Annabella (Dommage que ce soit une putain) est un spectacle déroutant. On aime ou on déteste ... quoique, on peut aussi ressortir de la salle Copi un peu sonné(e) et se dire le lendemain que l'on reviendrait bien la revoir.
Difficile de croire que la pièce a été écrite en 1626. Comme il est incroyable de penser que le Don Juan qui se joue en parallèle salle Serreau n'est plus jeune que de 40 ans. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux histoires d'amour impossible, dont la seule issue est la mort puisque aucun des protagonistes ne consent à se rétracter.
Frédéric Jessua en a écrit (avec Vincent Thépaut) une nouvelle traduction et fait l'adaptation. Il signe aussi la mise en scène. Tous les deux jouent également. le moins qu'on puisse conclure est qu'ils se sont considérablement investis dans cette histoire d'amour impossible ... et consommée.
John Ford est un des derniers dramaturges élisabéthains. Shakespeare a déjà écrit son Roméo et Juliette. Il faut une intrigue plus forte encore pour provoquer un choc dans le public habitué à l'adultère, la folie, la vengeance et les affaires de famille compliquées.
Annabella pousse le principe à son comble : aucune promesse n’est honorée, aucune loi respectée, pas même l’interdit majeur, celui de l’inceste. Enceinte de son frère Giovanni qui est éperdument amoureux d’elle, Annabella épouse un de ses soupirants, Soranzo, lequel découvrant son infidélité se met à la recherche de l’amant. Averti d’un guet-apens, Giovanni médite sa vengeance…
La scénographie de Charles Chauvet place les acteurs dans une sorte de squat abondamment taggué, noir, rouge et blanc. Les costumes sont contemporains et apportent quelques notes de couleur vives. le modernisme n'empêche pas du tout le metteur en scène de respecter chacun des codes du théâtre élisabéthain. Le public est assis sur des gradins disposés en U, autour du dispositif scénique, donc extrêmement proche des comédiens.
Des machineries sont utilisées pour provoquer des effets, souvent comiques puisque le spectateur doit régulièrement balancer entre le rire et la peur. Un étage domine la scène pour évoquer ce qui se passe en coulisses, hors la vue directe. Et bien entendu les scènes les plus terribles sont cachées, sans dispenser les spectateurs d'en vivre l'horreur.
Cette proximité est à double tranchant si je puis dire. On peut considérer théâtralement la pièce comme une parodie parce que ce sont des anglais protestants qui racontent les atermoiements d'italiens catholiques. On peut aussi l'estimer "trop" noire, sanglante, jusqu'à l'outrance, même si on mesure combien elle est fidèle à la volonté de John Ford.
A l'instar du Don Juan de Molière, nous étions prévenus d'emblée puisque avec le ciel on ne plaisante pas. Giovanni (vous remarquerez à propos la proximité de nom) ne cèdera pas : mon destin sera mon seul Dieu !
La musique est très présente et il faut saluer la compétence des comédiens à l'interpréter. La qualité de leur jeu est d'ailleurs aussi à souligner.
Le choix de la chanson des Moody Blues, Nights In White Satin, est parfait pour exprimer le désarroi des amants. Dommage ... que le contexte actuel et la montée des violences que nous subissons depuis quelques mois agisse comme un paravent. Je suis peut-être encore sous l'influence de ma dernière lecture, Pretty girls ... (chroniquée hier). La dernière scène, quand le frère arrache le coeur de sa soeur n'est pas simplement suggérée. Est-ce nécessaire de le brandir presque palpitant ?
Sur le moment c'est insoutenable. Mais le lendemain, on se souvient des dernières paroles : il est humain de vouloir se venger. Il est divin de pardonner.
Frédéric Jessua en a écrit (avec Vincent Thépaut) une nouvelle traduction et fait l'adaptation. Il signe aussi la mise en scène. Tous les deux jouent également. le moins qu'on puisse conclure est qu'ils se sont considérablement investis dans cette histoire d'amour impossible ... et consommée.
John Ford est un des derniers dramaturges élisabéthains. Shakespeare a déjà écrit son Roméo et Juliette. Il faut une intrigue plus forte encore pour provoquer un choc dans le public habitué à l'adultère, la folie, la vengeance et les affaires de famille compliquées.
Annabella pousse le principe à son comble : aucune promesse n’est honorée, aucune loi respectée, pas même l’interdit majeur, celui de l’inceste. Enceinte de son frère Giovanni qui est éperdument amoureux d’elle, Annabella épouse un de ses soupirants, Soranzo, lequel découvrant son infidélité se met à la recherche de l’amant. Averti d’un guet-apens, Giovanni médite sa vengeance…
La scénographie de Charles Chauvet place les acteurs dans une sorte de squat abondamment taggué, noir, rouge et blanc. Les costumes sont contemporains et apportent quelques notes de couleur vives. le modernisme n'empêche pas du tout le metteur en scène de respecter chacun des codes du théâtre élisabéthain. Le public est assis sur des gradins disposés en U, autour du dispositif scénique, donc extrêmement proche des comédiens.
Des machineries sont utilisées pour provoquer des effets, souvent comiques puisque le spectateur doit régulièrement balancer entre le rire et la peur. Un étage domine la scène pour évoquer ce qui se passe en coulisses, hors la vue directe. Et bien entendu les scènes les plus terribles sont cachées, sans dispenser les spectateurs d'en vivre l'horreur.
Cette proximité est à double tranchant si je puis dire. On peut considérer théâtralement la pièce comme une parodie parce que ce sont des anglais protestants qui racontent les atermoiements d'italiens catholiques. On peut aussi l'estimer "trop" noire, sanglante, jusqu'à l'outrance, même si on mesure combien elle est fidèle à la volonté de John Ford.
A l'instar du Don Juan de Molière, nous étions prévenus d'emblée puisque avec le ciel on ne plaisante pas. Giovanni (vous remarquerez à propos la proximité de nom) ne cèdera pas : mon destin sera mon seul Dieu !
La musique est très présente et il faut saluer la compétence des comédiens à l'interpréter. La qualité de leur jeu est d'ailleurs aussi à souligner.
Le choix de la chanson des Moody Blues, Nights In White Satin, est parfait pour exprimer le désarroi des amants. Dommage ... que le contexte actuel et la montée des violences que nous subissons depuis quelques mois agisse comme un paravent. Je suis peut-être encore sous l'influence de ma dernière lecture, Pretty girls ... (chroniquée hier). La dernière scène, quand le frère arrache le coeur de sa soeur n'est pas simplement suggérée. Est-ce nécessaire de le brandir presque palpitant ?
Sur le moment c'est insoutenable. Mais le lendemain, on se souvient des dernières paroles : il est humain de vouloir se venger. Il est divin de pardonner.
Annabella (Dommage que ce soit une putain) d'après John Ford
Traduction et adaptation Frédéric Jessua et Vincent Thépaut
Du 18 mars au 17 avril 2016
Théâtre de la Tempête - salle Copi
Cartoucherie de Vincennes - Route du Camp de Manoeuvre- 75013 Paris
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
Mise en scène Frédéric Jessua
Avec Justine Bachelet, Elsa Grzeszczak, Tatiana Spivakova, Jean Claude Bonnifait, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou, Vincent Thépaut et Harrison Arévalo
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © C. Chauvet
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