Une jeune fille qui va bien est un film français écrit et réalisé par Sandrine Kiberlain, qui a été sélectionné dans la "Semaine de la critique" au Festival de Cannes 2021. Il s'agit de son premier long métrage en tant que réalisatrice et je veux tout de suite dire qu'il est très réussi.
Paris, été 1942. Irène est une jeune fille juive qui vit l’élan de ses 19 ans. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse.
L'affiche nous la montre en mouvement, allant de l'avant. C'est qu'elle est très volontaire, ultra-positive malgré les signes qui pourraient inquiéter comme la mention de la judéité sur la carte d'identité, l'obligation de ne plus disposer de poste de radio, de téléphone ou de vélo, la contrainte de porter l'étoile jaune.
Alors que la grand-mère (sensationnelle Françoise Widhoff qui, tout en appartenant au monde du cinéma n'est pas actrice de profession) voudrait s'opposer, au motif que tout cela est fou, que le père (André Marcon) opte pour l'obéissance par souci de protéger sa famille, que ses camarades de théâtre ne semblent rien voir, Irène continue de tracer son chemin mais elle multiplie les malaises (vrais ou simulés quand elle est au théâtre) …
Le médecin lui prescrira des lunettes … avec lesquelles la réalité lui apparaitra complètement floue. Sa grand-mère, qui est aussi sa confidente, écoutera toutes ses peines, qu'elles soient ou non d'amour. On se souviendra de sa sagesse : Tu laisses venir. Pas de blessures inutiles, alors que la jeune fille voudrait secouer celui qu'elle aime. Et surtout sa philosophie : on décide de tout dans la vie !
On croit avoir tout vu au cinéma à propos de cette période de l'histoire, celle qui précéda le grand drame, celle qui correspond à la prise de conscience qu'Anne Frank coucha dans son carnet. Sandrine Kiberlain apporte davantage en racontant (aussi) la trajectoire d'une fille de son temps. Elle le fait sans négliger les autres personnages, y compris celui ceux qu'on dit "secondaires" comme cette voisine (Florence Viala) qui, bien que d'une autre confession, pourrait prendre une place auprès du père dans cette famille.
Son casting est prodigieux et la direction d'acteurs sans faille. Chacun joue avec naturel, à commencer par Rebecca Marder qui est Irène). Il y a juste ce qu'il faut d'humour pour qu'on fasse le chemin ensemble. Ce qui est le plus admirable c'est que la réalisatrice soit parvenue à insuffler un peu de fraicheur avec un thème aussi dramatique. Jusqu'au choix de la dernière chanson du film, All the world is green de Tom Waits qui termine malgré tout sur une note d'optimisme.
C'est une vraie prouesse de réussir à nous surprendre avec un sujet qui a priori ne l'était pas. Et comme on espère qu'elle va poursuivre cette carrière de réalisatrice !
Une jeune fille qui va bien, écrit et réalisé par Sandrine KiberlainEn salle depuis le 26 janvier 2022
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