Vous devez vous souvenir que je vous ai fait visiter l'atelier de Willy's, spécialisé à Caussade dans le chapeau féminin.
Voici son pendant masculin, avec la société Crambes, qui demeure le principal fabricant français de chapeaux et casquettes pour hommes.
Je suis allée dans l'entreprise créée en 1946 par Auguste Crambes à Caussade en Tarn et Garonne (82) où on élabore toujours deux collections par an, printemps/été et automne/hiver.
J'ai compris les techniques de fabrication et sans pouvoir les reproduire moi-même avec une simple machine à coudre je regarde, depuis, les chapeaux d'un autre oeil. Quelle n'a pas été ma surprise à mon retour de constater qu'il y avait un chapeau Crambes dans ma garde-robe, hérité sans doute de mon père, avec le noeud qui cache le raccord.
Le nom n'est connu qu'à l'intérieur de la profession. Alors que Borsalino comme Stetson ont réussi à associer leur nom à une forme particulière, un peu comme Frigidaire qui fut longtemps un terme pour désigner un réfrigérateur.
Pour Borsalino, c’est en 1857 que dans un modeste atelier Giuseppe Borsalino a conçu un chapeau dont le feutre est fabriqué en poils de lapin. Le modèle le plus emblématique sera le Fedora, porté pendant la Prohibition aux États-Unis, et qui deviendra le chapeau de gangsters par excellence.
Vous me suivez dans cette industrie ?
Pour faire un tel objet il faut d'abord du tissu. Il arrivait autrefois essentiellement du Sud-Ouest, précisément de Castres. Il en arrive encore de France mais aussi malheureusement de toute l'Europe et en particulier du Portugal.
Ce tissu est d'abord collé à froid sur un support de liège. Une machine permet l'encollage recto verso, prenant en quelque sorte le liège en sandwich entre deux couches de tissu. C'est dans cette matière que l'on découpera le bord du couvre-chef, lequel doit être plus ferme et résistant à l'eau.
Un ouvrier balade le pistolet à colle de gauche à droite au travers d'une fenêtre tandis que son collègue ajuste les rouleaux de matières de l'autre coté.
On emploie encore des emporte-pièces pour découper "en matelas" des morceaux identiques qui seront ultérieurement assemblés.
Les lames, auparavant en fer forgé, sont désormais en acier. Une presse assure la découpe. Le temps où l'on effectuait toutes les tailles est révolu. On se limite à 4 : S, M, L et XL que l'on appelle Petit, Moyen Grand et Extra Large.
Il est temps maintenant de coudre. Aujourd'hui c'est un tissu fourni par la maison Hermès, dans deux coloris différents, orange et gris et noir et gris. La maison donne un croquis et Crambes interprète pour donner vie au modèle qui est demandé. Les ouvrières travaillent par deux. On les désigne sous le nom de calotteuses. La calotte est toujours travaillée séparément du bord, lequel est plus épais comme on vient de le voir.
L'impression de tissu à jet d'encre permet d'acheter des tissus en petite quantité, 5 mètres par exemple, pour fabriquer quelques modèles seulement.
La surpiqure du bord exige beaucoup de savoir-faire. On a l'impression de voir des cercles concentriques mais la piqure est unique, s'effectuant en un unique cercle un peu à l'instar d'un microsillon en tirant constamment sur le tissu pour lui donner une forme plate, sans aucun pli.
Il faudra au total 20 à 30 opérations avant d'arriver au résultat final. Un voile de plastique et un morceau de mousse sera intercalé entre chaque pour protéger l'objet de la poussière et des salissures.
S'agissant de la paille elle est reçue sous forme de cloche. Cela fait très longtemps qu'on ne la coud plus ici. Elle arrive de Chine, parfois du Vietnam. C'est le palmier toquila qui sert à faire des modèles qu'on appelle Panama.
On remarque une différence de gamme entre celui qui est tressé à la main en Equateur (il est d'ailleurs estampillé Ecuador) et les autres, beaucoup plus fins qui proviennent de Colombie. C'est frappant lorsqu'ils sont cote à cote.
On moule et on termine la paille, comme on le fera avec le feutre de laine ou de poils de bêtes (c'est alors un feutre véritable). Des dizaines de cloches attendent leur passage en machine sur des formes en fonte d'aluminium chauffées au gaz. C'est l'air comprimé qui vient plaquer le chapeau contre la forme.
J'ai compris les techniques de fabrication et sans pouvoir les reproduire moi-même avec une simple machine à coudre je regarde, depuis, les chapeaux d'un autre oeil. Quelle n'a pas été ma surprise à mon retour de constater qu'il y avait un chapeau Crambes dans ma garde-robe, hérité sans doute de mon père, avec le noeud qui cache le raccord.
Le nom n'est connu qu'à l'intérieur de la profession. Alors que Borsalino comme Stetson ont réussi à associer leur nom à une forme particulière, un peu comme Frigidaire qui fut longtemps un terme pour désigner un réfrigérateur.
Pour Borsalino, c’est en 1857 que dans un modeste atelier Giuseppe Borsalino a conçu un chapeau dont le feutre est fabriqué en poils de lapin. Le modèle le plus emblématique sera le Fedora, porté pendant la Prohibition aux États-Unis, et qui deviendra le chapeau de gangsters par excellence.
Vous me suivez dans cette industrie ?
Pour faire un tel objet il faut d'abord du tissu. Il arrivait autrefois essentiellement du Sud-Ouest, précisément de Castres. Il en arrive encore de France mais aussi malheureusement de toute l'Europe et en particulier du Portugal.
Ce tissu est d'abord collé à froid sur un support de liège. Une machine permet l'encollage recto verso, prenant en quelque sorte le liège en sandwich entre deux couches de tissu. C'est dans cette matière que l'on découpera le bord du couvre-chef, lequel doit être plus ferme et résistant à l'eau.
Un ouvrier balade le pistolet à colle de gauche à droite au travers d'une fenêtre tandis que son collègue ajuste les rouleaux de matières de l'autre coté.
On emploie encore des emporte-pièces pour découper "en matelas" des morceaux identiques qui seront ultérieurement assemblés.
Les lames, auparavant en fer forgé, sont désormais en acier. Une presse assure la découpe. Le temps où l'on effectuait toutes les tailles est révolu. On se limite à 4 : S, M, L et XL que l'on appelle Petit, Moyen Grand et Extra Large.
Il est temps maintenant de coudre. Aujourd'hui c'est un tissu fourni par la maison Hermès, dans deux coloris différents, orange et gris et noir et gris. La maison donne un croquis et Crambes interprète pour donner vie au modèle qui est demandé. Les ouvrières travaillent par deux. On les désigne sous le nom de calotteuses. La calotte est toujours travaillée séparément du bord, lequel est plus épais comme on vient de le voir.
L'impression de tissu à jet d'encre permet d'acheter des tissus en petite quantité, 5 mètres par exemple, pour fabriquer quelques modèles seulement.
La surpiqure du bord exige beaucoup de savoir-faire. On a l'impression de voir des cercles concentriques mais la piqure est unique, s'effectuant en un unique cercle un peu à l'instar d'un microsillon en tirant constamment sur le tissu pour lui donner une forme plate, sans aucun pli.
Il faudra au total 20 à 30 opérations avant d'arriver au résultat final. Un voile de plastique et un morceau de mousse sera intercalé entre chaque pour protéger l'objet de la poussière et des salissures.
S'agissant de la paille elle est reçue sous forme de cloche. Cela fait très longtemps qu'on ne la coud plus ici. Elle arrive de Chine, parfois du Vietnam. C'est le palmier toquila qui sert à faire des modèles qu'on appelle Panama.
On remarque une différence de gamme entre celui qui est tressé à la main en Equateur (il est d'ailleurs estampillé Ecuador) et les autres, beaucoup plus fins qui proviennent de Colombie. C'est frappant lorsqu'ils sont cote à cote.
On moule et on termine la paille, comme on le fera avec le feutre de laine ou de poils de bêtes (c'est alors un feutre véritable). Des dizaines de cloches attendent leur passage en machine sur des formes en fonte d'aluminium chauffées au gaz. C'est l'air comprimé qui vient plaquer le chapeau contre la forme.
Les casquettes sont fabriquées selon le même principe du formage, mais en suivant une technologie qui est propre à la Société Crambes. Cet objet revient en force. Et ce ne sont pas les prestations de Lilian Renaud dans The Voice qui vont contredire cette mode heureuse.
J'ai vu en avant-première la collection hiver 2014-2016. Les tissus expriment un vrai changement en terme de couleurs. Et les casquettes représentent la moitié de la production.
Thierry Fresquet, le PDG de la Société, a une jolie formule : le chapeau est un parapluie qui laisse les mains libres. C'est aussi vrai de la casquette.
Il se souvient de beaucoup d'anecdotes. Ainsi, au cours de son premier séjour à New York il remarque dans la rue une forme de chapeau très populaire, en coton, dont il achète un exemplaire. De retour à Caussade il demande à son fabricant de fonte de lui faire une forme identique. Ce modèle dit Safari a été vendu par millier en feutre et en coton.
Ce sont 100 à 120 000 unités qui sont fabriquées ici chaque année par une soixantaine d'employés. 8 commerciaux sur la France et 9 agents sur l’export vers l'Espagne, Italie, Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique, Pays bas, Angleterre, ainsi qu’en Corée au Japon, aux Etats unis et au Chili.
Ils assurent le développement et rencontrent quotidiennement les chapeliers. On m'a raconté qu'on leur prêtait autrefois un chapeau pour qu'ils ne soient pas ridicules au cours de leurs démarches. Une pancarte atteste de la coutume à l'entrée du show-room.
La formation dans le métier n'existe plus et pourtant le marché existe toujours bel et bien. Il demeure important mais le prix fait souffrir la fabrication française. Un chapeau se vend dans une chapellerie du Sud-Ouest entre 60 et 120 euros, 150 à 200 pour un feutre de poils. On est loin des prix affichés par les marques de luxe évidemment. Allez voir chez Hermès et comparez !
Crambes a été créée il y aura bientôt 70 ans, en 1946 par Auguste Crambes, le grand-père du PDG actuel. Cet ouvrier paysan de la Haute Vallée de l'Aude spécialisée dans le feutre de laine était arrivé ici pour y acheter du matériel d'occasion.
Son idée de départ était de s'installer en chambre à Toulouse. On lui proposa les machines à coudre, les presses à former, en lui permettant d'acheter la matière première au fur et à mesure de ses besoins. Il a eu une fille, la mère de Thierry Fresquet dont le mari est devenu chapelier par alliance et par choix.
Le petit-fils a réussi à maintenir le niveau de qualité. Crambes est réputée pour la qualité de sa fabrication et est naturellement labellisée "Entreprise du patrimoine vivant". De grandes marques comme des créateurs émergents lui confient la réalisation de modèles haut de gamme. Elle est capable de réaliser la création, la conception le patronage et la gradation de tous types de chapeaux et casquettes.
42, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny
82300 Caussade
Téléphone : 05 63 65 07 07 ou 05 63 65 09 72
Fax : 05 63 65 07 10
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