Célestin est un musicien époustouflant. Il signe toutes les paroles, toutes les musiques. Avec un sens de la formule au sommet du possible. Ses textes débordent d'imagination et font jaillir 24 images par seconde. On a envie d'appuyer sur pause pour en savourer mieux chaque métaphore.Je louperai Sébastien Rambaud (alias Célestin) jeudi 20 novembre à La Scène Parisienne - 75009 Paris mais rien de grave, je l'écoute et re-écoute, relançant en boucle l'album Viens avec moi.
Je ne sais pas si ce sont les meilleurs exemples mais il y a : mieux vaut nager à contre-courant que ramer à contre-coeur ou plus tard mieux vaut partir à contre-courant que rester à contre-coeur (Viens avec moi - piste 2) ou encore réagir à cette logique élémentaire : y a une urgence vitale à réparer l'élément terre (Dans l'ordre - piste 6), et enfin je prends mon courage à deux gants (deux mains) en sautant sur Le Téléphérique (piste 8). Il glisse évidemment une allusion à la chanson tant aimée de nos arrière-grands-parents, Etoile des neiges (ô pays merveilleux) tout en rêvant une histoire d'amour contrariée à l'instar de celles de Jean-Claude Dusse (Michel Blanc) dont on ses souvient, claquant des dents la nuit sur un télésiège.
Il aborde tous les sujets essentiels, la vie, l'amour, la mort dans un français soutenu mais accessible. Rien n'effraie sa plume qui gratte sur tous les tons et les thèmes, jusqu'au cancer.
Et en plus il ne craint pas d'exprimer des opinions carrément politiques, revendiquant l'utopie de changer notre époque. Il invite à fuir un monde écoeurant (…) qui oublie d'être pour avoir où on nous dévalise et capitalise,
C'est juste, souvent drôle, avec un humour (discret) et un sens évident pour raconter une scènette, toujours profond. Le rythme est souvent celui d'une course (La graine), rapide mais joyeuse (Viens avec moi), entrainant. Si Les temps passent (piste 5) basculent carrément dans une ambiance rock, particulièrement à la fin du morceau, ça se passe avec naturel et Dans l'ordre (piste 6) remet les idées en place avec un début plus calme avant de nous alerter sur l'urgence d'agir au lieu d'attendre sagement que tout rentre dans l'ordre … parce qu'on n'a pas vu de telle crise de mémoire de dinosaure.
Quand il slame il se hisse au niveau d'un Grand Corps Malade ou d'un Stromae qu'il évoque brièvement dans Des carrés dans des ronds (piste 3) en se moquant gentiment Alors on danse.
Côté musique le niveau est là encore très haut. Il revendique toutes les compositions et la plupart des arrangements, avec son ami Julien Lacharme (guitare et basse) qui a réalisé enregistrement et mixage. Il joue lui-même les parties de batterie et de clavier.
Chaque introduction est minutieusement composée, chaque finale aussi. Comme le saxophone est joli et nostalgique pour Demain est un autre jour (piste 4) et comme il reprend magnifiquement le dessus à la fin de la chanson.
D'autres musiciens sont de l'aventure, Guillaume Farley, Leslie Bourdin, Eric Prost (saxophone), Raoul Ribeiro, Julien Agazar.
Tout n'est pas rose dans sa vie, et ses chansons s'en ressentent. Cancer (piste 8) n'arrive sans doute pas sans raison, même s'il traite le sujet un peu comme aurait pu le faire un chanteur comme Thierry Hazard.
Et pourtant il essaie de colorier ma vie en rose en attendant que les tempêtes et les temps passent (piste 5). L'artiste aime cette couleur qu'il utilise dans un presque rouge violacé intense dans le livret des paroles.
Il a le sens de la famille. La chanson dédiée à sa soeur (piste 9) est magnifique, si loin de la jalousie dont il dit que c'est la plus belle aventure qui lui soit arrivée.
La graine (piste 1) est bien semée, qu'elle soit de bouleau, de bonsaï, de cactus ou qui sait de baobab …
Viens avec moi de Célestin
Label Celestin Prod
Dans les bacs à partir du 12 décembre 2025

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