➼ Le pré-show, avant le spectacle, avec un dîner (mais ça peut être un déjeuner) ponctué d'interventions artistiques et musicales,
➼ Le spectacle équestre, aérien, musical et saltimbanque,
➼ L’after-show qui est une occasion complémentaire de rencontrer les artistes et d'échanger avec eux.
Il faut que je mentionne aussi l'arrivée depuis le Carrefour des Cascades parce que les photos que Yann Arthus-Bertrand a faites des chevaux sont d'une beauté à couper le souffle. Les températures hivernales ne nous retiennent pas de les admirer.
On suit une allée de bois pour atteindre le premier chapiteau où l'on est aimablement accueilli. Sous la tente on pourra admirer un ou deux chevaux de la cavalerie qui en compte une cinquantaine, choisis parmi dix races aussi bien pour leur tempérament que le potentiel d'aptitudes qu'ils développeront sur la piste. J'ai photographié (plus bas) Gaëto, un pur-sang espagnol, parrainé par Wendy Bouchard, un des mécènes de la Fondation pour les arts de la piste.
Et je peux vous dire que j'ai été très impressionnée par l'arrivée sur le tapis bleu du hall de Sirius, un Frison considérablement plus grand que moi (le haut de ma tête pouvait passer sous la sienne sans la frôler). L'animal semble d'une solidité à toute épreuve. Il était pourtant arrivé très malade, craintif et maladroit mais il a été soigné six mois avec détermination et amour. Il est aujourd'hui le leader du groupe. Les chevaux de cette race portent toujours une robe noire, leur valant le surnom de "perle noire". Pour ceux qui connaissent, Zingaro, l'étalon fétiche de Bartabas est un Frison. La famille Gruss en compte six. Ce sont les plus polyvalents.
Les plus petits sont les chevaux arabes, de race Barbe, à la robe alezan, très agiles en saut. Arrivèrent alors les chevaux ibériques, 22 pur-sangs espagnols ou portugais qui sont d'habitude utilisés en tauromachie et qui salueront dressés sur leurs pattes arrière. Ensuite les chevaux de trait, qui sont les plus belles races françaises, Cob normand ou Comtois. Sans oublier les petits poneys britanniques originaires des îles Shetlands, au nord de l’Écosse.
La variété des races sera présentée au tout début du spectacle, nous permettant de comprendre l'étendue de la palette. Il faut avoir conscience du travail que cela représente. Chaque animal dispose de son propre box, de chacun 12 mètres carrés, au sein d'écuries de 1500 mètres carrés en plein coeur du Bois de Boulogne dans lequel ils effectuent des sorties journalières.
Le suivi vétérinaire est exemplaire. Sur le plan de la santé comme du bien-être animal je pense qu'il serait difficile de faire mieux. D'ailleurs les chevaux sont considérés comme des membres à part entière de la grande famille Gruss. Enfin, à travers le Fonds de dotation Alexis Gruss, les chevaux arrivés à l'âge de la retraite bénéficient d’un environnement de qualité, tout en participant à des actions d’équithérapie et de médiation équine au service de publics en reconstruction ou en difficulté (autisme, isolement, cancer, incarcération, surcharge numérique…). Il est situé dans le parc du château de Crochant à Piolenc (Vaucluse) où la famille s'est installée en 1994 et qui est devenu sa propriété depuis janvier 2000.
C'est Maud Gruss qui dirige désormais la cavalerie et l'émotion sera à son comble à la fin du show quand elle recevra la médaille d'argent de l’Ordre du Mérite agricole des mains de la Colonel Marie-Audrey Leheup, commandant du régiment de cavalerie de la Garde républicaine. Cette décoration salue un parcours et une vie dédiée au travail, à des valeurs tant défendues par le fondateur de la compagnie.
Le moment passé dans le hall est l'occasion d'en apprendre davantage sur la famille, elle aussi photographiée par Yann Arthus-Bertrand. Plusieurs panneaux reprennent la chronologie de la vie d'Alexis Gruss devenu une légende de la piste dont il restera un pilier et dont l'empreinte est à jamais gravée dans l'histoire de cette famille exemplaire.
Pour avoir eu la chance de le voir diriger ses chevaux dans le superbe spectacle Quintessence, j'ai encore en mémoire l'apparente facilité avec laquelle il obtenait tout ce qu'il voulait … mais aussi qu'il ne faut relâcher la vigilance à aucun moment. Nul doute que son art inspirera encore de nombreuses générations.
Pour résumer son immense parcours il convient de rappeler qu'il est né en 1944 dans la caravane de sa grand-mère et qu'il a fait ses débuts devant le public à l'âge de 7 ans dans un numéro de voltige équestre, sur la piste du Radio-Circus. Il a connu en 1955, avec sa sœur Bella, son premier beau succès avec un pas de deux équestre. Il n'avait que 11 ans !
Il épouse Gipsy Bouglione en 1970. Nous la verrons tout à l'heure dans un moment musical. Ce fut le plus jeune directeur de cirque français à 27 ans. Il serait fastidieux de dresser la liste de ses médailles. Je ne citerai que le Grand Prix National du Cirque en 81, Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 84, évidemment Chevalier de l'ordre du Mérite agricole, mais aussi Chevalier de la Légion d'honneur en 98 …
Il avait créé le Cirque à l'Ancienne qui s'est produit à partir de 1974 dans la cour de l'hôtel Salé à Paris et qui a fait l'inauguration du Centre Beaubourg en 1977. Il se produira à Berlin, Venise et même dans le cadre du Festival d'Avignon en 1989. Il fut l'organisateur de la première biennale des arts du cirque à Lyon en février 1995.
C'est encore la famille Gruss que l'on voit à l'oeuvre dans le film de Claude Lelouch, Itinéraire d'un enfant gâté (1987). Hélas le coeur de ce travailleur "infatigable" a lâché le 6 avril 2024.
N'ayant pas été autorisée à prendre des photos pendant le spectacle je vais simplement insister sur les points les plus importants avant de revenir sur le "pré-show" où là, nous avions toute latitude.
Sur la piste, acrobates, musiciens, écuyers, équilibristes, jongleurs, chanteurs et comédiens vont se succéder en incarnant leur propre rôle : celui d’artistes en pleine création qui cherchent, tentent, inventent et finissent par donner vie à un spectacle magnifique.
Cette nouvelle édition des Folies Gruss un un peu différente. Pauline prend le micro pour nous en expliquer le concept inédit, disons plus moderne, avec une comédie musicale équestre qui continuera néanmoins à raconter l'histoire de la famille autour de la question universelle de la transmission. Gipsy annonce que le temps de la retraite est venu pour elle qui a tant oeuvré à insuffler une dynamique saltimbanque au fil, en jonglage, au trapèze … Quel héritage !
Stephan Gruss en a écrit chaque réplique. Il a supervisé la composition de chaque mélodie, de chaque chanson, imaginé chaque tableau. Après l'ouverture sur un carrousel époustouflant par les 50 chevaux nous allons assister à une conversation vivante entre les générations où chaque scène révèle un pan du patrimoine familial. Bien entendu chaque chanson est interprétée en direct, nouvelle chanteuse Margot Soria, sur des musiques composées spécialement pour la saison et exécutée en live par l'orchestre.
Acrobates, musiciens, écuyers, équilibristes, jongleurs, chanteurs et acteurs se succèderont et nous toucheront en plein coeur.
Le numéro d'échelle existe depuis une quarantaine d'années mais cette fois il est encore plus spectaculaire en duo, s'achève en apothéose, avec une note d'humour à laquelle nos n'étions (pas encore) habitués. Plus tard le numéro des deux clowns sera agréablement divertissant. Le tir à l'arc combiné avec des flammes nous a grandement impressionnés. L'agilité des jongleurs (on reconnait l'esprit de Gipsy dans leur travail) est remarquable. Les acrobaties des deux frères Gruss, dignes fils d'Alexis, sur un frison et un arabe sont époustouflantes. Alexander Malachikhin nous a sidéré dans son numéro de sangles comportant un grand écart à une vingtaine de mètres au-dessus du sol.
Voir à la corde lisse et à la corde volante la sixième génération était émouvant. Jeanne Gruss, la fille de Firmin, a présenté un numéro très original et Pauline Mikolaczyk que j'avais également admirée dans le pré-show est une artiste incroyable. J'ai aussi beaucoup aimé les femmes en jockey. Et mention spéciale encore à une femme, Svetlana Lobova Gruss, ancienne nageuse artistique de l'équipe nationale russe, épouse de Firmin et acrobate émérite, capable aussi de nous faire sourire avec son humour. Il faudrait aussi citer Gloria, Célestine ou Venecia …
Personne ne doutera qu'ils ont tous intégré le mot d'ordre du patriarche : répéter, répéter, répéter ! Et sac formule : Sers-toi de ta tête, pas de tes muscles, sinon tu vas perdre …
Maud semble ne pas diriger les 6 frisons qui reculent devant l'immense cheval blanc dressé sur ses pattes. Ce numéro, emblématique du travail de son père, est présenté à la perfection. Personne n'en aurait d'ailleurs douté.
J'ai également apprécié un moment musical évoquant les Tambours du Bronx en apportant une touche de modernité. Et le final est égal à mon souvenir. Magique.
Remontons dans le temps pour vous faire revivre ce moment si particulier du "pré-show" qui a commencé par l'installation dans un chapiteau dédié, à une table ronde pouvant accueillir 2 à 4 personnes, recouverte d'une vraie nappe en tissu, impeccablement repassée. Le service est digne d'un restaurant alors que les conditions d'exercice sont difficiles. L'espace est immense. La cuisine "campe" sous une toile. J'aurai à coeur de saluer le chef à la fin. Bravo à lui et à son équipe.
On apprécie une flute d'un très bon champagne précédent une première entrée, des huitres d'Oléron, un bonheur pour moi qui suis tant attachée à cette île.
Un muscat sec, IGP Coteaux de Béziers, médaillé du Concours général agricole nous servi ensuite et je pense que prochainement je vous proposerai un accord spécial mets-vin avec cette cuvée.
Il accompagna parfaitement l'excellente tourte aux petits légumes qui a suivi.
Changement de couleur avec L’Entre 2 Fleuves des Terres Hautes, un IGP Languedoc Rouge, lui aussi médaillé du Concours Général agricole en 2025, composé de Syrah 80 % et Grenache Noir 20 %. Sa récolte en en légère surmaturité lui confère un bouquet d'arômes très intéressant et une jolie puissance. Il va de soi que ces breuvages doivent être consommé est tue modération.
Parfait sur une joue de boeuf longuement mijotée, fagot d'haricots verts et polenta.
Le dessert aurait mérité qu'on ait conservé un peu du muscat sec … mais venait-on surtout pour l'aspect gastronomique ou circassien ? Le dîner a été ponctué d'intermèdes musicaux fort réussis, dans un esprit cabaret, sous la houlette de Stéphane Gruss, maitre de cérémonie.
Il a commencé par un standard de jazz avant que la charmante (et talentueuse) nouvelle chanteuse des Folies, Margot Soria, ne poursuive en reprenant le célèbre "Rendez-vous" de Stromae.
Et je peux vous dire que son interprétation de Marcia Baïla, est une titre culte des Rita Mitsouko, sorti en 1984 sur leur premier album, a provoqué une furieuse envie de danser. Beaucoup de convives se sont alors levés.
Jeanne Gruss, la fille de Firmin, nous a offert un très élégant numéro de cerceau. Et Pauline Mikolaczyk m'a convaincue que la pole dance pouvait avoir sa place dans les Folies.
Il faut dire qu'elle est autant danseuse (elle a entre autres travaillé avec Carolyn Carlson comme avec Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, comme au Crazy Horse sous la direction de Philippe Decoufle).
Son numéro est magnifique. Il faut retenir son nom ! Le pré-show va bientôt s'achever. On écoute avec plaisir, été peut-être avec nostalgie pour certains un titre signé paroles et musique par Charles Aznavour en 1957, "Pour faire une jam".
Nous écouterons encore Gipsy Gruss à l'accordéon, Firmin au tambourin, Charles au trombone, car on est tous musiciens dans la famille.
De toute évidence chacun donne envie de le retrouver pour échanger quelques mots. C'est un des intérêts de l’after-show. Mais entre temps on aura laissé les artistes se changer de costume et se préparer pour le grand spectacle.
Je voudrais ajouter qu’une allée du 15ᵉ arrondissement rendra bientôt hommage au fondateur de la Compagnie. La plaque au nom d’Alexis Gruss sera dévoilée le mardi 25 novembre à 15 h, à l’allée du Parc Georges-Brassens (entre la rue Brancion et le Théâtre Silvia-Monfort). On imagine combien cet événement, rendu possible grâce au soutien de la Mairie du 15ᵉ et de la Ville de Paris, représentera une grande émotion pour la famille Gruss. D'autant que l'endroit n'a pas été choisi par hasard puisque c'est avec Silvia Monfort qu'Alexis avait voulu et pensé le Conservatoire des Arts du Cirque et du Mime, qui ouvrit en octobre 74.
52e création des Folies Gruss
Mise en scène : Stephan Gruss
Scénographie et création lumière : Grégory Antoine
Direction musicale : Sylvain Rolland - Stephan Gruss
Co-composition : Margot Soria - Massimo Murgia - Cyril Moret - Julien Teissier
Costumes : Sylvain Rigault
Chorégraphie : Grégory Garell
Avec Gipsy Gruss - Stephan Gruss - Firmin Gruss - Svetlana Gruss - Maud Gruss - Pauline Mikolaczyk - Alexandre Gruss - Olivia Gruss - Charles Gruss - Jeanne Gruss - Célestine Gruss - Gloria Florees - Venecia Florees - Alexander Malachikhin
Chanteuse : Margot Soria
Musiciens : Sylvain Rolland - Massimo Murgia - Cyril Moret - Julien Teissier- Pascal Balzano - Christophe Gonnet - Nicolas Sausseau - Ivan Kapok
Depuis le 19 octobre 2025 et jusqu'au 29 mars 2026
Carrefour des Cascades 75016 Paris
Du jeudi au samedi à 21h, les samedis et dimanches à 15h,
tous les jours pendant les vacances scolaires à 15h et 21h
Représentations supplémentaires tout au long de la saison.
Réservations et informations :
Service billetterie Paris au 01 45 01 71 26 et billetterie@alexis-gruss.com































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