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dimanche 21 août 2022

Les jardins de la Boirie à Saint-Pierre-d'Oléron

Je souhaitais depuis très longtemps visiter les Jardins de la Boirie parce que je pensais qu'il s'agissait d'une sorte de Conservatoire de la Sauge.

Il en reste beaucoup comme la Sauge Love and Wishes (ci-contre) mais, sans doute à cause de la canicule, les propriétaires ont mis l'accent sur d'autres plantes. Toujours est-il que le label de Jardin remarquable est pleinement justifié.

Il reste un mois pour vous y rendre car la fermeture annuelle (dont la date est variable en fonction de la fenaison) est programmée en 2022 au 30 septembre. L'endroit sera fermé à l'occasion des Journées du patrimoine, probablement parce qu'il est privé et que son accès est payant, aussi bien pour les adultes que pour les enfants et les groupes.

Par contre il n'est pas nécessaire d'acquitter le prix de l'entrée pour celui qui souhaiterait acquérir des plantes en pot. Il est néanmoins conseillé de se renseigner sur les variétés disponibles.

Voici quelques photos de l'endroit que l'on arpente à son rythme (compter une bonne heure). Outre des plantes magnifiques, dont quelques sauges, on remarquera des succulentes qui sont tant à la mode depuis quelque temps. Des idées d'aménagement et de décoration continuent également de jolies sources d'inspiration.
Il y a aussi quelques bégonias (ci-dessus le Bégonia Rex, sur la table et le Dragon Wing, par terre à droite), ce qui m'amène à vous recommander particulièrement l'exceptionnel Conservatoire national du Bégonia de Rochefort.
Jetons en premier un coup d'oeil sur les sauges. On remarquera plusieurs pots de Sauge Love and Wishes (ci-dessus) mais aussi de Sauge rouge, dont les fleurs ne sont pas si vives qu'on pourrait le croire.
Est-ce pour cela qu'on est tenté de lui préférer la Gogopurple, une Sauge hybride, très florifère, aux fleurs pourpre violacé, qui malheureusement sont sans parfum, de même que ses feuilles sont sans odeur ? Vivace et de forte croissance, cultivable en annuelle, elle atteindra 1 m de haut en quelques mois.
Certains pieds sont rares comme la Sauge amante (ci-dessous à gauche) ce que mentionne l'étiquette. Ses feuilles ressemblent énormément à la Sauge ananas que j'apprécie tant dans mon jardin car ses feuilles et ses fleurs sont consommables et très parfumées. On la voit ci-dessous à droite.
Enfin il y a aussi la Sauge Guarani, d'un beau bleu très florifère (ci-dessous à gauche) jusqu'à l'automne et qui dégage un parfum anisé. A côté, la Sauge Uliginosa (dite Sauge des marais), encore peu connue des jardiniers, dont on devine la hampe florale bleu ciel. Contrairement à la plupart des sauges que l’on connait pour supporter la sécheresse et la chaleur, celle-ci est une sauge des milieux humides : elle est originaire des zones ouvertes et marécageuses d’Amérique du sud. Sa floraison d’arrière-saison permet de fleurir le jardin en automne, jusqu’aux gelées, où elle est une source de nourriture encore disponible providentielle pour les insectes.
Plus curieuse encore, la sauge arbustive Améthyste Lips, dont le coloris varie avec la température. Les fleurs seront soit blanches, soit violettes, soit bicolores selon la saison, et se renouvellent de l'été à l'automne si le sol reste frais. Elle forme rapidement un petit buisson dense, vêtu d'un feuillage aromatique. Cette variété rustique jusqu'à -10°C s'avère robuste, économe en eau et de faible entretien pourvu qu'elle soit placée dans un sol très bien drainé, même médiocre, et qu'elle bénéficie d'une exposition ensoleillée ou mi-ombragée.
La première allée avait évidemment retenu mon attention puisqu'y ai reconnu des volubilis Ipomea Indica de la variété Edith Piaf, aussi beaux que ceux qui se trouvent au Conservatoire des Convolvulacées de Chatenay-Malabry.
En face, le mur est entièrement recouvert d'Aptenia cordifolia, dite aussi Ficoïde à feuilles en forme de coeur en raison de la forme de ses feuilles, vert clair assez vif. Petites, elles garnissent densément les tiges et peuvent se récolter pour accompagner les salades. Aptenia cordifolia se classe en effet parmi les plantes comestibles, mais elle n'est pas très connue pour cet attrait et aujourd'hui un peu oubliée sauf des botanistes et amateurs de cuisine à base de plantes sauvages. Les feuilles ont un goût légèrement acidulé qui rappelle celui des feuilles de pourpier et une texture croquante. Elles se mangent crues, à condition de les récolter quand elles sont jeunes.
C'est une variété de succulente dont j'ai ramené une bouture du Mexique. Je ne les ai pas encore vues chez moi mais j'attends avec impatience le surgissement de splendides petites fleurs aux multiples pétales dont la finesse et les couleurs vives sont vraiment attirantes. La floraison commence au printemps et se prolonge jusqu'en début d'automne, elle donne à la plante une fonction décorative tout au long de la belle saison. Les fleurs sont hermaphrodites.

Le port de la plante reste prostré à 10-20 cm de haut au maximum, et la touffe s'élargit très rapidement grâce aux tiges rampantes bien ramifiées qui s'enracinent quand un nœud touche terre. En dehors de sa longue floraison, ce développement est sa caractéristique principale : elle colonise vite le terrain tout autour du pied, jusqu'à envahir l'endroit. C'est un atout pour les talus pierreux, nouveaux ou anciens, édifiés en limite de jardin et dont on ne s'occupe pas beaucoup. Sa rapidité de croissance est aussi opportune pour garnir les rocailles en terrain sec et difficile d'accès. La plante peut aussi comme ici recouvrir des murets anciens.

Elle aime la chaleur, les terrains bien drainés. Elle résiste bien aux périodes de sécheresse tout en ayant la capacité de pousser encore plus vite quand quelques pluies ou arrosages apportent de l'eau en période chaude. Par contre, elle n'est pas rustique et supporte difficilement les températures négatives. Pour cette raison, elle se cultive seulement sur les cordons littoraux à l'ouest, dans les régions sud et dans les îles ayant un climat favorable sans période de gel prononcée. Les jardiniers de la Boirie la protège donc du gel par un voile d'hivernage.

On peut, comme moi la cultiver en pot en intérieur, mais si on veut la conserver plus d'une saison, une situation en pleine terre est préférable. C'est là que ses qualités ornementales et sa floraison pourront le mieux être appréciées.
Parmi les nouveautés 2022 il faut citer le Delosperma (littéralement "fleurs de glace") dont les fleurs ponctuent la végétation rampante et serrée, de mai à octobre pourvu d'être exposées en plein soleil. Par chance il n'exige pas beaucoup d'eau ni d'entretien et supporte les hivers froids.
La Celosie cristata (communément appelée amarante crête de coq) est originaire principalement des régions tropicales et tempérées d'Amérique et d'Asie.

C'est une plante à tige unique d'environ 20 cm portant de longues feuilles, pointues, vert clair parfois teinté de rouge ou de violet, d’où émerge une inflorescence en crête, étalée en éventail, compacte, plissée ou ondulée. Sa floraison s'étale de juin jusqu'aux gelées, et une inflorescence peut durer 8 semaines. Les fleurs peuvent ensuite être coupées et séchées pour faire des bouquets secs.
Passons au bleu avec le Plumbago (surnommé dentelaire du Cap), qui est un arbuste grimpant semi-persistant très florifère toute la belle saison. Facile à cultiver, il supporte la sécheresse, encore un avantage cet été, mais craint le gel.
Le feuillage des impatiens (dont le nom commun est Balsamine) contraste avec la verdure d'une Crasula Ovata. Sa floraison est généreuse et de couleur vive tout au long de l’année. Au jardin, elles se cultivent comme des annuelles, abondamment fleuries tout l’été, et disparaissant aux premières gelées. On peut les cultiver en vivaces en intérieur. Ici le pot est placé devant un 
Restons dans la même tonalité avec une plante étonnante, un Curcuma alismatifolia, originaire d'Asie tropicale, dite Tulipe thaïlandaise alors qu'elle n’a de commun avec la tulipe même si ses fleurs sont belles et spectaculaires. Également connu sous le nom de curcuma rose, ses longues feuilles caduques et vert clair sont à la fois lancéolées et nervurées, et peuvent atteindre jusqu’à 70 cm de haut. La tige florale émerge de la base de la touffe en une splendide inflorescence qui se compose de petites fleurs tubulaires. Ses racines ne sont pas consommables comme épice.
Voici une misère gypsophile qui est une plante vivace rustique, connue comme plante d'intérieur mais pouvant garder son feuillage vert foncé et brillant, composé de petites feuilles ovales et pointues, pendant l’hiver sans protection particulière. Son feuillage disparaîtra si les gelées sont un peu fortes, mais elle repoussera au printemps, plus ou moins tôt selon la rigueur de la mauvaise saison. Elle ne sera pas davantage perturbée par les fortes chaleurs. On la connait aussi sous le nom de Misère verte (Gibasis geniculata). Elle se bouture facilement. Ses tiges grêles portent d'innombrables petites fleurs blanches.
J'aime particulièrement les Sedums et la variété Cherry Tart, en pot, est perchée sur une des colonnes mauresques qui décorent le jardin. Le Sunsparkler s'accommode de pousser devant une bordure de pierres. Mais le Sedum contraste élégamment aussi avec un Allium Millenium.
Des graminées sont disposées ça et là. Comme le Pennisetum villosum Fresen ou Pennisetum hérissé, dit encore blé sauvage tombant. Mais il faut parfois se reculer pour admirer les compositions.
Cet hibiscus des marais étonne par son énorme fleur rouge écarlate.
Voilà deux idées de décoration à reprendre. Une tige métallique torsadée embrochée de galets percés. Et un voile qui apporte un peu d'ombre pour lire devant les plantes qu'on aime, bégonia et yucca.
A moins de préférer une toile de couleur … On peut aussi choisir de suspendre une Maranta leuconeura (plante de prière) sous une tonnelle.
L'oeil est attiré plus loin par cette nouvelle cinéraire maritime qui développe de grandes et magnifiques feuilles persistantes, de velours blanc-argenté, d'une luminosité exceptionnelle au jardin comme en pots, qui permet de superbes contrastes de textures et de couleurs. C'est une plante à fleurs succulente du genre Senecio originaire d'Inde, rustique jusqu'à -7°C  en sol très drainé, qui résiste parfaitement aux étés les plus secs et supporte toutes les expositions. On la trouve aussi sous le nom d'ailes d'ange et de chou marin.
La quantité de succulentes est étonnante. J'ai admiré les divers Aeoniums comme la variété Schwartkopf, d'un noir violet, (dans le tiers supérieur de la photo).
Un alignements de pots suspendus offre un contraste intéressant. On reconnait de gauche à droite, la  Crassula Horn Tree, la Crassula Ovata (dont j'ai un spécimen chez moi, mais encore minuscule), la  Crassula Blue Bird, la  Crassula Ovata Variegata verte et blanche et enfin de nouveau une Crassula Horn Tree.
Les voici successivement en gros plan. Et j'ajoute à la fin un pot de Kalanchoe Thyrsifora posé sur le sol.
  
Conservé dans un climat tempéré et lumineux, au-delà de 7 °C, il peut vivre plusieurs années. Cette plante humifère craint le gel, mais affectionne les sols arides et sablonneux.
Quant à l'Orostackis il peut aussi bien croître en pot sur une terrasse ou un balcon qu'en intérieur avec d’autres plantes succulentes. Elle forme un bouquet en rosette de feuilles charnues linéaires à ovales de couleur gris clair légèrement argenté. Sa floraison est très remarquable. Un épi de très nombreuses fleurs blanc jaunâtre apparaît au-dessus de la rosette basale de feuilles.
Ce qui est réussi dans ce jardin, ce sont particulièrement les contrastes. Comme avec ce Tulbaghia violacea, plante bulbeuse vivace originaire d'Afrique du Sud, appartenant à la famille des Alliacées. Son feuillage caduc (semi-persistant sous climat doux) apparaît au printemps, consistant en de fines feuilles d'une trentaine de centimètres de long, linéaires et de couleur vert grisâtre, formant une touffe herbacée de 25 cm de large, et dégageant une odeur d'ail. Ses petites fleurs étoilées couleur lilas décoreront le jardin tout l'été, mais également en automne, jusqu'aux premières gelées.
Toutes les plantes ne sont pas exceptionnelles. Une "simple" Anémone du Japon peut faire l'affaire.
Ou des Oxalis Spiralis, vivaces, rampantes et excellents couvre-sols. Elles possèdent des feuilles en forme de cœur qui s'ouvrent le jour et se referment la nuit.
On y pense moins mais le Fuchsia de Magellan, rustique jusque -15° est intéressant. Ses fleurs s’épanouissent sans discontinuer de mai à octobre. Elles pendent gracieusement de l’aisselle des feuilles comme autant de délicates lanternes sur les branches de l’année et contrastent avec les grandes feuilles d'un figuier.
Des suspensions de Scaevola aux petites fleurs en forme d’éventail sont accrochées sous ce grand arbre. C'est une belle annuelle, de croissance rapide et résistant à la sécheresse, qui fleurit du printemps à l’automne. Tapissant ou retombant, il s’épanouit en quelques semaines en suspensions ou en couvre-sol.

Les Jardins de La Boirie
9, rue centrale (entrée entre le numéro 9 et le 13) - La Boirie
17310 Saint Pierre d'Oléron
Du mardi au samedi de 10h à 12h et de 15 h à 18h (Dernière entrée 17h15)
Fermé dimanche et lundi.
Il est conseillé de stationner sur le petit parking à l'entrée du village ou sur le marais à côté de l'abris bus en arrivant de Saint-Pierre ou encore au fond de l'impasse des marais ou à la sortie du village sur la route de l'Eguille .
Parking à vélos à côté de l'abris bus ou dans l’impasse de l’entrée du jardin.

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