« Maurice Mimoun est un chirurgien fameux, aimé fidèlement par ceux qui grâce à lui ont pu retrouver leur apparence physique même après les plus désastreuses blessures. À la compétence médicale est liée chez lui une exceptionnelle connaissance de la vie ; c’est grâce à elle que ce livre a pu naître : le vrai roman d’un vrai romancier. Dans ses personnages il ne faut pas chercher quelque autobiographie dissimulée, mais les grands thèmes de l’existence humaine: le corps, la douleur, l’amitié, la peur, la fatigue, la fidélité, la trahison, la vieillesse… Et la mort - avec une étonnante imagination onirique il s’interroge : sera-t-il possible un jour de la chasser de nos vies ? »
Cette quatrième de couverture, écrite par Milan Kundera, est une déclaration magnifique pour un premier roman !
Un auteur, dont par pudeur je tairai le nom, m'a récemment fait le compliment de faire de vraies chroniques, intelligentes, sensibles, complètes et objectives. Me voilà ici bien embarrassée parce que je ne me sens pas très libre de livrer mon ressenti, ne sachant pas trop d'ailleurs si l'avis de Milan Kundera est si positif qu'il y parait. C'est ce qu'on appelle en communication une surpromesse. Un chef d'oeuvre ne se proclame pas, il l'est ... ou il ne l'est pas.
Quand une situation est difficile il faut la scinder en petits morceaux, plus faciles à résoudre. Commençons par l'auteur. Chirurgien éminent, et sympathique (très médiatique) le professeur Mimoun dirige le service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique de l’hôpital Saint Louis (Paris) et le centre de traitement des brûlés. Un service qui était installé à l’hôpital Rothschild jusqu'en janvier 2010. Il a publié chez Albin Michel des Carnets sur son travail de chirurgien et sur ses actions humanitaires.
On cherche toujours à repérer ce qui pourrait être autobiographique dans un tel ouvrage. Maurice Mimoun situe l'action dans le milieu hospitalier et dans l'univers de la recherche et on sent combien tout ce qui concerne les relations patient-soignant sont vraies. La tirade inspirée de Cyrano (page 36) est savoureuse et je souhaite rencontrer un toubib aussi patient que Rania le jour où la fatalité me tombera dessus. Le chapitre (page 131 et suivantes) consacré au clochard qui voulait "simplement changer de vie" est probablement lui aussi inspiré par des situations vécues. Lutter contre la mort en salle d’opération donne aussi de très belles pages.
La tentation de lire un nouveau carnet est présente mais c'est bien d'un roman qu'il s'agit. D'une sorte de Jules et Jim revu et modifié pour ausculter le fameux triangle amoureux.
Rania, Simon et Tom sont unis par des liens noués dans l’enfance. Ce qu'ils n'ont pas prévu, c'est la complexité de leurs sentiments et leur mutation en amour à l'adolescence.
Simon a été gravement malade et Rania très pragmatique, et ne sachant que faire, jure de donner sa vie pour le sauver. Il se remet et devient un grand chercheur sur le cancer et bientôt sur la possibilité de rendre l’homme éternel. Une piste de recherche qui, à l’âge adulte, provoque la première vraie dispute entre les deux amis. Tom est devenu un homme d’affaires. Il a osé déclarer son amour à Rania, devenue grande chirurgienne. Rania aurait pu ne jamais décider mais voilà, elle a choisi Tom et pas Simon, même si, elle le sait parfaitement, elle est amoureuse de Tom parce que Simon existe.
Simon est un rêveur qui sera un brillant chercheur. Tom est un hypocondriaque. Rania demeure le personnage central et sa promesse la mènera très loin. Combien de temps sa raison lui soufflera qu'on n'échange pas une vie contre une autre ? Est-on tenu de réaliser toutes ses promesses ? L'amour est venu s'en mêler (on aurait envie d'écrire s'emmêler) et peut-être pas pour le meilleur.
Une vie plus une vie est le premier roman de Maurice Mimoun et on devine que d'autres suivront parce que son écriture est bien celle d'un romancier. Il reconnait que l'exercice fut plus difficile que prévu : ciseler les mots est aussi difficile que faire de la chirurgie a-t-il confié lors d'une interview.
Se serait-il découvert romancier par un heureux hasard alors qu'il écrivait sur un autre sujet ? Lui-même nous souffle la réponse en abordant la question de la sérendipité (page 167). C'est comme cela qu'un navigateur est tombé sur l'Amérique en cherchant un autre continent.
Une vie plus une vie de Maurice Mimoun chez Albin Michel, avril 2013
2 commentaires:
Je viens de rédiger mon billet (il me reste la mise en page à faire avant de le mettre en ligne) et ayant peiné à mettre des mots sur mon ressenti, je viens lire ton avis. As-tu eu le même problème? J'ai l'impression qu'au final tu ne nous dis pas si tu as aimé ou pas?
je serai ravie si Maurice Mimoum se consacre davantage à l'écriture c'est un grand chirurgien il peut devenir un grand écrivain.
nicole de bellesetbiendansvotrepeau.fr
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