Je m'étais résolue, pour faciliter les choses, m'alléger du poids d'une pile de bouquins, et aussi parce qu'il faut bien un jour consentir à accepter ce qu'on dit être un progrès, à glisser une liseuse numérique dans la valise qui allait accompagner mes vacances.
Je ne prenais pas trop de risques. C'était un emprunt que je faisais à la médiathèque. Les dernières nouveautés étaient censées y être enregistrées. Les choses se sont avérées un peu différentes. Je n'ai trouvé dans l'appareil que des titres que j'avais déjà lus à l'exception de Peine perdue d'Olivier Adam, titre prémonitoire en quelque sorte.
J'ai eu quelques difficultés à le digérer. Sur le plan pratique je veux dire parce que je ne suis pas habituée (et loin s'en faut) à ce type d'outil même si la possibilité de surligner des passages et de prendre des notes est appréciable. Dans l'idéal il faudrait pouvoir les récupérer ensuite sans devoir les recopier, mais ce n'est pas le sujet de ce billet. A propos du paradoxe à lire sur un objet numérique je vous renvoie d'ailleurs à la chronique que j'ai faite de La liseuse de Paul Fournel il y a deux ans. Je mesure à cet égard que j'ai peu évolué depuis ...
Le livre d'Olivier Adam (car je continue à employer ce mot) contient toutes les misères du monde. Le drame qui concerne une famille, comme la tempête qui ravage une station balnéaire. Tout y est. Le malheur qui touche un individu isolément fait des ricochets sur l'ensemble d'une communauté. L’un n’exclut d'ailleurs pas l’autre. Et personne n’est épargné.
C’est l’occasion de vingt-deux portraits en vingt-trois tableaux puisqu'Antoine ouvre et clôt la série. Cimentée de phrases brèves, énumératives, enfilées en chapelets qui forcent à méditer. Les mots jaillissent en flots continus, charriant une réalité sertie de rêves. L'auteur renonce souvent aux virgules pour sans doute davantage encore nous remuer nous secouer nous essouffler en quelque sorte.
On comprend vite qu'on a pénétré dans un monde déboussolé qui tournera en rond, un univers grinçant comme les machines conçues par Tinguely. Faudrait pouvoir renoncer à grimper dans une des nacelles de la grande roue de la vie. Vue d'en haut le ciel n'est qu'illusion, fausses promesses, et à peine somme nous au sommet qu'il faut redescendre. Il y a comme un vent de nostalgie qui nous berce nous balance. Il en faudrait peu qu'on bascule. Et dire qu'on aurait pu être heureux ...
Quelques extraits pour illustrer :
Parfois il vaut mieux savoir ce dont on est capable ou pas. (...) La vie à laquelle on voudrait prétendre est toujours trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles c'est l'infini qui revient à zéro. Au final ça passe. (Antoine chapitre 1 page 9)
Le bonheur donne des forces. C'est comme les épinards. (Antoine chapitre 22 page 264)
(des objets) Gardés pour rien ni personne, empaquetés comme autant de petits tombeaux successifs, emportant chaque âge comme autant d'enfants perdus qu'on ne reverra jamais. (...)
Peut-il seulement se projeter dans ce futur-là, privé de tout avenir ?
(Paul et Hélène chapitre 3 page 29 et 32)
Pour elle il est juste une parenthèse. (Marco chapitre 4 page 35)
Il y a des choses tellement absurdes qu'elles finissent par prendre une texture d'évidence inquestionnable.
(Coralie chapitre 6 page 56)
Une guerre barbare. Sans psychologie. (Serge chapitre 8 page 84)
Est-ce qu'on cesse un jour de s'apitoyer sur son sort ?
Il s'est laissé déborder. Il est perdu.
Son père a toujours été de ceux qui lisent les modes d'emploi en diagonale et s'étonnent après que leurs appareils ne fonctionnent pas comme ils voudraient. (Grindel chapitre 21 page 240-241 et 242)
Je ne prenais pas trop de risques. C'était un emprunt que je faisais à la médiathèque. Les dernières nouveautés étaient censées y être enregistrées. Les choses se sont avérées un peu différentes. Je n'ai trouvé dans l'appareil que des titres que j'avais déjà lus à l'exception de Peine perdue d'Olivier Adam, titre prémonitoire en quelque sorte.
J'ai eu quelques difficultés à le digérer. Sur le plan pratique je veux dire parce que je ne suis pas habituée (et loin s'en faut) à ce type d'outil même si la possibilité de surligner des passages et de prendre des notes est appréciable. Dans l'idéal il faudrait pouvoir les récupérer ensuite sans devoir les recopier, mais ce n'est pas le sujet de ce billet. A propos du paradoxe à lire sur un objet numérique je vous renvoie d'ailleurs à la chronique que j'ai faite de La liseuse de Paul Fournel il y a deux ans. Je mesure à cet égard que j'ai peu évolué depuis ...
Le livre d'Olivier Adam (car je continue à employer ce mot) contient toutes les misères du monde. Le drame qui concerne une famille, comme la tempête qui ravage une station balnéaire. Tout y est. Le malheur qui touche un individu isolément fait des ricochets sur l'ensemble d'une communauté. L’un n’exclut d'ailleurs pas l’autre. Et personne n’est épargné.
C’est l’occasion de vingt-deux portraits en vingt-trois tableaux puisqu'Antoine ouvre et clôt la série. Cimentée de phrases brèves, énumératives, enfilées en chapelets qui forcent à méditer. Les mots jaillissent en flots continus, charriant une réalité sertie de rêves. L'auteur renonce souvent aux virgules pour sans doute davantage encore nous remuer nous secouer nous essouffler en quelque sorte.
On comprend vite qu'on a pénétré dans un monde déboussolé qui tournera en rond, un univers grinçant comme les machines conçues par Tinguely. Faudrait pouvoir renoncer à grimper dans une des nacelles de la grande roue de la vie. Vue d'en haut le ciel n'est qu'illusion, fausses promesses, et à peine somme nous au sommet qu'il faut redescendre. Il y a comme un vent de nostalgie qui nous berce nous balance. Il en faudrait peu qu'on bascule. Et dire qu'on aurait pu être heureux ...
Quelques extraits pour illustrer :
Parfois il vaut mieux savoir ce dont on est capable ou pas. (...) La vie à laquelle on voudrait prétendre est toujours trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles c'est l'infini qui revient à zéro. Au final ça passe. (Antoine chapitre 1 page 9)
Le bonheur donne des forces. C'est comme les épinards. (Antoine chapitre 22 page 264)
(des objets) Gardés pour rien ni personne, empaquetés comme autant de petits tombeaux successifs, emportant chaque âge comme autant d'enfants perdus qu'on ne reverra jamais. (...)
Peut-il seulement se projeter dans ce futur-là, privé de tout avenir ?
(Paul et Hélène chapitre 3 page 29 et 32)
Pour elle il est juste une parenthèse. (Marco chapitre 4 page 35)
Il y a des choses tellement absurdes qu'elles finissent par prendre une texture d'évidence inquestionnable.
(Coralie chapitre 6 page 56)
Une guerre barbare. Sans psychologie. (Serge chapitre 8 page 84)
Est-ce qu'on cesse un jour de s'apitoyer sur son sort ?
Il s'est laissé déborder. Il est perdu.
Son père a toujours été de ceux qui lisent les modes d'emploi en diagonale et s'étonnent après que leurs appareils ne fonctionnent pas comme ils voudraient. (Grindel chapitre 21 page 240-241 et 242)
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