Avec un prénom pareil, Cookie Allez ne pouvait que régaler son lectorat en l'emmenant dîner au Parc des saveurs, à Ville d'Avray, pour fêter les trois ans de mariage d'un couple. Ne cherchez pas le restaurant sur un guide. Le cadre est imaginaire, quoique assez ressemblant à beaucoup de ces lieux branchouilles où officient des brigades de chefs à la mode.
Elle nous place dans le cerveau de Sibylle dont elle tire les neurones avec un appétit féroce.
Nous regardons, sans pouvoir agir, un homme qui ne "verra jamais où est le problème".
Régis est bon vivant, trop bonne pâte, époux quasi idéal, père attentionné d'une Laure adulte immature ...
Qu'est-ce cloche donc avec ces plats raffinés ? La théâtralité du restaurant friserait-elle le mauvais goût ? Les vins seraient ils bouchonnés ?
Rien. Tout. Comme il faut bien un motif, on se focalisera sur le fameux mobile, cet all-in-one capable de répondre combien il y a d'individus sur terre à un instant T mais totalement incompétent pour alerter sur les sautes d'humeur de ceux qui se trouvent à 30 cm de lui.
Il peut prédire la pluie comme le beau temps mais la météo sentimentale n'est pas dans ses cordes. Pas encore soupirerons ceux qui croient au progrès.
Qu'est-ce cloche donc avec ces plats raffinés ? La théâtralité du restaurant friserait-elle le mauvais goût ? Les vins seraient ils bouchonnés ?
Rien. Tout. Comme il faut bien un motif, on se focalisera sur le fameux mobile, cet all-in-one capable de répondre combien il y a d'individus sur terre à un instant T mais totalement incompétent pour alerter sur les sautes d'humeur de ceux qui se trouvent à 30 cm de lui.
Il peut prédire la pluie comme le beau temps mais la météo sentimentale n'est pas dans ses cordes. Pas encore soupirerons ceux qui croient au progrès.
L'auteur place de savoureuses et judicieuses citations en exergue à chaque chapitre. Chacune fait réfléchir, de la première à la dernière :
Il y a une mortalité terrible chez les sentiments. Romain Gary
La vie est assez facile à définir dans son ensemble : une interminable addition de soustractions. Jacques Sternberg.
En passant par Un anglais a dit que le mariage est un long repas terne où le dessert est servi en premier. Julian Barnes
Au début du roman l'auteur nous apprend que Sibylle a depuis quelque temps, le coeur sensible, prompt à la nostalgie (p. 24) comme Louise de Vilmorin (qui, elle, a bel et bien existé), elle semble être née inconsolable (p. 70). Et surtout elle ne résiste jamais longtemps aux aspects symboliques des choses (p. 96). Sa technique pour affronter les soucis consiste à se retrancher dans son intériorité, ce que son conjoint interprète comme de la bouderie. (p. 118)
Très vite on surprend sa pensée obsessionnelle pour un certain François Duclos, laquelle pensée entre en vibration avec les simagrées du it-restaurant du jour. Les pages 77 et suivantes sont un modèle du genre.
L'auteur s'en prend aussi, on s'en serait douté, aux fanatiques séduits par l'Internet (vous aurez remarqué qu'on ne dit plus Internet mais l'Internet) et ce sont les pages 148 et suivantes qui sont les plus saignantes, à l'égard des agglutinés de la toile, le nez pris dans le filet ...
Les flash-backs surgissent au moindre tressaillement du téléphone. Sibylle se livre de plus en plus à mesure que Régis semble se dissoudre.
Cookie Allez revisite (verbe à la mode dans l'univers culinaire) la recette du triangle amoureux. C'est inattendu et vous pourrez consommer sans crainte et sans modération en version papier, tout en salivant sur une adaptation cinématographique qui serait une heureuse déclinaison.
Mobile de rupture de Cookie Allez, chez Buchet Chastel, sortie en librairie le 6 février 2014
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