
Elle nous emmène dans son pays, sur l’île de Fogo, avec délicatesse et poésie pour ré-interroger la mémoire de son enfance. La petite Nana a appris a grandir sur cette île volcanique isolée que tout le monde veut quitter. Sa mère, Nia, s'est exilée juste après sa naissance et Nana a été élevée dans la famille de son père. Un jour, la famille apprend que Nia est malade. Nana commence à avoir de fortes fièvres et est envoyée au pied d'un volcan pour y être soignée. Elle y découvre un monde imprégné de réalisme magique, entre rêve et réalité. Plus tard, alors que Nana est adolescente, sa mère Nia revient enfin sur l'île.
Fogo est une île composée d’un énorme volcan de plus de 1000 mètres d’altitude, située dans le sud de l'archipel du Cap-Vert et y abrite depuis 2020 une réserve de biosphère reconnue par l'UNESCO. la terre y est de couleur grise et compose une toile de fond propice à des plans composés comme des natures mortes.
D’autres séquences très soignées, d’une lenteur onirique, construites en intérieur, renforcent cette perception comme la série de prises de vue familiales devant la toile du photographe. Les métaphores se succèdent sans être très explicites. Il est ainsi question de réparation avec de l’or sur une autre île, sans citer le Japon. On aurait pu davantage exploiter cette allusion au Kintsugi, une vieille tradition japonaise, remontant au XV° siècle, consistant à souligner avec un trait d'or le joint comblant une fissure pour valoriser la porcelaine abîmée en magnifiant ses défauts, et par là même donner une seconde vie à cet objet.
Denise Fernandes a-t-elle suivi une démarche philosophique et esthétique identique pour sublimer et raconter son histoire ? J’avais pris l’apparition d’un japonais pour celle d’un apiculteur alors qu’il s’agissait d’un vulcanologue. Je n’ai pas tout à fait compris, bien que je l’ai apprécié, l’allusion au poème L’arbre perché de Jean-Luc Moreau (aux Éditions Ouvrières) que je vous offre dans son entièreté car il contient sans doute la réponse à l’énigme de ce film dont la date de sortie en salles n’est pas encore connue :
Si...
Si la sardine avait des ailes,
Si Gaston s'appelait Gisèle,
Si l'on pleurait lorsqu'on rit,
Si le pape habitait Paris,
Si l'on mourait avant de naître,
Si la porte était la fenêtre
Si l'agneau dévorait le loup,
Si les Normands parlaient Zoulou,
Si la mer Noire était la Manche,
Et la mer Rouge la mer Blanche
Si le monde était à l'envers,
Je marcherais les pieds en l'air,
Le jour je garderais la chambre,
J'irais à la plage en décembre,
Deux et un ne feraient plus trois
Quel ennui ce monde à l'endroit !
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Rappel du palmarès du 23ème festival Paysage de cinéastes
Compétition des Longs métrages
Prix du Grand Jury, Prix du Jury des Femmes et Prix du Public: Sorda de Eva Libertad Garcia
Prix du Jury de la Jeunesse: Promis le ciel de Erige Sehiri
Compétition Jeune Public : Olivia de Eva Libertad Garcia
Compétition des Courts métrages
Prix des Scolaires (2 films ex aequo) : Poxo Peanuts de Etienne Grignon et Les Mousses de Guillaume Bailer-Schmitt
Prix du public: Turnaround de Aisling Byrne
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