Ne pas monter bien haut peut-être mais tout seul! Tel était le credo de Cyrano de Bergerac. David Dimitri reprend la formule en marchant à 15 mètres au-dessus du vide. Tout seul, en parfait homme-orchestre, pardon homme-cirque.
La contrainte rend créatif. David Dimitri n'avait pas assez d'argent pour engager une troupe. C'est comme ça que l'idée de faire un cirque à lui tout seul a germé. Il s'en amuse : Je suis le directeur d'un cirque dont je suis le seul artiste.
Après plus de 1000 représentations il ne regrette rien et affirme au contraire qu'il est dans son élément, nullement gêné de conduire le semi-remorque de trente tonnes de matériel.
Inscrit résolument dans la mouvance de ce qu'on appelle le Nouveau Cirque, il a conçu pour le chapiteau qu'il a acheté il y a dix ans un spectacle où la poésie et l'humour sont les balanciers du danger.
Funambule, acrobate, musicien, régisseur, clown évidemment, dresseur, magicien, il sait tout faire. On se sent tout de suite invité chez lui. Il a le sens du dialogue sans pour autant prononcer un mot, ce qui doit être fort pratique quand il est en tournée dans un pays dont il ne parle pas la langue.
Sa spécialité, car il en a une, c'est le fil-de-fer. Cet homme qui pourrait se perdre dans les nuages en répondant à l'appel de ce grand bleu là, commence naturellement par se chausser correctement. Il ne s'y prend pas comme vous et moi. Il enfile et lace ses chaussures en courant sur un tapis roulant, histoire d'éprouver son sens de l'équilibre.
C'est que ça ? interroge un petit garçon, sans doute habitué à davantage de difficulté.
Le tapis passe à la vitesse supérieure et l'homme-cirque-régisseur lance le Tango Lunaire de Lalo Schifrin. Il mime la défaite, culbute, toujours sur la courte distance de son tapis et termine en marchant sur les mains. Faire cela sur un tapis roulant, personne ne croyait cela possible. Un lacet s'est détaché. Le renouer semble délicat.
La vitesse du tapis augmente, nous signifiant que ce qui nous a épaté n'était qu'une mise en jambes.
Au tour d'un cheval d'entrer en scène sur la musique de Sirba mit Harbster Bletlekh. L'animal reste de bois. Et pour cause. L'artiste n'a pas dit (mimé) son dernier mot. Il enchaine les figures équestres les plus connues sur le cheval d'arçon comme si c'était un étalon, en s'élançant depuis le tapis roulant. Il devient ballerine, dresseur aussi. La parodie est complète car il a un vrai sens du mime, acquis sans doute auprès de son père, le clown Dimitri, qui a travaillé avec Marcel Marceau.
Il va jusqu'à flatter les flancs de l'animal et convaincre un petit garçon de le récompenser d'un sucre.
La complicité se construit avec le public. Le chapiteau est d'une taille qui facilite le contact (220 places). L'artiste prend malencontreusement (cela reste à prouver) un sac de pommes de terre sur la tête en voulant s'élancer depuis une bascule chinoise. Mon petit voisin s'inquiète : il est assommé ? Le voilà coincé !
David appelle le cheval à la rescousse qui ne bronche pas. Ce n'est pas une raison pour se départir de son sourire. Jamais il ne quittera son visage.
Alliant une formation à la State Academy for Circus Arts à Budapest (Académie nationale des Arts du Cirque, Hongrie) et des études intensives de danse dans la célèbre Juilliard School à New York, David Dimitri a créé de prodigieux numéros de funambule repris avec succès dans des cirques, des festivals et des salles de concert à travers le monde – Le Cirque du Soleil canadien, le Big Apple Circus de New York, le Cirque national suisse Knie et le Metropolitan Opera à New York.
Sa spécialité, comme je l'ai déjà écrit, c'est le fil-de-fer. Le moment est venu de monter. Auparavant il faut bander ses pieds et enfiler des chaussons adéquats. Le voilà ballerine. Comme à son habitude il mime au sol ce qu'il va tenter sur le fil, cette fois sur la musique de Introduction and Rondo Capriccioso de Saint-Saëns.
Il faut déplacer un gros sac devenu gênant. Par erreur il l'empoigne comme s'il pesait une plume, provoquant la critique d'un spectateur qui le traite de tricheur. Très vite le sac reprend tout son poids. Nous sommes complices.
Le numéro est dangereux. Il mérite un roulement de tambour. Comme il est seul il s'en charge lui-même. Quelques minutes plus tard il s'endort sur son fil comme un fakir sur son matelas de clous. Et souffle dans sa trompette pour lancer le réveil. Il y a chez lui un coté Alexandre le bienheureux, le petit chien en moins.
Tout semble simple, même de faire un noeud à une corde comme le font les magiciens.
Les numéros s'enchaînent. Harmonieusement. Les sauts périlleux avant-arrière n'ont pas de secret pour lui. Jusqu'à son numéro fétiche d'homme canon, sur la musique de Blackmail.
Il nous inquiète, nous faisant signe de nous écarter. On croit qu'il bluffe mais il va jusqu'au bout. Il fume son dernier briquet (vous avez bien lu). Il scrute l'environnement au périscope. La mèche est allumée. Impossible désormais de reculer.
Nous avons eu peur. L'explosion a bel et bien eu lieu et l'homme a été propulsé. La fumée sort de partout.
C'est pas fini. Un autre fil, plus haut, attend l'artiste. Il s'enfuit par le chapiteau et nous invite à sortir.
On le voit marcher, léger, déterminé. On le sent à l'aise dans cette solitude absolue. On comprend que le chemin sera encore très long.
Même si l'artiste s'arrête, se retourne, fait semblant de nous photographier et mime jusqu'au selfie avant de redescendre sur le sol.
L’Homme-Cirque de et avec David Dimitri
Du 25 Mars au 10 Avril 2016
A 15, 16, 18 ou 20 heures
Espace Cirque d'Antony
Rue Georges Suant – 92160 Antony
01 41 87 20 84
Les Lun 9, Mar 10, Mer 11 et Ven 13 mai 20h30
Sous chapiteau parvis de l’Onde
8 bis Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay
01 78 74 38 60
La contrainte rend créatif. David Dimitri n'avait pas assez d'argent pour engager une troupe. C'est comme ça que l'idée de faire un cirque à lui tout seul a germé. Il s'en amuse : Je suis le directeur d'un cirque dont je suis le seul artiste.
Après plus de 1000 représentations il ne regrette rien et affirme au contraire qu'il est dans son élément, nullement gêné de conduire le semi-remorque de trente tonnes de matériel.
Inscrit résolument dans la mouvance de ce qu'on appelle le Nouveau Cirque, il a conçu pour le chapiteau qu'il a acheté il y a dix ans un spectacle où la poésie et l'humour sont les balanciers du danger.
Funambule, acrobate, musicien, régisseur, clown évidemment, dresseur, magicien, il sait tout faire. On se sent tout de suite invité chez lui. Il a le sens du dialogue sans pour autant prononcer un mot, ce qui doit être fort pratique quand il est en tournée dans un pays dont il ne parle pas la langue.
Sa spécialité, car il en a une, c'est le fil-de-fer. Cet homme qui pourrait se perdre dans les nuages en répondant à l'appel de ce grand bleu là, commence naturellement par se chausser correctement. Il ne s'y prend pas comme vous et moi. Il enfile et lace ses chaussures en courant sur un tapis roulant, histoire d'éprouver son sens de l'équilibre.
C'est que ça ? interroge un petit garçon, sans doute habitué à davantage de difficulté.
Le tapis passe à la vitesse supérieure et l'homme-cirque-régisseur lance le Tango Lunaire de Lalo Schifrin. Il mime la défaite, culbute, toujours sur la courte distance de son tapis et termine en marchant sur les mains. Faire cela sur un tapis roulant, personne ne croyait cela possible. Un lacet s'est détaché. Le renouer semble délicat.
La vitesse du tapis augmente, nous signifiant que ce qui nous a épaté n'était qu'une mise en jambes.
Au tour d'un cheval d'entrer en scène sur la musique de Sirba mit Harbster Bletlekh. L'animal reste de bois. Et pour cause. L'artiste n'a pas dit (mimé) son dernier mot. Il enchaine les figures équestres les plus connues sur le cheval d'arçon comme si c'était un étalon, en s'élançant depuis le tapis roulant. Il devient ballerine, dresseur aussi. La parodie est complète car il a un vrai sens du mime, acquis sans doute auprès de son père, le clown Dimitri, qui a travaillé avec Marcel Marceau.
Il va jusqu'à flatter les flancs de l'animal et convaincre un petit garçon de le récompenser d'un sucre.
La complicité se construit avec le public. Le chapiteau est d'une taille qui facilite le contact (220 places). L'artiste prend malencontreusement (cela reste à prouver) un sac de pommes de terre sur la tête en voulant s'élancer depuis une bascule chinoise. Mon petit voisin s'inquiète : il est assommé ? Le voilà coincé !
David appelle le cheval à la rescousse qui ne bronche pas. Ce n'est pas une raison pour se départir de son sourire. Jamais il ne quittera son visage.
Alliant une formation à la State Academy for Circus Arts à Budapest (Académie nationale des Arts du Cirque, Hongrie) et des études intensives de danse dans la célèbre Juilliard School à New York, David Dimitri a créé de prodigieux numéros de funambule repris avec succès dans des cirques, des festivals et des salles de concert à travers le monde – Le Cirque du Soleil canadien, le Big Apple Circus de New York, le Cirque national suisse Knie et le Metropolitan Opera à New York.
Sa spécialité, comme je l'ai déjà écrit, c'est le fil-de-fer. Le moment est venu de monter. Auparavant il faut bander ses pieds et enfiler des chaussons adéquats. Le voilà ballerine. Comme à son habitude il mime au sol ce qu'il va tenter sur le fil, cette fois sur la musique de Introduction and Rondo Capriccioso de Saint-Saëns.
Il faut déplacer un gros sac devenu gênant. Par erreur il l'empoigne comme s'il pesait une plume, provoquant la critique d'un spectateur qui le traite de tricheur. Très vite le sac reprend tout son poids. Nous sommes complices.
Le numéro est dangereux. Il mérite un roulement de tambour. Comme il est seul il s'en charge lui-même. Quelques minutes plus tard il s'endort sur son fil comme un fakir sur son matelas de clous. Et souffle dans sa trompette pour lancer le réveil. Il y a chez lui un coté Alexandre le bienheureux, le petit chien en moins.
Tout semble simple, même de faire un noeud à une corde comme le font les magiciens.
Les numéros s'enchaînent. Harmonieusement. Les sauts périlleux avant-arrière n'ont pas de secret pour lui. Jusqu'à son numéro fétiche d'homme canon, sur la musique de Blackmail.
Il nous inquiète, nous faisant signe de nous écarter. On croit qu'il bluffe mais il va jusqu'au bout. Il fume son dernier briquet (vous avez bien lu). Il scrute l'environnement au périscope. La mèche est allumée. Impossible désormais de reculer.
Nous avons eu peur. L'explosion a bel et bien eu lieu et l'homme a été propulsé. La fumée sort de partout.
C'est pas fini. Un autre fil, plus haut, attend l'artiste. Il s'enfuit par le chapiteau et nous invite à sortir.
On le voit marcher, léger, déterminé. On le sent à l'aise dans cette solitude absolue. On comprend que le chemin sera encore très long.
Même si l'artiste s'arrête, se retourne, fait semblant de nous photographier et mime jusqu'au selfie avant de redescendre sur le sol.
L’Homme-Cirque de et avec David Dimitri
Du 25 Mars au 10 Avril 2016
A 15, 16, 18 ou 20 heures
Espace Cirque d'Antony
Rue Georges Suant – 92160 Antony
01 41 87 20 84
Les Lun 9, Mar 10, Mer 11 et Ven 13 mai 20h30
Sous chapiteau parvis de l’Onde
8 bis Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay
01 78 74 38 60
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