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dimanche 20 mai 2012

Les araignées s'exposent au Museum national d'histoire naturelle de Paris


Certains en ont peur. Peu les aiment. Il faut dire qu'on les connait mal et l'exposition que présente en ce moment le Museum a le mérite de (presque) tout dire sur ces petites bêtes qui ne sont pas des insectes.

L'assistance était majoritairement masculine ce dimanche. Beaucoup de papas "poules" avec leur progéniture. Tout heureux de manipuler les manettes des différents points d'information.

Si araignées et insectes ont en commun un squelette externe et des pattes articulées les différences sont nombreuses : la forme du corps, le nombre d’yeux, la présence ou non de crochets à venin et d’organes de production de soie et surtout le nombre de pattes (6 pour les insectes, 8 pour les araignées).


L'anatomie de l’araignée se découvrait grâce à une sculpture métallique et un dispositif interactif appreait à la reconstituer pour s’assurer que l’on n’avait rien oublié :

Un corps divisé en deux parties : le céphalothorax à l’avant et l’abdomen à l’arrière, reliés par un fin pédicule.
Une paire de chélicères : placés à l’avant de la tête, ces 2 appendices injectent le venin.
Une paire de pédipalpes (ou pattes-mâchoires) : organes sensoriels pour l’examen des proies et leur manipulation.
Quatre paires de pattes ambulatoires articulées qui interviennent dans la manipulation de la soie et dans le déplacement. Et puis, associées aux pattes, des peignes pour “carder” la soie, des épines, des crins, des poils (qu’il convient d’appeler soies) qui constituent des organes sensoriels très sensibles.
Des yeux répartis à l’avant de la tête : La plupart des araignées en ont 8, mais quelques familles en ont moins.
Des filières : toutes les araignées possèdent à l’arrière du corps de courts appendices articulés nommés filières qui produisent les fils de soie nécessaires au déplacement, à la fabrication des cocons et des pièges.
C'est une exposition où il y a beaucoup à lire, mais les photos à elles seules sont assez spectaculaires quand on découvre ces petites bêtes en gros plan. Si les araignées sont souvent de couleurs sombres, plusieurs dizaines d’espèces françaises arborent des teintes vives : jaune, vert ou rouge.

Voici la petite Araignée à cornes. La fonction de la forme très particulière de son abdomen de reste un mystère. Selon certains scientifiques ses excroissances rendent sa capture par les prédateurs plus difficile.
Et maintenant une Araignée sauteuse. Deux gros yeux à l'avant de la tête lui assurent une bonne vision frontale. Elle peux ainsi bondir sur ses proies avec une grande précision depuis une distance atteignant 40 fois sa taille. Cependant, et en général, beaucoup d’araignées ne distinguent que les changements de luminosité et les silhouettes.

On est loin de soupçonner la variété de l’ordre des araignées qui compte une variété infinie d’espèces : 1 650 en France, 5 700 en Europe et autour du bassin méditerranéen ; un peu plus de 41 000 dans le monde. Certaines vivent au sol, d’autres dans les hautes herbes, quelques-unes occupent la cime des arbres ou au contraire sont recluses dans des grottes et une seule vit sous l’eau.

Le public, peu habitué à en voir en vivarium, pensait que les specimens présentés étaient tous des faux. Ils sont simplement immobiles parce que le moindre mouvement sur leur toile troublerait leur perception. Il y a quelques jours encore leurs toiles se touchaient et c'était la pagaille quand un moucheron frôlait un fil. Chacune croyait que la proie était pour elle. Il y eut de la bagarre. Elles ont refait tout le travail pour avoir des toiles indépendantes.

Ces néphiles venues de Madagascar sont des prédatrices, et un criquet jeté vivant sur la toile de l'une d'elles n'a aucune chance d'échapper à son appétit. La première à être nourrie immobilise sa proie en moins d'une seconde. Le criquet sacrifiera sa patte pour tenter de se dégager mais le venin fera son effet pour le paralyser avant que l'araignée ne l'emballe d'un fil solide pour le remonter comme un baluchon au centre de sa toile et le déguster en l'aspirant. Le venin des araignées est très toxique, conçu pour foudroyer les insectes avant qu’ils ne s’échappent. En revanche, les composants de ce venin sont rarement actifs sur l’homme et fait beaucoup moins de victimes que les guêpes ou les serpents, ou même la puce, la guêpe ou le moustique.

Le mâle, minuscule par rapport à elle, s'agite, espérant, soit récupérer une miette du festin, soit avoir l'opportunité d'une saillie pendant que sa belle se régale. Car la femelle serait bien capable de ne faire qu'une bouchée de l'animal du sexe faible.

On remarque quatre femelles dans le terrarium alors qu'il ne reste que deux mâles. Les deux autres ont été dévorés. Il n'y a pas de couple chez les araignées. L'égalité des sexes n'y est pas de mise. La femelle fait tout. La toile est son monopole. La chasse aussi. Le mâle limite son activité à la reproduction.

Derrière une vitre voisine, une mygale qui, elle, n'est nourrie qu'une fois toutes les trois semaines avec un grillon. On pourrait lui donner une souris mais c'est alors un jeune de trois mois qui suivrait et le public n'aurait plus rien à voir, qu'une araignée gigantesque en train de digérer ... Plus loin aune autre mygale, grillée et présentée sous cloche rappelle qu'il existe des pays où on s'en régale. Une araignée vit généralement un ou deux ans, mais certaines espèces ont des espérances de vie plus longues : les grosses mygales peuvent ainsi atteindre 20 ans. 

L'exposition fait comprendre en quoi ces bestioles ne sont pas si dangereuses qu'on ne le suppose. Elles ne mangent pas tous les jours et n'attaquent que les petites proies, et uniquement quand elles ont faim. Se faire mordre par une araignée est donc rarissime.

On apprend aussi que cette "petite bête" était sur terre bien avant les dinosaures. Cette araignée est prisonnière d'un bloc d’ambre depuis 45 millions d’années.

Un des axes, peu traités encore dans cette exposition, concerne l'intérêt médical de l'araignée. Son fil présente des qualités qui intéressent la chirurgie. On espère bientôt pouvoir concevoir des tendons artificiels à partir de la substance élastique et solide qu'elle sécrète. Pas question de passer commande à un élevage, qui ne fournirait pas une quantité assez suffisante, même avec une hyperstimulation. On espère reproduire la soie d'araignée grâce au génie génétique. Sa forte résistance permettrait d’en faire des vêtements ou des parachutes légers. À diamètre égal, elle est bien plus solide que le kevlar qui sert aujourd’hui de protection notamment dans les vêtements militaires. Davantage résistante que l'acier et possède une mémoire de forme 5 à 12 fois plus grande que le latex. 

L'animal fabrique une soie de nature différente pour chaque usage : collante pour piéger les proies, isolante pour protéger son cocon, plus solide pour la retenir en cas de dégringolade. La majorité des araignées laissent en permanence un fil derrière elles, dit “fil de sécurité”, qu’elles fixent de place en place et qui leur permet de se rattraper en cas de chute, volontaire ou non.

Utilisé pour les sutures, le fil de l’araignée serait non toxique et plus fin que celui utilisé actuellement. Quant au venin, les études en cours laissent présager de nombreuses applications : insuffisances cardiaques, tumeurs au cerveau, maladies neurologiques... Les araignées ne sont pas des monstres poilus mais des animaux très surprenants qui méritent bien une exposition. 

Une présentation au final didactique, esthétique et même humoristique. On y voit en effet tout ce qui porte le nom d'araignée, y compris en cuisine avec cette sorte d'égouttoir. Il ne manque qu'une araignée géante comme celles que Louise Bourgeois avait présenté à Paris il y a quatre ans.
AU FIL DES ARAIGNÉES jusqu'au 2 juillet 2012
Jardin des Plantes - Grande Galerie de l’Évolution 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire - Paris Ve - Accueil des publics : 01 40 79 56 01 / 54 79
http://araignees.mnhn.fr
Horaires : de 10h à 18h, tous les jours, sauf le mardi.
Tarifs : 9€ adulte, 7€ enfant

Profitez de votre venue pour poursuivre la visite dans la Grande Galerie de l'Evolution. Vous y verrez notamment de près quelques animaux comme ceux là :






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