Je suis allée voir Nuits blanches d’après la nouvelle Sommeil de Haruki Murakami, publiée chez Belfond (et 10-18), avec Nathalie Richard, curieusement après avoir moi-même mal dormi.
Mon esprit flottait, état idéal pour aborder un texte d'Haruki Murakami. Mais face au jeu de l'artiste, à la fois chaleureuse, intimiste, reflète bien un univers qui n'est pas si simple à traduire. On retrouve les deux états, l'imaginaire, l'irréel et une forme de présent, avec des incursion de quotidien comme le praliné qui croque sous la dent à l'intérieur d'une génoise.
Simplement, je ne dors plus, annonce-t-elle avec le sourire. Quand nous disons cela, en général cela veut dire que nous avons "mal" dormi. On s'est retourné dans notre lit quelques minutes et on a conclu qu'on avait passé une nuit blanche. Pour elle c'est une autre affaire. Elle ne dort plus du tout. Et cela dure depuis 17 jours ... 17 nuits. Forcément cela va finir mal, très mal, dans une boite qui la secoue et que l'on devine être son tombeau.
Elle creuse et on la regarde avec fascination. Partagé par l'empathie, apeuré par la folie qui nimbe. Soulagé de rire quand elle nous confie que la tête de son mari est "étrange" alors que c'est elle qui se sent dans cet état.
Il arrive que tout ne tourne pas comme on veut. On se sent coincée ...
C'est tellement juste que nous sommes fin prêts à plonger avec elle dans ce qui est, il faut le convenir, un délire qui ne peut que (très) mal se terminer.
Jusqu'à présent elle fait du sport, aime la musique, semble raisonnable, pas dépensière pour deux sous ... (On va pas utiliser cet argent pour s'amuser de toute façon). Se découvre une passion pour Anna Karénine et Dostoviewsky.
Jusqu'à présent elle fait du sport, aime la musique, semble raisonnable, pas dépensière pour deux sous ... (On va pas utiliser cet argent pour s'amuser de toute façon). Se découvre une passion pour Anna Karénine et Dostoviewsky.
La comédienne est époustouflante. Elle déroule le film de la vie de son personnage, relate les moments de bonheur, il y a déjà quelques années. On devine que de minuscules rituels ont été installés comme jalons pour endiguer la morosité du quotidien. On la suit comme le ferait une confidente, sans chercher à démêler le vrai du faux ... Car enfin comment peut-on vivre encore après 17 jours d'insomnie ?
Qu'importe ! Quand on connait Murakami on a appris à accepter que le rêve s'infiltre dans la réalité.
Qu'importe ! Quand on connait Murakami on a appris à accepter que le rêve s'infiltre dans la réalité.
C'est ça la réalité, les traces de pas qu'on laisse, qui s'en soucie ?
Nuits blanches de Haruki Murakami au Théâtre de l'Oeuvre
55 rue de Clichy, 75009 Paris, tel : 01 44 53 88 88
Jusqu'au 25 janvier 2015
Du mardi au vendredi à 19h, samedi à 16h et dimanche à 18h.
Avec Nathalie Richard
Adaptation et mise en scène Hervé Falloux
Texte français de Corinne Atlan
Décor et costume Jean-Michel Adam
Lumière Philippe Sazerat
Le spectacle se joue jusqu'au 25 janvier
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Dunnara Meas
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire