C'est à La Paz que je me trouvais en cette fin d'année 2021 et c'est là que j'ai démarré 2022. Mes amis proches ont cru que j'étais partie en Bolivie mais non, j'étais bel et bien encore au Mexique. Force est de croire que cette ville n'a pas acquis une aussi forte notoriété que sa rivale.
Et pourtant elle ne manque pas d'atouts. Sa situation dans le sud de la Basse Californie, en bordure d’une mer aux eaux limpides, abritant une faune sauvage, en fait un territoire idyllique. Ce n'est pas pour rien que dans son roman intitulé La Perle, John Steinbeck la désignait comme "La perle du Mexique".
Une des nombreuses statues qui ponctuent le Malecon, immense boulevard longeant l'océan est un hommage à cette distinction, … et peut-être aux élevages d’huîtres perlières qui prospéraient jusque dans les années trente..
Je crois qu'elles ont été installées en février 2014. Elles sont toutes modernes et naïves à la fois, illustrant des représentations qui ont un rapport de près ou de loin avec l'univers marin. Elles sont plus ou moins surprenantes :
Comme souvent dans ce pays, le fantastique côtoie le religieux. C'est le cas avec ce Jésus del Caracol (Jésus à la coquille) de l'artiste Maria Eugenia Sanchez.
J'aime beaucoup El Viejo y el mar que l'on doit à Guillermo Gomez. Ce vieil homme et son bateau de papier est plutôt émouvant.
Faut-il rappeler que les Etats-Unis ont contraint Le Mexique à leur céder d'immenses territoires représentant près de 15% de la superficie totale du territoire des États-Unis actuels à savoir l'Arizona, le Colorado, la Californie, le Nevada, le Nouveau-Mexique et l'Utah ? Les mexicains ont dû s'y résoudre pour mettre fin à l'occupation militaire du pays entre 1846 et 1848, à la suite de la guerre américano-mexicaine alors que les troupes américaines occupaient Mexico. Rien d'étonnant donc à ce que les paysages qu'on peut voir d'un côté et de l'autre de la frontière se ressemblent. Comme ce paysage de cactus géants (d'au moins 6 mètres de haut) à quelques kilomètres à peine de La Paz.
Ce nom signifie La Paix et il prend tout son sens quand on se souvient de ce qui s’est passé il n’y a même pas 200 ans. C'est sans étonnement qu'on croise une sculpture de Colombe (Dove par Juan Soriano). Mais celle qui m'a le plus touchée est celle, grandeur nature, de Alfonso García Robles.
Cet homme, né à Michoacán le 20 mars 1911 et mort le 2 septembre 1991, est un diplomate mexicain, récompensé en 1982 du prix Nobel de la paix, après sa participation exceptionnelle à la lutte contre la guerre, et que l'histoire reconnaît comme le père du désarmement nucléaire. Il est dommage qu'on ne le connaisse pas mieux en France. Qui sait en effet qu'un mexicain reçut cette suprême distinction ?
Une plaque commémorative raconte l'essentiel de son parcours. Il a étudié le droit, obtenant une licence à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), avant de poursuivre ses études à l’Institut des hautes études internationales à l’université Paris II en 1936 et à l’Académie de droit international de La Haye (1938). Il a été successivement directeur général des Affaires politiques et du Service diplomatique du secrétariat des Affaires étrangères du Mexique (SRE), directeur du département Europe, Asie et Afrique du SRE, ambassadeur au Brésil, et sous-secrétaire (1946-1967), carrière dont le point d’orgue fut la signature du Traité de Tlatelolco en 1967, qui consacre la dénucléarisation du territoire de l'Amérique latine et des Caraïbes. Enfin il a pris la tête de la diplomatie mexicaine en 1975-1976.
Son invitation symbolique à nous asseoir dans ce fauteuil sur lequel une colombe s’est posée pour l’éternité témoigne de la modestie mexicaine et de l’intérêt qu’on porte à ses hôtes.
Lors de l’inauguration du réaménagement de la promenade, le gouverneur Carlos Mendoza a souligné la nécessité de comprendre la paix non seulement comme l'absence de violence ou de guerre, mais comme un sentiment qui naît dans le cœur humain, sorte de combinaison entre empathie à l’égard des autres, épanouissement personnel et justice pour conduire à la prospérité des peuples en s’appuyant sur une coopération, ce qu'Alfonso García Robles avait totalement intégré et mis en oeuvre.
Une plaque rappelle un proverbe Sioux disant que la paix s'installe entre les nations quand elle existe entre les âmes des hommes.
Ce sera mon message de voeux pour 2022 … et au-delà.
Je rappellerai la résolution que je suggérais dans mon précédent article, dans lequel je soulignais ma surprise de voir sur ce Malecon un terrain de jeux spécialement conçu pour les handicapés.
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