Il est toujours émouvant pour moi d'entrer dans la salle du Théâtre de la Huchette où 2 pièces d'Eugène Ionesco, La Leçon et La Cantatrice Chauve (jouées en ce lieu depuis 1957 sans interruption) ont contribué, dans mes jeunes années, à éveiller mon goût pour le théâtre.
Mais ce soir, autre temps, autre décor ; nous avons rendez-vous avec Kiki, dans l'ambiance du Montparnasse des "années folles". Elle est là, devant nous, sur scène, jouée par Milena Marinelli, formidable interprète de cette artiste au destin exceptionnel. Nous sommes curieux de l'entendre, ravis de nous plonger dans cette époque si particulière qui révéla tant de peintres aujourd'hui si bien reconnus.
Qui n'a jamais entendu parler de Kiki, leur modèle et leur muse, peintre elle-même, actrice de cinéma, chanteuse de cabaret ? Mais qui connaît intimement son parcours semé de moments douloureux et de chances inespérées ?
Elle fut muse et modèle pour les grands peintres de l’Ecole de Paris, témoin de l’éclosion de Modigliani, Soutine, Fujita, Utrillo, Desnos, Cocteau, Man Ray et tant d’autres… Kiki fut aussi peintre, chanteuse et "amuseuse" de cabaret, toujours animée d’une irrépressible envie de "donner de la gaité aux gens".
Elle fut muse et modèle pour les grands peintres de l’Ecole de Paris, témoin de l’éclosion de Modigliani, Soutine, Fujita, Utrillo, Desnos, Cocteau, Man Ray et tant d’autres… Kiki fut aussi peintre, chanteuse et "amuseuse" de cabaret, toujours animée d’une irrépressible envie de "donner de la gaité aux gens".
En 1929, Paris s'amuse avant de connaître la crise, et elle, à 28 ans, rédige déjà ses mémoires grâce à son nouvel amant, Henri Broca, fondateur du magazine Paris-Montparnasse dans lequel paraissent les premiers chapitres. Une édition américaine est envisagée, Ernest Hemingway en écrit la préface, mais le puritanisme américain juge les propos trop osés...
Ressorti de l'ombre en 2005, les Souvenirs retrouvés de Kiki de Montparnasse sont publiés aux éditions Corti. Ainsi Hervé Devolder avait-il à sa disposition une documentation authentique pour réaliser ce spectacle subtilement intitulé "fantaisie musicale".
La "fantaisie", ce sont les anecdotes de la vie de Kiki qui nous sont contées, livrées simplement, sans retenue aucune. Elle raconte d'abord son enfance, son amour pour sa grand-mère qui l'a élevée dans le plus grand dénuement, elle, Alice Ernestine Prin, née en 1901 à Châtillon-sur-Seine, d'une union illégitime.
Triste réalité, mais elle nous rassure d'emblée : "ce n'est pas du Zola". Ayant rejoint sa mère à Paris, sa vie n'est guère plus prometteuse jusqu'à ce que sa rupture avec elle change la donne. Rire, sourire, c'est maintenant l'alternative proposée au spectateur. Je ne souhaite pas faire l'inventaire de tous les évènements biographiques cités - ils sont si nombreux ! - mais je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager la série des épisodes croustillants qui concernent sa virginité, finalement déflorée par le peintre russe Maurice Mendjizki dont elle tombe amoureuse, et qui ont toute la fraîcheur des émois de l'adolescence.
Triste réalité, mais elle nous rassure d'emblée : "ce n'est pas du Zola". Ayant rejoint sa mère à Paris, sa vie n'est guère plus prometteuse jusqu'à ce que sa rupture avec elle change la donne. Rire, sourire, c'est maintenant l'alternative proposée au spectateur. Je ne souhaite pas faire l'inventaire de tous les évènements biographiques cités - ils sont si nombreux ! - mais je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager la série des épisodes croustillants qui concernent sa virginité, finalement déflorée par le peintre russe Maurice Mendjizki dont elle tombe amoureuse, et qui ont toute la fraîcheur des émois de l'adolescence.
L'aspect "musical", ce sont bien sûr les chansons qui ponctuent, complètent les récits. On y retrouve le style des chanteuses de cabaret avec lequel Milena Marinelli est tout à fait à l'aise. Elle chante, accompagnée au piano par Ariane Cadier, dissimulée derrière un voile au fond de la scène mais à la présence certaine.
Le décor est sobre - un zinc, celui de la Rotonde, de la Coupole, du Jockey ou celui de son propre cabaret, l'Oasis ...
Un accessoire vestimentaire fait soudain basculer le statut de Kiki : c'est le chapeau, le bibi ; reléguée dans l'espace du seul bar avant de le porter, la femme accède à la salle dès lors qu'elle peut s'en montrer coiffée ; elle est bibi, elle est Kiki.
Un accessoire vestimentaire fait soudain basculer le statut de Kiki : c'est le chapeau, le bibi ; reléguée dans l'espace du seul bar avant de le porter, la femme accède à la salle dès lors qu'elle peut s'en montrer coiffée ; elle est bibi, elle est Kiki.
Elue "Reine de Montparnasse", elle n'en est pas moins rattrapée par les réalités de la vie, les maladies de ses proches (sa mère, Henri Broca) auxquelles elles fait courageusement face.
Kiki a des ressources infinies. Le spectacle qui la présente est fort bien rythmé, à voir sans modération.
Kiki, Le Montparnasse des années folles
Fantaisie musicale d’Hervé Devolder et Milena Marinelli
Mise en scène et musique de Hervé Devolder
Avec Milena Marinelli et au piano Ariane Cadier
Costumes : Michèle Pezzin
Lumières : Denis Koransky
Chorégraphie : Catherine Arondel
Assistante à la mise en scène : Pauline Marbot
Théâtre de la Huchette, 23 rue de la Huchette, 75005 Paris,
Depuis le 17 juin 2015
Du mardi au vendredi à 21h et le samedi à 16h.
Photos Lot
( Cet article a été rédigé par Anne, qui est allée voir le spectacle ce soir. Je l'en remercie)
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