consacrés à la mémoire de Jérôme, le laurier de Grenade, le platane de la Grèce, le chêne de l'Armorique, au pied desquels il peignit Blanca, chanta Cymodocée, inventa Velléda.
L'atmosphère du lieu et la très belle voix de la comédienne vous manqueront mais j'espère que vous saurez apprécier les mots et que cela vous donnera envie de vous promener dans cette propriété qui appartient au Conseil général des Hauts-de-Seine de même que dans l'arboretum voisin, et auquel j'ai consacré plusieurs billets, en été, comme en hiver. Il n'y a qu'une rue à traverser et cet espace est gratuit toute l'année. Allez-y en famille. Vos enfants seront aussi surpris que ce petit garçon, sans doute peu habitué à la campagne et s'exclamant : y'a plein de zarbres !
* 1er Texte : Mémoires d'Outre Tombe, Livre 3, Chapitre 6.
" Le jour s'affaiblissait ; les ombres envahissaient lentement les fresques de la chapelle et l'on n'apercevait plus que quelques grands traits du pinceau de Michel-Ange. Les cierges, tour à tour éteints, laissaient échapper de leur lumière étouffée une légère fumée blanche, image assez naturelle de la vie que l'Ecriture compare à une petite vapeur . Les cardinaux étaient à genoux, le nouveau pape prosterné au même autel où quelques jours avant j'avais vu son prédécesseur ; l'admirable prière de pénitence et de miséricorde, qui avait succédé aux Lamentations du prophète, s'élevait par intervalles dans le silence et la nuit. On se sentait accablé sous le grand mystère d'un Dieu mourant pour effacer les crimes des hommes. La catholique héritière sur ses sept collines était là avec tous ses souvenirs ; mais, au lieu de ces pontifes puissants, de ces cardinaux qui disputaient la préséance aux monarques, un pauvre vieux pape paralytique, sans famille et sans appui, des princes de l'Eglise sans éclat, annonçaient la fin d'une puissance qui civilisa le monde moderne. Les chefs-d'oeuvre des arts disparaissaient avec elle, s'effaçaient sur les murs et sur les voûtes du Vatican, palais à demi abandonné. Des étrangers curieux, séparés de l'unité de l'Eglise, assistaient en passant à la cérémonie et remplaçaient la communauté des fidèles. Une double tristesse s'emparait du coeur. Rome chrétienne en commémorant l'agonie de Jésus-Christ avait l'air de célébrer la sienne, de redire pour la nouvelle Jérusalem les paroles que Jérémie adressait à l'ancienne. C'est une belle chose que Rome pour tout oublier, mépriser tout et mourir. "
* 2° texte : Mémoires d'Outre Tombe, Livre 3, Chapitre 1. ( Paris, rue d'Enfer, 6 juin 1833)
"[...] Oui, madame, je le dis avec douleur, Henri V pourrait rester un prince étranger et banni, jeune et nouvelle ruine d'un antique édifice déjà tombé, mais enfin une ruine. Nous autres, vieux serviteurs de la légitimité, nous aurons bientôt dépensé le petit fonds d'années qui nous reste, nous reposerons incessamment dans notre tombe, endormis avec nos vieilles idées, comme les anciens chevaliers avec leurs anciennes armures que la rouille et le temps ont rongées, armures qui ne se modèlent plus sur la taille et ne s'adaptent plus aux usages des vivants.* 3 ° texte : Mémoires d'Outre Tombe, Livre 3, Chapitre 7. ( 2 juin 1833)
retour de la Terre Sainte, j'achetais " Tout ce qui militait en 1789 pour le maintien de l'ancien régime, religion, lois, moeurs, usages, propriétés, classes, privilèges, corporations, n'existe plus. Une fermentation générale se manifeste ; l'Europe n'est guère plus en sûreté que nous, nulle société n'est entièrement détruite, nulle entièrement fondée, tout y est usé ou neuf, ou décrépit ou sans racine, tout y a la faiblesse de la vieillesse et de l'enfance. Les royaumes sortis des circonscriptions territoriales tracées par les derniers traités sont d'hier ; l'attachement à la patrie a perdu sa force, parce que la patrie est incertaine et fugitive pour des populations vendues à la criée, brocantées comme des meubles d'occasion, tantôt adjointes à des populations ennemies, tantôt livrées à des maîtres inconnus. Défoncé, sillonné, labouré, le sol est ainsi préparé à recevoir la semence démocratique, que les journées de Juillet ont mûrie.
" Les rois croient qu'en faisant sentinelle autour de leurs trônes, ils arrêteront les mouvements de l'intelligence ; ils s'imaginent qu'en donnant le signalement des principes ils les feront saisir aux frontières ; ils se persuadent qu'en multipliant les douanes, les gendarmes, les espions de police, les commissions militaires, ils les empêcheront de circuler. Mais ces idées ne cheminent pas à pied, elles sont dans l'air, elles volent, on les respire. Les gouvernements absolus, qui établissent des télégraphes, des chemins de fer, des bateaux à vapeur, et qui veulent en même temps retenir les esprits au niveau des dogmes politiques du quatorzième siècle, sont inconséquents ; à la fois progressifs et rétrogrades, ils se perdent dans la confusion résultante d'une théorie et d'une pratique contradictoires. On ne peut séparer le principe industriel du principe de la liberté ; force est de les étouffer tous les deux ou de les admettre l'un et l'autre. Partout où la langue française est entendue, les idées arrivent avec les passeports du siècle.
A mesure que j'avançais vers la France, les enfants devenaient plus bruyants dans les hameaux, les postillons allaient plus vite : la vie renaissait.* 4 ° texte : Mémoires d'Outre Tombe, Livre 1, Chapitre 1.
A Bischofsheim, où j'ai dîné, une jolie curieuse s'est présentée à mon grand couvert : une hirondelle, vraie Procné, à la poitrine rougeâtre, s'est venue percher à ma fenêtre ouverte, sur la barre de fer qui soutenait l'enseigne du Soleil d'Or ; puis elle a ramagé le plus doucement du monde, en me regardant d'un air de connaissance et sans montrer la moindre frayeur. Je ne me suis jamais plaint d'être réveillé par la fille de Pandion, je ne l'ai jamais appelée babillarde, comme Anacréon ; j'ai toujours, au contraire, salué son retour de la chanson des enfants de l'île de Rhodes : " Elle vient, elle vient l'hirondelle, ramenant le beau temps et les belles années ! ouvrez, ne dédaignez pas l'hirondelle. "
" François, m'a dit ma convive de Bischofsheim, ma trisaïeule logeait à Combourg, sous les chevrons de la couverture de ta tourelle ; tu lui tenais compagnie chaque année en automne, dans les roseaux de l'étang, quand tu rêvais le soir avec ta sylphide. Elle aborda ton rocher natal le jour même que tu t'embarquais pour l'Amérique, et elle suivit quelque temps ta voile. Ma grand-mère nichait à la croisée de Charlotte ; huit ans après, elle arriva à Jaffa avec toi ; tu l'as remarqué dans ton Itinéraire . Ma mère, en gazouillant à l'aurore, tomba un jour par la cheminée dans ton cabinet aux Affaires étrangères ; tu lui ouvris la fenêtre. Ma mère a eu plusieurs enfants ; moi qui te parle, je suis de son dernier nid ; je t'ai déjà rencontré sur l'ancienne voie de Tivoli dans la campagne de Rome : t'en souviens-tu ? Mes plumes étaient si noires et si lustrées ! tu me regardas tristement. Veux-tu que nous nous envolions ensemble ? "
- " Hélas ! ma chère hirondelle, qui sais si bien mon histoire, tu es extrêmement gentille ; mais je suis un pauvre oiseau mué, et mes plumes ne reviendront plus ; je ne puis donc m'envoler avec toi. Trop lourd de chagrins et d'années, me porter te serait impossible. Et puis, où irions-nous ? Le printemps et les beaux climats ne sont plus de ma saison. A toi l'air et les amours, à moi la terre et l'isolement. Tu pars ; que la rosée rafraîchisse tes ailes ! qu'une vergue hospitalière se présente à ton vol fatigué, lorsque tu traverseras la mer d'Ionie ! qu'un octobre serein te sauve du naufrage ! Salue pour moi les oliviers d'Athènes et les palmiers de Rosette. Si je ne suis plus quand les fleurs te ramèneront, je t'invite à mon banquet funèbre : viens au soleil couchant happer des moucherons sur l'herbe de ma tombe ; comme toi, j'ai aimé la liberté, et j'ai vécu de peu. "
« La Vallée-aux-Loups, près d’Aulnay, ce 4 octobre 1811.* 5° texte : Mémoires d’Outre Tombe, Livre 3, chapitre 8 ( 3 et 4 juin 1833)
Il y a quatre ans qu’à mon retour de la Terre-Sainte j’achetai près du hameau d’Aulnay, dans le voisinage de Sceaux et de Châtenay, une maison de jardinier cachée parmi des collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison, n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvait une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances ; spatio brevi spem longam reseces. Les arbres que j’y ai plantés prospèrent, ils sont encore si petits que je leur donne de l’ombre quand je me place entre eux et le soleil. Un jour, en me rendant cette ombre, ils protégeront mes vieux ans comme j’ai protégé leur jeunesse. Je les ai choisis autant que je l’ai pu des divers climats où j’ai erré ; ils rappellent mes voyages et nourrissent au fond de mon cœur d’autres illusions.
[...]
Ce lieu me plaît ; il a remplacé pour moi les champs paternels ; je l’ai payé du produit de mes rêves et de mes veilles ; c’est au grand désert d’Atala que je dois le petit désert d’Aulnay ; et pour me créer ce refuge, je n’ai pas, comme le colon américain, dépouillé l’Indien des Florides. Je suis attaché à mes arbres ; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n’y a pas un seul d’entre eux que je n’aie soigné de mes propres mains, que je n’aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à sa feuille ; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants : c’est ma famille, je n’en ai pas d’autre, j’espère mourir au milieu d’elle.
Ici, j’ai écrit les Martyrs, les Abencerages, l’Itinéraire et Moïse; que ferai-je maintenant dans les soirées de cet automne ? Ce 4 octobre 1811, anniversaire de ma fête et de mon entrée à Jérusalem, me tente à commencer l’histoire de ma vie. [...] ».
On racontait à Vienne, il y a deux ou trois lustres, que je vivais tout seul dans une certaine vallée appelée la Vallée-aux-Loups. Ma maison était bâtie dans une île : lorsqu'on voulait me voir, il fallait sonner du cor au bord opposé de la rivière. (La rivière à Châtenay !) Alors, je regardais par un trou : si la compagnie me plaisait (chose qui n'arrivait guère), je venais moi-même la chercher dans un petit bateau ; sinon, non. Le soir, je tirais mon canot à terre, et l'on n'entrait point dans mon île. Au fait, j'aurais dû vivre ainsi ; cette histoire de Vienne m'a toujours charmé [...]* 6° texte : Mémoires d’Outre Tombe, Livre 3, chapitre VIII
Londres, d'avril à septembre 1822. Revu en décembre 1846.
Défaut de mon caractère.* 7 ° textes : Correspondances générales.
En aucun temps, il ne m'a été possible de surmonter cet esprit de retenue et de solitude intérieure qui m'empêche de causer de ce qui me touche : Personne ne saurait affirmer sans mentir que j'aie raconté ce que la plupart des gens racontent dans un moment de peine, de plaisir ou de vanité. Un nom, une confession de quelque gravité, ne sort point ou ne sort que rarement de ma bouche. Je n'entretiens jamais les passants de mes intérêts, de mes desseins, de mes travaux, de mes idées, de mes attachements, de mes joies, de mes chagrins, persuadé de l'ennui profond que l'on cause aux autres en leur parlant de soi.
Sincère et véridique, je manque d'ouverture de coeur : mon âme tend incessamment à se fermer ; je ne dis point une chose entière et je n'ai laissé passer ma vie complète que dans ces Mémoires. Si j'essaie de commencer un récit, soudain l'idée de sa longueur m'épouvante ; au bout de quatre paroles, le son de ma voix me devient insupportable et je me tais.
… Comme je ne crois à rien excepté en religion, je me défie de tout : la malveillance et le dénigrement sont les deux caractères de l'esprit français ; la moquerie et la calomnie, le résultat certain d'une confidence.
Mais qu'ai-je gagné à ma nature réservée ? d'être devenu, parce que j'étais impénétrable, un je ne sais quoi de fantaisie, qui n'a aucun rapport avec ma réalité. Mes amis mêmes se trompent sur moi, en croyant me faire mieux connaître et en m'embellissant des illusions de leur attachement.
…Toutes les médiocrités d'antichambre, de bureaux, de gazettes, de cafés m'ont supposé de l'ambition et je n'en ai aucune. Froid et sec en matière usuelle, je n'ai rien de l'enthousiaste et du sentimental : ma perception distincte et rapide traverse vite le fait et l'homme, et les dépouille de toute importance. Loin de m'entraîner, d'idéaliser les vérités applicables, mon imagination ravale les plus hauts événements, me déjoue moi-même : le côté petit et ridicule des objets m'apparaît tout d'abord (de grands génies et de grandes choses, il n'en existe guère à mes yeux).
Poli, laudatif, admiratif pour les suffisances qui se proclament intelligences supérieures, mon mépris caché rit et place sur tous ces visages enfumés d'encens des masques de Callot. [… ]
Dans l'existence intérieure et théorique, je suis l'homme de tous les songes ; dans l'existence extérieure et pratique, l'homme des réalités. Aventureux et ordonné, passionné et méthodique, il n'y a jamais eu d'être à la fois plus chimérique et plus positif que moi, de plus ardent et de plus glacé ; androgyne bizarre, pétri des sangs divers de ma mère et de mon père.
A M. de ChCnedollé fils.
« Lyon, mercredi, 19 prairial, an XI (1803).
"Je vieillis ou peut-être je me désenchante, et depuis que j’ai recommencé les jours de voyage, dies peregrinationis, je ne fais que songer au bonheur de la retraite et du repos. Je le sens jusqu’au fond des entrailles, une chaumière et un coin de terre à labourer de mes mains, voilà après quoi je soupire, ce qui est le vœu constant de mon cœur et la seule chose stable que je trouve au fond de mes souhaits et de mes songes"._______________
A Mme de Duras, 1er février 1812 :
" A mon âge, il faut être dans un lieu reculé d'où l'on puisse voir s'envoler les années, et non pas dans un tourbillon où le temps s'enfuit sans que vous puissiez le regarder venir. La passion qui a succédé aux autres dans mon coeur, c'est celle de mon jardin : il faut bien quand on est vieux, radoter de quelque chose ; mes petits arbres font mes délices".__________________
A Mme de Duras, 29 avril 1811 :
" Je pars pour ma vallée: quel bonheur de rentrer dans la paix et de retrouver mes petits arbres ! [...] Si je puis parvenir à garder mes champs et mes livres, je serai la plus heureuse personne de la terre. Je vais entreprendre quelque long ouvrage qui puisse m'occuper plusieurs années ; rien ne fait mieux sentir le charme de la solitude et ne calme mieux la tête et le coeur que le travail... Je vous écrirai l'histoire de mon jardin. [...] Je suis fort gai, fort content et fort tranquille ; et si j'avais mille bonnes pistoles de rente, il n'y a point de roi dont j'enviasse la couronne ...".________
A Mme de Duras, 29 mars 1810 :
" J'ai fait deux cent fois le tour de cette petite vallée que vous avez daigné visiter et j'aime tant mes arbres [...] que je ne puis les perdre de vue un moment. Quel dommage que ce plaisir soit si cher! Si j'étais riche, il est bien clair que mon rôle serait fini dans la vie, et que je deviendrais un gentleman farmer dans toute la force du mot.* 8 ° texte : Mémoires d’Outre Tombe, Livre 1, chapitre 9.
Vallée-aux-Loups, novembre 1817. Dernières lignes écrites à la Vallée-aux-Loups.
Révélation sur le mystère de la vie.Revenu de Montboissier, voici les dernières lignes que je trace dans mon ermitage ; il le faut abandonner tout rempli des beaux adolescents qui déjà dans leurs rangs pressés cachaient et couronnaient leur père. Je ne verrai plus le magnolia qui promettait sa rose à la tombe de ma Floridienne, le pin de Jérusalem et le cèdre du Liban consacrés à la mémoire de Jérôme, le laurier de Grenade, le platane de la Grèce, le chêne de l'Armorique, au pied desquels je peignis Blanca, chantai Cymodocée, inventai Velléda. Ces arbres naquirent et crûrent avec mes rêveries ; elles en étaient les Hamadryades. Ils vont passer sous un autre empire : leur nouveau maître les aimera-t-il comme je les aimais ? Il les laissera dépérir, il les abattra peut-être : je ne dois rien conserver sur la terre. C'est en disant adieu aux bois d'Aulnay que je vais rappeler l'adieu que je dis autrefois aux bois de Combourg : tous mes jours sont des adieux.
Le programme entier du festival est sur le site de la manifestation. Il se déroule cette année jusqu'au samedi 23 juin. Plus de renseignements au Bureau du festival : 06 85 88 81 68
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