Ce n'est pas un remake du feuilleton Belle et Sébastien ni un film pour enfants, pour jeunes enfants je veux dire.
Dès les premières images on a compris que la nature aura la place belle. On survole le massif en compagnie d'un gypaète et s'il n'y avait que ces quelques secondes le film aurait déjà mérité d'exister. On découvre ensuite le gamin avec son fusil et on se demande à quelle époque on est. Il est avec son grand père que je n'avais pas immédiatement reconnu derrière sa barbe blanche, et que pourtant je connais bien, Tchéky Karyo.
Très humaniste, le voilà qui s'énerve contre celui qui a tiré sur une femelle chamois en plein été. Le môme ne dit rien, mais il parle fort ... avec ses yeux.
Quand il descend en rappel pour récupérer le chevreau j'ai beau me dire que c'est du cinéma je tremble et le vertige me saisit.
Je mobilise mes souvenirs et je ne reconnais rien, hormis le paysage, le gamin ... J'aurais juré que l'action se déroulait dans les années soixante alors que là je vois un autre monde, sans télévision (ne parlons pas des "tablettes" !). Pas d'électricité non plus, et les foins sont récoltés à la main, à bras aurait dit ma grand mère. Je ne me souviens pas de ce Belle et Sébastien là.
Tant mieux, je serai surprise, et vous aussi.
Ça se passe là-haut, dans les Alpes. Ça se passe là où la neige est immaculée, là où les chamois coursent les marmottes, là où les sommets tutoient les nuages. Ça se passe dans un village paisible jusqu'à l'arrivée des Allemands. C'est la rencontre d'un enfant solitaire et d'un chien sauvage. C'est l'histoire de Sébastien qui apprivoise Belle. C'est l'aventure d'une amitié indéfectible. C'est le récit extraordinaire d'un enfant débrouillard et attendrissant au coeur de la Seconde Guerre Mondiale. C'est l'odyssée d'un petit garçon à la recherche de sa mère, d'un vieil homme à la recherche de son passé, d'un résistant à la recherche de l'amour, d'une jeune femme en quête d'aventures, d'un lieutenant allemand à la recherche du pardon. C'est la vie de Belle et Sébastien.
Le rapport avec la série télévisée Belle et Sébastien de 1965 est peu apparent. Ils s'y sont mis à trois, Fabien Suarez, Juliette Sales, et Nicolas Vanier, pour reprendre la trame du film écrit et réalisé par Cécile Aubry, 13 épisodes de 26 minutes, en noir et blanc, et diffusé sur la première chaîne de l'ORTF, le dimanche à 19 h 30. Alors que l'histoire originale s'inscrit dans l'actualité de son époque, les années 60, le personnage de Sébastien étant né le 20 janvier 1959, jour de la Saint-Sébastien, le film se déroule dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
Nicolas Vanier a une filmographie focalisé sur les animaux et sur la neige. Il ne pouvait donc pas faire un simple remake de la série. Sa volonté a été manifeste de montrer la montagne comme une terre d'aventure, toujours en décors naturels, et sur plusieurs saisons, avec ce qu'elle peut engendrer de positif et de négatif. La guerre et la fuite des Juifs vers la Suisse s’inscrivent de ce point de vue parfaitement dans cette logique.
Tout le monde sait que le fils de Cécile Aubry, Mehdi interprétait Sébastien. Il était davantage que l'acteur principal, il était aussi l'inspirateur de la série. Le casting fut donc difficile pour trouver un enfant qui, sans ressembler au précédent, soit crédible dans le personnage. Félix Bossuet a été choisi parmi 2400 candidats, en quelque sorte plébiscité par les propres chiens de traineau que le réalisateur élève dans le Vercors. C'est son premier rôle et il y est parfait. On pourrait presque trouver une ressemblance entre Mehdi enfant et lui.
Mehdi El Glaoui a accepté une participation dans le film où il devient André, un bucheron un peu sauvage. On le voit dans une courte scène face à l'enfant. Sa mère, décédée il y a trois ans, en aurait été sans doute très émue.
On retrouve aussi, dans une tonalité différente, la chanson de Belle, interprétée par Zaz, en duo avec le jeune Félix. On risque d'entendre encore bientôt la chanteuse qui n'en est pas à son coup d'essai en matière cinématographique puisqu'elle avait interprété Les Coeurs-volants dans le film de Martin Scorsese, Hugo Cabret en 2011.
J'ai aimé le film, beaucoup. On tremble, on sourit, on est à fond dans cette histoire très bien filmée, malgré certains passages un peu convenus, comme l'épisode autour de "la bête" s'opposant au loup dévoreur des troupeaux. Mais pour qui vit en montagne il est vrai que les chiens sauvages sont réellement un danger important.
L'animal qui interprète Belle est d'ailleurs remarquable dressé et participe au succès du film.
Ce qui m'a le plus dérangé, mais c'est mineur, c'est le rôle du grand-père qui multiplie les mensonges, entretenant dans l'esprit du jeune Sébastien l'espoir que sa mère reviendra, en lui faisant croire qu'elle est momentanément partie vivre de l'autre coté des montagnes, en Amérique, et négligeant ses "obligations familiales" en le laissant courir la montagne au lieu d'aller à l'école. Aucun film, même le meilleur, n'est parfait.
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