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samedi 25 octobre 2025

Top of the Sinaï, premier album de Child of Ayin

J'ai écouté Top of the Sinaï, le premier album de Child of Ayin, un très grand nombre de fois et je l'apprécie énormément, y compris pour ses "défauts".

C'est un disque folk/rock vraiment étonnant. Il est une sorte de synthèse ultra créative de plusieurs décennies de musique allant jusqu’à intégrer le gospel. Il comporte une multitude d'hommages et dégage des rythmes incroyables.

Le musicien prétend ne faire allusion dans cet album à aucune référence en particulier mais on en perçoit quelques-unes comme par exemple dans Midnight (piste 12) avec Blowing in the Wind de Bob Dylan. En toute logique car il a beaucoup entendu cet artiste qu’il avait érigé en modèle quand il était adolescent.

J’ai surtout reconnu (piste 6) à la fin de Burn out la musique des Portes du pénitencier interprétée par Johnny Hallyday en 1964, adaptation française du standard américain The House of the Rising Sun chanté par The Animals la même année.

Mary et Rise (respectivement pistes 3 et 4) font clairement penser à Léonard Cohen.

Une oreille exercée percevra même dans Capitalika (piste 5) derrière les mots "like a heroe" l'évocation, certes fugitive, des paroles et d'une mesure de musique d'un morceau de la bande originale du film Shrek 2,  I need a heroe, Fairy Godmother qui est chanté par l'actrice anglaise Jennifer Saunders.

Vous en remarquerez sans doute d’autres qui participeront tout autant au charme de Top of the Sinaï qui devient vite envoûtant.

En prenant comme nom d'artiste l'expression "Fils de l'oeil" Jonathan Sellem se vit comme l'enfant du vide et dit vouloir porter le monde. C'est un artiste aux racines franco-américaines, né à Paris en 1981. Cet entrepreneur audacieux se distingue par sa capacité à marier passion musicale et sens inné des affaires.

Dès l’âge de quatorze ans, il s’éveille à l’écriture de chansons, s’inspirant des éminentes figures du paysage musical, telles que Metallica, Queen et Bob Dylan. Entre 2007 et 2010, il insuffle une nouvelle dynamique à la scène parisienne en orchestrant des concerts en appartement, un concept novateur qui retient l’attention de producteurs influents, tels que Jamel Debbouze, Sony Music et la BBC Worldwide.

Parallèlement à ses projets artistiques, l'homme se forge une carrière prospère dans le secteur des énergies renouvelables. Dix ans plus tard, animé par le désir de se consacrer pleinement à sa véritable passion, il fait le choix courageux de quitter cette voie pour donner naissance à Top of the Sinai, un album audacieux qui fusionne harmonieusement musique, voyance et numérologie.

Tout le monde sait que le Sinaï est un lieu de révélation pour plusieurs religions. Nous ne sommes donc pas étonnés qu’il ait conçu son l’album comme un voyage initiatique inspiré de la numérologue pour en faire un oracle, non pas pour prédire mais se rappeler. Ce que je me suis employée à faire …

Top of the Sinaï est structuré en deux parties. La première, illustrée par le visuel bleu, représente la conquête du monde extérieur à travers l’image du cowboy. La seconde, illustrée par le visuel rouge, met en avant la figure de l’indien et du chamane, symbolisant la quête intérieure.

Jonathan Sellem au chant et à la guitare est accompagné de Fred Devane, à la basse et aux choeurs, de Vincent Keyser aux claviers et aux choeurs, de Joris Foucault à la guitare et aux choeurs, et de Ludovic Diaz, à la batterie et aux choeurs. L’enregistrement a eu lieu dans le célèbre Blackbird Studio à Nashville et le formidable Kerwax Vintage Studio en Bretagne.

Cow-boy, indien, chamans, qu’importe l’habit, le chanteur nous annonce la fin d’un cycle et appelle la création d’un nouveau. Il crie, chante, médite, chuchote … Sa musique diffuse des émotions et raconte des histoires.

Hell is where the angels grow L'enfer est le royaume des anges (piste 1) plante en quelque sorte le décor. quelque part dans l'ouest américain, autour d'un feu de camp. On entend discrètement grincer une corde de guitare. Les choeurs installent un climat. Il y est question d'ombre et de noirceurs mais dans une atmosphère malgré tout sereine, allumant le feu dans nos yeux.

Il s’adresse à l’enfant sacré qui est en nom. Mais il annonce la couleur avec en termes puissants : Can you hear me roar ? Peux-tu m’entendre rugir ? Il promet d’être notre guide si on accepte d’oublier nos croyances  : When you are lost, wondering alone I will be here to take you homeQuand tu es perdu, errant seul, je serai là pour te ramener à la maison …

Break the curse Briser la Malédiction (piste 2) est disons plus "folk", faisant intervenir d'autres instruments, mais le morceau bascule vite dans le rock, faisant presque vrombir des chevaux au galop. Le chanteur invoque autant Dieu que Diable. Il répète plusieurs fois la revendication d'être Free as the windJe veux vivre libre, libre comme le vent.

Mary (piste 3) revient au ton d'une balade dans la veine de ce que faisait Léonard Cohen. La guitare s'exprime avec une grande sensualité pour invoquer une femme qui est autant symbole de divin que de péché. 

Rise (piste 4) reprend une nouvelle fois l'image du lion rugissant : I hear the lion, roaring inside.

Capitalika (piste 5) semble, tout en étant clairement dans une tonalité rock, faire le lien entre les deux parties, rouge et bleu, de l'album : Red is for the blood, blue is for the sky. Rouge pour le sang, bleu pour le ciel. Hey Jack let's rockn' roll. On y va, on fait du rock'n'roll. Le cri se répète Hallelujah, Free America!

Burn out (piste 6) passe d'une entrée en matière classique à un rock soutenu grâce à la batterie. Puis la douceur s'installe, enveloppante. Et on reconnait très nettement la musique des Portes du pénitencier pendant près de deux minutes.

Dreamer like me (piste 7) nous est donné à un rythme soutenu, passant en revue les drames de l'époque (violences policières, Covid etc …), installant un climat paranoïaque. On entend les cordes grincer. A la fin, la musique prend le flow d'un train qui arrive.

Call my name (piste 8) bascule franchement dans la country. On croirait entendre les bottes frapper le parquet. Le résultat est autant musical que poétique, avec une forte promesse. Call my name, call my name, call my name I′ll always be right by your side! Appelle-moi. Je serai toujours de ton côté.

Make me sun (piste 9) revient sur le ton de la balade, avec douceur et lenteur, comme une prière nostalgique.

New world under (piste 10) emploie nettement le mot rendez-vous en français. La musique est carrément rock avec des parenthèses country., mais les nouvelles expriment le chaos.

Eternal child (piste 11) marque le retour au country avec de jolis choeurs.

Midnight (piste 12) est clairement un hommage à Bob Dylan, le génial créateur de Blowing in the Wind. On y retrouve le ton, la simplicité presque naïve du questionnement sur "combien" et plusieurs mesures presque reprises à la note près.

En conclusion l'artiste aura réussi à nous plonger dans l’univers d’un cowboy mystique, face aux défis de notre époque et espérant l’avènement d’un monde nouveau. Top of the Sinaï est un voyage musical à travers une œuvre profonde et singulière, mêlant folk, gospel et rock. Child of Ayin devient à travers cette oeuvre un pont vivant entre le visible et l’invisible.

L'expérience vaut d'être vécue.

Top of The Sinaï de Child of Ayin
Partie 1 (bleue)
1. Hell is where the angels grow 
2. Break the curse 
3. Folk Indie, rock, country - Mary
4. Rise
5. Capitalika
6. Burn out
Partie 2 rouge
1. Dreamer like me
2. Call my name
3. Make me sun
4. New world under
5. Eternal Child
6. Midnight
https://www.childofayin.com
Sortie le 30 septembre 2025

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