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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 9 novembre 2016

Anna Dubosc est la première lauréate du prix Hors Concours pour Koumiko

Ce soir avait lieu l'annonce du premier lauréat du prix de l'édition qui n'a pas de prix, le Prix Hors Concours dans un lieu symbolique, l'Hôtel d'Avejan, 53 rue de Verneuil Paris 7ème, qui est le Centre National du Livre.

On voit sur la photo, de gauche à droite 6 des 8 finalistes :
Bruno Doucey, pour Le carnet retrouvé de Monsieur Max, éditions Bruno Doucey,
Laurence Biberfeld, pour Ce que vit le rouge-gorge, éditions Au-delà du raisonnable,
Anna Dubosc, pour Koumiko, éditions. Rue des promenades,
Benoît-Marie Lecoin, pour Ringo, éditions le Murmure,
Gilles Marchand, pour Une bouche sans personne, éditions Aux Forges de Vulcain,
Fabien Maréchal, pour Dernier avis avant démolition, éditions Antidata

Carl-Keven Korb, pour Une nuit pleine de dangers et de merveilles, éditions du Chemin de fer, réside au Canada et était absent. Brahim Metiba, pour Ma mère et moi, éditions le Mauconduit, se trouvait dans la salle. J'avais reçu son livre après la proclamation de la pré-sélection et je l'ai chroniqué depuis. Ce court texte émouvant et autobiographique revient sur l'impossibilité pour une mère et son fils à communiquer malgré leurs efforts.
Gaëlle Bohé, fondatrice et présidente du Prix a insisté à juste titre sur cette expérience collective qui met en lumière la richesse de l'édition indépendante, d'une littérature que l'on pressent engagée.
Si chaque art, et notamment la musique avec Rock Inde, le cinéma avec Sundance, le théâtre avec le festival d'Avignon off, il était temps que le monde des livres se dote d'une action de cet ordre. Il n'est pas question d'engager un combat contre les grandes maisons mais d'inviter le lecteur à goûter une cinquantaine d'extraits de 8 000 signes du catalogue collectif qui devient la première bible Hors Concours. Et bien sur de donner l'envie d'aller plus loin que l'extrait ...
Plusieurs de mes favoris figuraient parmi les huit finalistes. Et c'est avec plaisir que nous avons d'abord écouté (et reconnu la plupart du temps) un extrait de chacun lu par 4 des 5 membres du second jury :
Lauren Malka, conseillère littéraire pour l’émission littéraire de TF1, "Au fil de la nuit" ; Pierre Vavasseur, grand reporter pour le quotidien national Le Parisien-Aujourd’hui en France ; Catherine Fruchon-Toussaint, journaliste pour l’émission Littératures sans frontières sur RFI et Marie-Delphine Roux-Jean, rédactrice en chef du site littéraire, Babelio.

Chacun a ensuite bénéficié d'une présentation avec son éditeur et a pu s'exprimer sur son ouvrage. S'il est dit que Ringo se situerait quelque part entre Jacques Kerouac et Orange Mécanique Benoît-Marie Lecoin reconnait que les Etats-Unis l'ont toujours fait rêver et qu'il a conduit ce premier roman comme on peut avoir envie de conduire sa première voiture, en roulant le plus vite possible et sans jamais poser le pied sur le frein.
Laurence Biberfeld n'en est pas à son premier roman. Son style s'adapte au sujet. Ce que vit le rouge-gorge est un polar qui retrace l'enquête qu'une mère mène à sa sortie de prison pour retrouver sa fille disparue. L'auteure a voulu composer un roman sur la relation avec le monde animal considéré comme objet de rentabilité. Elle a travaillé sur l'élevage industriel comme lieu de huis-clos et fait parler les animaux, un peu à la manière de Colette, en leur qualité de témoins de scène qu'ils ne comprennent pas. Qu'on ne s'y trompe pas, les humains sont tout autant maltraités.
Marie Marchal, qui est la coordonnatrice éditoriale du Prix (et qui créé avec Philippe Magnani une coopérative d’éditeurs indépendants : ÉDITindé) a souligné le parallèle qu'on peut faire entre Une nuit pleine de dangers et de merveilles et l'univers du conte. Un univers qui n'a rien à envier à la cruauté terrible et merveilleuse des contes originaux de Grimm et Perrault.
Décidément les présentations ne peuvent s'empêcher de faire d'élogieuses références littéraires. Pour Gilles Marchand ce sont Boris Vian et Jorge Luis Borges. Une bouche sans personne est lui aussi un premier roman dont le personnage principal est un comptable, défiguré, qui se protège derrière son écharpe. Un soir, au bar, il est obligé de se dévoiler, de raconter son histoire à ses amis et habitués.

Bruno Doucey nous a rappelé que notre monde était marqué par une urgence de poésie. Lui-même poète, et éditeur de poètes, il a publié Le carnet retrouvé de monsieur Max dans sa propre maison d’édition. Le livre est une fiction tirée du réel, retraçant les derniers jours de l’auteur surréaliste Max Jacob, de son arrestation à ses dernières heures dans le camp de Drancy.
Dernier avis avant démolition, est le titre d'une des nouvelles du recueil de Fabien Maréchal qui a un point de vue tranché sur ce genre littéraire. Il refuse de le voir considéré à part, comme si c'était la petite soeur d'un autre plus abouti, le roman. Il ne mesure pas la longueur de ses textes. Si cinq pages suffisent pour conduire jusqu'à un moment de surprise où tout bascule pourquoi aller plus loin ?
Auteure de plusieurs romans et récits, Anna Dubosc est la fille de la poétesse Koumiko Muraoka, qui inspira à Chris Marker le film Le mystère Koumiko (1964). Elle raconte dans ce livre touchant et incisif la relation avec sa mère atteinte de sénilité avec une écriture incisive qui claque et donne envie de profiter des petits bonheurs du quotidien dira-t-on en la présentant. Elle invente une nouvelle langue avec une façon d'oser qui est magnifique. Son éditrice Charlotte Bayart-Noé a raison d'être fière de la place qu'Anna Dubosc lui a accordé dans son monde. Parce qu'éditer, c'est faire un chemin avec un auteur.

Très émue et intimidée à l'annonce du Prix, dont les délibérations ont tout de même duré quatre heures (tant la qualité éditoriale était au rendez-vous) Anna Dubosc a confié qu'elle a écrit dans un sentiment d'urgence et d'effroi en employant une image très juste pour qualifier son travail d'écriture qu'elle résume par l'expression tomber en soi. Elle sera invitée avec l'Académie Hors Concours au salon Livre de Paris qui aura lieu en mars 2017 et sera bien entendu la marraine du prix Hors Concours 2017. Editeurs, vous avez jusqu'au 31 mars 2017 pour candidater.

Bientôt seront publiées sur le blog des chroniques des livres retenus en première sélection.
Voici ainsi Dernier avis avant démolition et Koumiko.

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