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mercredi 18 septembre 2013

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve

Elle s'en va a été projeté au festival Paysages de cinéastes de Chatenay-Malabry (92) en avant-première de sa sortie nationale qui est programmée aujourd'hui.

C'est le nom de l'actrice principale que l'on va retenir. Forcément, la majorité des acteurs du film ne sont pas des professionnels. Mais quels talents ! Aucun ne démérite en face de Catherine Deneuve.

Ce n'est pas mon actrice préférée, et ce n'est pas elle que j'aurais choisie. Elle m'a semblé plus crédible en cougar qu'en chef de cuisine. Mais je salue son aptitude à paraitre naturelle tout au long de ce périple et à faire oublier qu'elle est une comédienne en face de personnes n'ayant aucune référence ni technique.

Emmanuelle Bercot a conçu un road-movie féminin, presque féministe, optimiste en diable, drôle sans être jamais misérabiliste, nous démontrant que même au fond du trou il est urgent de ne pas perdre espoir. Ce n'est que du cinéma ... mais la conjugaison d'un personnage fictionnel, Betty, avec des personnes réelles, comme vous et moi, donne un accent de vérité formidable, même si les situations demeurent inventées et scénarisées.

Un couple de langoustes bataille dans l'aquarium d'un restaurant d'un village ayant un air de décor de cinéma. L'action démarre en Bretagne, région d'origine de la réalisatrice. Bettie, la soixantaine, ne s'engagera pas dans un combat. C'est drôle de l'entendre prétendre être une poule accrochée à son rocher.  Comme de la regarder davantage comme une fille que comme une maman. La perfidie de son odieuse mère (Claude Gensac) et les soucis exponentiels s'accumulent. La voici abandonnée par son amant et le restaurant familial est en péril. Que faire de sa vie ? Elle part acheter des cigarettes, comme un homme, autrefois allait chercher des allumettes ... avant de s'évanouir dans la nature.

Elle dit je reviens, en fonçant vers sa voiture, sans prendre le temps de boucler la ceinture de sécurité. Nous l'avons tous remarqué en projection et ce détail, récurrent dans le film, va en énerver plus d'un.  Le détail a échappé à la script comme à la réalisatrice qui a pourtant tourné un spot pour la Sécurité routière. Un comble ! Emmanuelle plaide coupable sur ce point, comme sur l'apologie du tabac dont elle a conscience que ce n'est pas politiquement correct par les temps qui courent. Mais quel autre prétexte imaginer pour justifier le départ ?

Les paroles de la chanson de Hairspray que l'on entend alors, I know where I have been, suggèrent qu'il y aura une lumière possible au bout de la route.

Le périple sera long, prétexte à une dizaine de rencontres, toutes savoureuses pour nous spectateurs, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils. La chanteuse Camille, choisie pour son débit de paroles si dense et pourtant naturel, joue la fille, le peintre Gérard Garouste le futur compagnon, prodigieux lui aussi. Son interprétation est d'autant plus touchante quand on connait sa personnalité. Il avait livré un témoignage authentique dans une autobiographie il y a quatre ans, sous le titre de l'Intranquille. Une carrière d'acteur s'est ouverte pour l'un comme pour l'autre.

Quelques scènes deviendront culte comme celle qui nous montre un vieil agriculteur roulant une cigarette avec ses doigts perclus de rhumatismes dans sa propre maison, au sol en terre battue comme il y a cent ans, en évoquant le souvenir de sa fiancé perdue. Aucun scénariste ne pourrait rêver meilleurs dialogues. Les mots n'ont même pas eu besoin d'être écrits. La réalité est plus forte que la fiction.

Emmanuelle Bercot avait pour objectif de porter de la joie, de la légèreté et de l'espérance. Pari tenu. C'est Claude Miller, à qui le film est dédié, qui serait fière de sa pouliche. La réalisatrice avait joué dans le film, la Classe de neige et était proche de lui dans la vie. Il est pour quelque chose dans l'optimisme et la force de vie qui se dégagent du film.

Son prochain projet se situe dans un univers radicalement différent, celui de la délinquance, à travers le point de vue d'un juge pour enfants et d'un éducateur. Elle s'est inspirée cette fois d'un oncle éducateur qui organisait des séjours de rupture avec des jeunes ... en Bretagne, évidemment.

Quant à Catherine Deneuve, je rappelle qu'elle est aussi à l'affiche dans un de ses premiers films, en version restaurée (cf billet du 29 mai 2013).

1 commentaire:

dasola a dit…

Bonsoir, j'ai enfin vu ce film samedi soir après avoir hésité. J'ai beaucoup apprécié l'ambiance, le jeu de Deneuve, de Gensac (irrésistible) et Mylène Demangeot. Un "road-movie" qui fait du bien. Bonne soirée.

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