Elle est maintenant installée dans le chalet de son enfance, aux Mélèzes, en bordure d’une Lande qu’elle gratifie d’un L majuscule, ce qui donne l'occasion à Claudie Pernusch de nous offrir de jolis tableaux. On devine un environnement magique. Rien d’étonnant alors que le vœu de Viviane, un prénom de fée, soit exhaussé. Arrive Cosi, l'enfant qu'elle a toujours souhaité avoir.
J'ai lu ce nouveau roman de Claudie Pernusch aussi vite que le précédent, Une visite surprise, en mai 2013.
Il y avait déjà de l'impromptu, déjà un enfant tombé du ciel, déjà du suspense, déjà l'interrogation sur la parentalité. Nait-on père ou mère, ou le devient-on ? L’interrogation sur la filiation, qu’elle concerne le père ou la mère est une problématique centrale pour Claudie Pernusch, depuis très longtemps.
Dans chaque roman de cet auteur la nature occupe toujours une place de choix. Après la mer, voici la montagne. L'écriture d'un écrivain est un cocktail de sa propre vie. Je ne m’étonne pas de savoir qu’elle s’est inspiré de paysages qui existent près de Manchester où elle se rend souvent, chez des amis qui vivent réellement dans un cottage entourés de chevaux.
La description de la tourbière, page 233, est une de ses plus belles pages. J’aime moi aussi les pompons de la linaigrette et il est peu fréquent de la voir célébrée dans un roman. Et si je connais la plupart des espèces citées il y a tout de même l’andromède qui est une découverte.
C’est une jardinière qui a la plume verte. Son jardin est minuscule mais elle y fait pousser en plein Paris des azalées et des hortensias, une grosse boule de buis et de grands bambous, un oranger du Mexique et même un sapin.
S'agissant des oiseaux j'ai moi aussi été éblouie par l'activité des courlis cendrés dans le Bassin d'Arcachon lors de mes dernières vacances d'Automne.
Il y avait déjà de l'impromptu, déjà un enfant tombé du ciel, déjà du suspense, déjà l'interrogation sur la parentalité. Nait-on père ou mère, ou le devient-on ? L’interrogation sur la filiation, qu’elle concerne le père ou la mère est une problématique centrale pour Claudie Pernusch, depuis très longtemps.
Dans chaque roman de cet auteur la nature occupe toujours une place de choix. Après la mer, voici la montagne. L'écriture d'un écrivain est un cocktail de sa propre vie. Je ne m’étonne pas de savoir qu’elle s’est inspiré de paysages qui existent près de Manchester où elle se rend souvent, chez des amis qui vivent réellement dans un cottage entourés de chevaux.
La description de la tourbière, page 233, est une de ses plus belles pages. J’aime moi aussi les pompons de la linaigrette et il est peu fréquent de la voir célébrée dans un roman. Et si je connais la plupart des espèces citées il y a tout de même l’andromède qui est une découverte.
C’est une jardinière qui a la plume verte. Son jardin est minuscule mais elle y fait pousser en plein Paris des azalées et des hortensias, une grosse boule de buis et de grands bambous, un oranger du Mexique et même un sapin.
S'agissant des oiseaux j'ai moi aussi été éblouie par l'activité des courlis cendrés dans le Bassin d'Arcachon lors de mes dernières vacances d'Automne.
Claudie Pernusch installe progressivement une sorte de climat insécure qui finit par gagner le lecteur. On pense à Paul Sheldon, l’écrivain reclus « pour son bien » dans un chalet de montagne par Stephen King, dans Misery. Et quand Viviane explique à Cosi le fonctionnement de la plante carnivore on se dit que ce n’est que la métaphore d’une relation malsaine.
L’inattendu, c’est d’abord le surgissement de cette jeune fille au prénom étrange, peut-être inspiré par le titre d’un opéra de Mozart. Mais si ce n’était que cela le mot aurait été orthographié au féminin. Ce sera une autre dimension.
La découverte du carnet intime de Cosi (cette découverte n’est sans doute pas fortuite car la jeune fille contrôle tout) suscite une sorte de diaporama, comme des arrêts sur images, souvent ponctués de haikus qui s’infiltrent avec légèreté dans le texte.
Tic. Tac. Tic. Tac. Les quatre mots deviennent une ritournelle inquiétante, sorte de compte à rebours d’un détonateur.
Si Viviane est en manque d’enfant, Cosi n’est pas en manque de mère. On pourrait presque affirmer le contraire. Une chose est sure cependant elle est inquiète sur la maternité. Et je pense, mais ce n’est qu’un avis personnel, la jeune fille est certainement effrayée à l’idée de reproduire avec son enfant la relation malsaine qu’elle a eue avec sa mère.
L’amour de Viviane est en ce sens salvateur pour Cosi qui apparaitra aux yeux d’entre vous comme une simple opportuniste.
Viviane comprend que la force de ses sentiments à l’égard de la jeune fille est démesurée mais elle décide de courir le risque, en assumant le prix à payer. Elle ne peut endiguer le trop-plein d’amour. Jusqu’à ce que, et la formule de Claudie Pernusch est très jolie (page 273), la réalité de la situation provoque le désamour : passage de la cécité à la loupe grossissante. Et nous approuvons l’auteur qui qualifie cet état d’effrayant.
Cosi veut rester libre. Pour rien au monde elle n’accepterait d’être mise sous cloche, même de verre, comme celle qui se trouve sur la couverture (l’auteur aurait volontiers ajouté un flocon de neige, à l’instar des boules où elle tournoie autour d’un monument). On pourra penser qu'elle tient cette indépendance de son père, celui là même qu'on n'attendait pas et qui lui apprendra que l'amour, la famille, c'est pas la balance de la justice. (p. 245)
La fin va étonner, mais je ne dirais pas pour autant que Viviane a échoué dans son entreprise.
La fin va étonner, mais je ne dirais pas pour autant que Viviane a échoué dans son entreprise.
Claudie Pernusch a déjà commencé l’écriture du prochain roman C’est encore une femme seule, dans un paysage grandiose. Cette fois ce sont des collines méditerranéennes situées dans un cadre qui n’est pas précisé mais qui pourrait être dans les Alpes de haute Provence.
Arrivée à l’heure de la retraite, elle reste marquée par un chagrin d’amour dont elle ne s’est pas remise. C’est une femme de caractère prête à en découdre dès lors qu’une opinion heurte ses convictions. Le point de départ sera une affirmation dans le corps d’une petite annonce laissant entendre que les enseignants manquent parfois d’éducation.
Ce coup de sang la mettra face à une petite fille pulmonaire, privée de défenses immunitaires, ayant besoin d’une attention particulière et qui rompra une lourde solitude …
L'inattendu de Claudie Pernusch chez Belfond, en librairie le 2 avril 2015
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