J'ai eu la chance de découvrir en avant-première au Centre Pompidou un épisode d'une série qui va faire date dans la manière de raconter l'histoire de l'art. J'ai, depuis, visionné le second.
Ce seront 6 films de 52 minutes réalisés par Pauline Gaillard, Amélie Harrault et Valérie Loiseleux pour Silex films et qui seront diffusés sur ARTE à partir du 16 décembre 2015.), à 20 h 50, heure de grande écoute, les deux jours suivants à 22 h 25.
L'ensemble donnera des clés pour comprendre l'histoire de l'art mais aussi l'histoire tout court de 1900 à la Libération. On commencera par l'époque Bohème 1900-1906.
Dès le générique on sait qu'on va se régaler parce que le ton est donné, sur l'excellente musique de Pierre Adenot, et des fondus enchainés d'images d'époque, en noir et blanc, qui se confrontent avec des dessins. On reconnait Paris, la place de la Bourse, Montmartre qui n'est encore qu'un village. C'est là que l'histoire de l'art contemporain va être bouleversée. Tout commence avec un jeune Breton portant monocle et chapeau claque, Max Jacob que l'on connait davantage comme poète que comme peintre et j'ai apprécié que cette série lui rende cet hommage.
La Révolution demeurent présente. Les cabarets attirent Max Jacob qui ne tarde pas à faire la connaissance de Picasso dont il a découvert une toile chez un marchand d'art. L'homme ne parle pas encore français et ses oeuvres ne trouvent pas preneur. On le sait peu mais les deux compères vont devenir inséparables. Max s'improvisera agent de relations publiques auprès des galeristes pour promouvoir son ami. la poésie ne les nourrit pas. Il gagnera leur vie en disant la bonne aventure.
On apprend beaucoup de choses dans ce film. Picasso a tout d'abord peint à la manière de Toulouse Lautrec avant de se replier sur une monochromie bleue inspirée par Le Greco, et suggérant la misère. C'est Picasso qui découvre à Montmartre, au n°13 de l'ancienne rue Ravignan, une ancienne manufacture de piano qui deviendra ce que Max Jacob appellera le bateau lavoir, et qui est encore aujourd'hui une cité d'artistes.
Un seul point d'eau alimente les chambres. On y entre par le haut depuis la rue et on descend les étages. Picasso y fait la rencontre de Fernande Olivier qui vient y retrouver sa soeur.
Ce sera sa grande amoureuse et il sera furieux lorsqu'elle posera pour Kees Van Dongen, qui habite quelques étages plus bas.
La bande s'enrichit d'autres personnalités avec Guillaume Apollinaire alors employé de banque, Vlaminck et Derain qui seront nous dit-on "compagnons de goinfrerie", de Matisse, et de Georges Braque, né à Argenteuil, qui sera le dernier de la bande.
Le film nous montre les mains abimées mais magiques de Renoir. Il revient sur des scandales qui ont marqué l'histoire de l'art. Par exemple la présentation au Salon des Indépendants en 1910 d'une toile attribuée à un jeune peintre italien, Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique. Le tableau a été peint, en présence d'un huissier de justice, par la queue de Lolo, l'âne du père Frédé, le patron du Lapin Agile, dont l'enseigne, un lapin dans une poêle, avait été peinte par André Gill. On y avait attaché un pinceau.
Nos amis y finissent souvent la nuit dans ce célèbre cabaret montmartrois.
Plus tard, au salon d'automne ce seront les couleurs vives des oeuvres de Matisse, dans une salle qualifiée de cage aux fauves, et dont le président de la République refusera l'inauguration.
Au salon des indépendants l'année suivante, le Bonheur de vivre de Matisse devient légendaire, mêlant le primitivisme et la déformation des corps à la Gauguin., provoquant la critique.
Après le bleu, Picasso entre dans les couleurs joyeuses du rose. C'est le temps de la bohème heureuse ... disons insouciante. On peut alors adopter un enfant, comme le fait Fernande, quitte à le rendre s'il devient trop difficile à élever. Picasso s'installe dans un village catalan près d'Andorre. Il y affine son style, cherchant quelque chose de neuf. L'ébauche d'un masque, lui inspire le cubisme dont la première oeuvre sera le portrait de Gertrude Stein.
Le premier épisode s'achève sur la concurrence effrénée opposant Matisse et Picasso, aussi opposés que le pôle nord et le pôle sud.
Intitulé la bande de Picasso 1906- 1916, le deuxième épisode commence par un (heureux) résumé du précédent.
Cette fois on se concentre sur la révolution que représente les demoiselles d'Avignon, aux corps disloqués, taillés à angle vif, et dont deux des cinq visages portent l'empreinte de masques nègres. Un autre scandale nous est pointé autour du vol de statuettes antiques au Louvre par le secrétaire d'Apollinaire, qui en avait revendu une à Picasso, lequel s'en inspira pour ce tableau. Apollinaire passera quelques jours à la prison de la Santé pour recel.
En nous montrant côte à côte des tableaux de Picasso et de Braque on remarque la réduction de la palette chromatique et l'écrasement de la perspective. ces deux artistes ne cesseront de se démarquer des autres.
On entend le poème Les Saltimbanques dans lequel Guillaume Apollinaire rend hommage aux baladins, témoignant aussi que les peintres sont devenus les meilleurs amis des clowns. On revoit le Cirque Médrano dans ce qui sera bientôt le Cirque d'hiver.
Et tandis que Duchamp emportera sa Joconde à New York en 1913 pour y devenir une célébrité Max Jacob restera le plus pauvre de la bande. Le centre artistique se déplacera vers Montparnasse.
La déclaration de guerre et la mobilisation générale vont bouleverser la donne. Braque sera blessé, trépané puis démobilisé en 1916, André Derain partira pour Verdun, Picasso refusera, Max Jacob s'enrôlera, comme Apollinaire qui oubliera Marie Laurencin au profit de Louise puis de Madeleine. Il connaitra l'enfer des tranchées dès novembre 1915 avec un courage remarquable. Il écrira des vers remarquables de réalisme : il y a mille petits sapins hachés autour de moi.
Les cubistes ne sont plus ces infiltrés de l'art boche qui étaient raillés. On va les solliciter pour cacher les postes de tir à grands coups de pinceau. J'ignorais qu'on leur doit l'art du camouflage.
Dans les prochains épisodes les projecteurs seront dirigés sur d'autres aventuriers comme Kiki de Montparnasse, Man Ray, André Gide, Malraux, Robert Capa.
Ce seront 6 films de 52 minutes réalisés par Pauline Gaillard, Amélie Harrault et Valérie Loiseleux pour Silex films et qui seront diffusés sur ARTE à partir du 16 décembre 2015.), à 20 h 50, heure de grande écoute, les deux jours suivants à 22 h 25.
L'ensemble donnera des clés pour comprendre l'histoire de l'art mais aussi l'histoire tout court de 1900 à la Libération. On commencera par l'époque Bohème 1900-1906.
Dès le générique on sait qu'on va se régaler parce que le ton est donné, sur l'excellente musique de Pierre Adenot, et des fondus enchainés d'images d'époque, en noir et blanc, qui se confrontent avec des dessins. On reconnait Paris, la place de la Bourse, Montmartre qui n'est encore qu'un village. C'est là que l'histoire de l'art contemporain va être bouleversée. Tout commence avec un jeune Breton portant monocle et chapeau claque, Max Jacob que l'on connait davantage comme poète que comme peintre et j'ai apprécié que cette série lui rende cet hommage.
La Révolution demeurent présente. Les cabarets attirent Max Jacob qui ne tarde pas à faire la connaissance de Picasso dont il a découvert une toile chez un marchand d'art. L'homme ne parle pas encore français et ses oeuvres ne trouvent pas preneur. On le sait peu mais les deux compères vont devenir inséparables. Max s'improvisera agent de relations publiques auprès des galeristes pour promouvoir son ami. la poésie ne les nourrit pas. Il gagnera leur vie en disant la bonne aventure.
On apprend beaucoup de choses dans ce film. Picasso a tout d'abord peint à la manière de Toulouse Lautrec avant de se replier sur une monochromie bleue inspirée par Le Greco, et suggérant la misère. C'est Picasso qui découvre à Montmartre, au n°13 de l'ancienne rue Ravignan, une ancienne manufacture de piano qui deviendra ce que Max Jacob appellera le bateau lavoir, et qui est encore aujourd'hui une cité d'artistes.
Un seul point d'eau alimente les chambres. On y entre par le haut depuis la rue et on descend les étages. Picasso y fait la rencontre de Fernande Olivier qui vient y retrouver sa soeur.
Ce sera sa grande amoureuse et il sera furieux lorsqu'elle posera pour Kees Van Dongen, qui habite quelques étages plus bas.
La bande s'enrichit d'autres personnalités avec Guillaume Apollinaire alors employé de banque, Vlaminck et Derain qui seront nous dit-on "compagnons de goinfrerie", de Matisse, et de Georges Braque, né à Argenteuil, qui sera le dernier de la bande.
Le film nous montre les mains abimées mais magiques de Renoir. Il revient sur des scandales qui ont marqué l'histoire de l'art. Par exemple la présentation au Salon des Indépendants en 1910 d'une toile attribuée à un jeune peintre italien, Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique. Le tableau a été peint, en présence d'un huissier de justice, par la queue de Lolo, l'âne du père Frédé, le patron du Lapin Agile, dont l'enseigne, un lapin dans une poêle, avait été peinte par André Gill. On y avait attaché un pinceau.
Nos amis y finissent souvent la nuit dans ce célèbre cabaret montmartrois.
Plus tard, au salon d'automne ce seront les couleurs vives des oeuvres de Matisse, dans une salle qualifiée de cage aux fauves, et dont le président de la République refusera l'inauguration.
Au salon des indépendants l'année suivante, le Bonheur de vivre de Matisse devient légendaire, mêlant le primitivisme et la déformation des corps à la Gauguin., provoquant la critique.
Après le bleu, Picasso entre dans les couleurs joyeuses du rose. C'est le temps de la bohème heureuse ... disons insouciante. On peut alors adopter un enfant, comme le fait Fernande, quitte à le rendre s'il devient trop difficile à élever. Picasso s'installe dans un village catalan près d'Andorre. Il y affine son style, cherchant quelque chose de neuf. L'ébauche d'un masque, lui inspire le cubisme dont la première oeuvre sera le portrait de Gertrude Stein.
Le premier épisode s'achève sur la concurrence effrénée opposant Matisse et Picasso, aussi opposés que le pôle nord et le pôle sud.
Intitulé la bande de Picasso 1906- 1916, le deuxième épisode commence par un (heureux) résumé du précédent.
Cette fois on se concentre sur la révolution que représente les demoiselles d'Avignon, aux corps disloqués, taillés à angle vif, et dont deux des cinq visages portent l'empreinte de masques nègres. Un autre scandale nous est pointé autour du vol de statuettes antiques au Louvre par le secrétaire d'Apollinaire, qui en avait revendu une à Picasso, lequel s'en inspira pour ce tableau. Apollinaire passera quelques jours à la prison de la Santé pour recel.
En nous montrant côte à côte des tableaux de Picasso et de Braque on remarque la réduction de la palette chromatique et l'écrasement de la perspective. ces deux artistes ne cesseront de se démarquer des autres.
On entend le poème Les Saltimbanques dans lequel Guillaume Apollinaire rend hommage aux baladins, témoignant aussi que les peintres sont devenus les meilleurs amis des clowns. On revoit le Cirque Médrano dans ce qui sera bientôt le Cirque d'hiver.
Et tandis que Duchamp emportera sa Joconde à New York en 1913 pour y devenir une célébrité Max Jacob restera le plus pauvre de la bande. Le centre artistique se déplacera vers Montparnasse.
La déclaration de guerre et la mobilisation générale vont bouleverser la donne. Braque sera blessé, trépané puis démobilisé en 1916, André Derain partira pour Verdun, Picasso refusera, Max Jacob s'enrôlera, comme Apollinaire qui oubliera Marie Laurencin au profit de Louise puis de Madeleine. Il connaitra l'enfer des tranchées dès novembre 1915 avec un courage remarquable. Il écrira des vers remarquables de réalisme : il y a mille petits sapins hachés autour de moi.
Les cubistes ne sont plus ces infiltrés de l'art boche qui étaient raillés. On va les solliciter pour cacher les postes de tir à grands coups de pinceau. J'ignorais qu'on leur doit l'art du camouflage.
Dans les prochains épisodes les projecteurs seront dirigés sur d'autres aventuriers comme Kiki de Montparnasse, Man Ray, André Gide, Malraux, Robert Capa.
Les images sont animées, les textes argumentés, truffés de citations. On comprendra le rôle déterminant des collectionneurs, comme Gertrude Stein et son frère. Celui des marchands d'art, comme Ambroise Vollard pour Renoir puis Picasso, Daniel-Henry Kahnweiler, ou encore Bernheim pour Matisse.
Adaptée de la trilogie de Dan Franck "Bohèmes", "Libertad!", "Minuit", la série nous plonge sur le mode du récit dans la vie artistique et littéraire à Paris au début du XXème, qui a vu naître le Fauvisme, le Cubisme, Le Dadaïsme, le Surréalisme...
En utilisant les codes de la fiction et à travers des illustrations, de l’animation et des documents d’époque, la série en 6 épisodes retrace les scandales et les célébrations, les tragédies et les triomphes qui ont constitué cette incroyable période de l’Art Moderne des sous-sols du Bateau-Lavoir aux derniers fracas de la Seconde Guerre mondiale.
Il faut saluer le travail de Dan Franck, qui signe le scénario, et celui de Pauline Gaillard, Amélie Harrault et Valérie Loiseleux pour leur réalisation. Elles ont astucieusement eu recours au principe d'hybridation, en jonglant allègrement avec toutes sortes de techniques : animation traditionnelle (à l'encre ou à la gouache), animation en volumes, papiers découpés, peinture sur verre, rotoscopie...
Ainsi pour évoquer l'histoire du Bateau-Lavoir, la série recourt à une maquette, filmée sous différents angles et dans laquelle s'intègrent des personnages traités en peinture ou en papiers découpés. L'alternance entre des images-maison et des archives (cinéma ou photo), associant les unes et les autres selon des principes et des assemblages aventureux avec d'autant plus de pertinence que la série brasse toutes sortes d'univers et de styles artistiques.
A voir en direct ou en replay. Ou a glisser sous le sapin puisque le DVD de la série sort le 11 décembre.
1 commentaire:
J'aime beaucoup l'idée et ça a vraiment l'air passionnant. Bon, vu mon état de fatigue actuel, il faudra que ce soit vraiment exceptionnel pour que je reste éveillée jusqu'à la fin, surtout si ils sont diffusés en seconde partie de soirée ;-) Ou alors je peux glisser l'idée cadeau à une bonne âme...
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