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dimanche 23 janvier 2022

Adieu monsieur Haffmann au cinéma ou au théâtre, que choisir ?

J'ai vu Adieu Monsieur Haffman au théâtre puis au cinéma quatre ans plus tard, le temps passe si vite. J'avais bien entendu énormément apprécié la pièce à sa création. Je croyais très bien m'en souvenir. Et je comptais sur le grand écran pour retrouver le même plaisir.

C'est un très bon film et Fred Cavayé peut en recueillir les félicitations. Mais je regrette qu'au lieu de populariser un canevas original il ait opté (lui ou ses producteurs) pour un scénario convenu qui nous donne une leçon de morale pas intéressante alors que le théâtre nous offrait une leçon de vie et d'humanité. 

Sur cette photo prise au Théâtre Montparnasse le 11 avril 2018 on reconnait Salomé Villiers, Charles Lelaure, Julie Cavanna, Alexandre Bonstein et Franck Desmedt (qui jouait en alternance avec l'auteur, Jean-Philippe Daguerre).

Pourquoi donc avoir changé la distribution ? Le cinéma a-t-il à ce point besoin de valeurs "banquables" qu'il faille avoir recours à Daniel Auteuil, Gilles Lelouche ou Sara Giraudeau ? Ces trois là sont formidables, mais ils font ce qu'ils savent faire, des performances de comédiens quand des acteurs de théâtre, par définition moins connus, permettent au spectateur d'adhérer complètement à l'histoire qui leur est proposée. On se doute bien qu'avec sa notoriété Daniel Auteuil terminera le film en grand héros.

Au théâtre rien n'était évident et le suspense était beaucoup plus fort. Et puis il y avait un humour délicat, distillé par Alexandre Bonstein qui est totalement absent du jeu de Daniel Auteuil, plus grave … Charles Lelaure (ou Grégori Baquet, que je n'ai pas vu jouer mais je connais bien) donnaient au rôle de Pierre une ambiguïté touchante alors que le personnage de Gilles Lelouche est durement odieux. Ce n'est pas un hasard si Grégori Baquet fut pressenti aux Molières comme meilleur comédien du théâtre privé pour son interprétation. La pièce recevra au final 4 statuettes.

Le film n'apporte en fin de compte rien de neuf à d'autres, comme Monsieur Klein ou Monsieur Batignolles dont on a le sentiment qu'il a été tourné dans la même boutique. Il y a beaucoup de récits  d'usurpation d'identité, de juifs cachés et de diverses trahisons tandis que l'occupant allemand était parfois compatissant.

Les dialogues de la version théâtrale étaient plus subtils. Et surtout ils autorisaient un humour et un jeu en nuances qui sont absents au cinéma.

On me dira que ce n'est pas le même sujet. Pierre devient François. L'action commence en 1941, un an plus tôt que sur les planches. Mais alors pourquoi avoir conservé le titre, et surtout lui donner un autre sens car dans les dernières images ce n'est pas la même personne qui salue Monsieur Haffmann ?

Le réalisateur assume d'avoir voulu "emmener le spectateur ailleurs" en faisant évoluer les personnages, avec l'autorisation de l'auteur. Qu'il ne s'étonne pas qu'on ne soit pas "nécessairement" convaincu.

Si vous voulez entendre la langue de Jean-Philippe Daguerre "dans le texte" je vous recommande Le petit coiffeur, sa dernière pièce, encore à l'affiche, au théâtre Rive Gauche.

1 commentaire:

Michelle D. a dit…

Merci pour ton avis Marie Claire, sur ces deux versions, donc à privilégier la pièce de théâtre, bonne journée

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