Le Théâtre des Gémeaux est un des lieux les plus réputés du festival off d'Avignon et l'on se réjouissait des récents travaux de rénovation. La salle du Dôme est un bijou mais je n'ai rencontré personne pour en louer le confort.
Il faut espérer que plusieurs rangées de siège soient retirées d'ici l'an prochain pour permettre à des spectateurs de taille humaine normale (je ne parle pas des obèses ni des femmes enceintes) de pouvoir y passer une heure dans un minimum de confort.
Ceci étant dit il y avait cet été une programmation excellente avec notamment 20 h 45 Chagrin pour soi juste après Le Souper à 19 h 30 pour ne citer que deux spectacles que j'avais déjà vus et chroniqués, et tellement aimés aussi, et où William Mesguich joue deux rôles diamétralement opposés.
Il faut espérer que plusieurs rangées de siège soient retirées d'ici l'an prochain pour permettre à des spectateurs de taille humaine normale (je ne parle pas des obèses ni des femmes enceintes) de pouvoir y passer une heure dans un minimum de confort.
Ceci étant dit il y avait cet été une programmation excellente avec notamment 20 h 45 Chagrin pour soi juste après Le Souper à 19 h 30 pour ne citer que deux spectacles que j'avais déjà vus et chroniqués, et tellement aimés aussi, et où William Mesguich joue deux rôles diamétralement opposés.
Céline Brunelle (ci-dessus) était très touchante et son jeu était très juste dans Mon livre de la jungle à 17h15. Ce n’est qu’une goutte d’eau mais le journal de bord de ce qu’on a désigné sous le nom de jungle et qui raconte le démantèlement du camp de migrants de Calais est un théâtre engagé, qui témoigne d’une parole solidaire en pleine lumière.
Mais c'est une autre comédienne qui a retenu mon attention, Myriam Boyer. Elle était l'hiver dernier l'infirmière psychopathe de Misery au Théâtre Hébertot. Elle change totalement de registre avec le rôle titre de Louise au parapluie en interprétant à 22h30 une maman pleine de bon sens, navrée de passer pour has been aux yeux de son fils convaincu que les réseaux sociaux sauveront l'économie.
Emmanuel Robert-Espalieu a écrit la pièce en pensant à elle et il y a mis toute la douceur dont on la sait capable. Cependant il a astucieusement bâti un personnage qui gagnera à se moderniser un peu et il les place dos à dos au début de la pièce puisque le fils (Guillaume Viry), à la pointe de tout ce qui se fait, est plutôt tourné en dérision. Je ne mens pas, je vends, affirme le garçon pour justifier un enthousiasme surfait à propos des joggings multicolores dans lesquels il s'affiche en selfies.
Antoine se défend comme il peut face aux critiques de sa mère : désolé de n'être pas devenu ce que tu voulais que je sois ! Celle-ci ne lui fait pas de reproche mais ose exprimer sa tristesse et lui fait tout de même remarquer que ses parapluies l'ont protégé de bien des orages depuis des années. Et si elle a passé la moitié de sa vie en cuisine et l'autre en usine elle peut être fière de son travail qu'elle aime toujours autant faire.
L'auteur lui fait dire des choses que nous pensons tous mais que l'on fait semblant d'ignorer : y a un truc qui cloche en faisant de l'argent sur la crédulité des uns et le désespoir des autres. La société va à vau l'eau.
Les forces vont s'équilibrer à la faveur de quelques retournements de situation après un intermède ponctué par la musique de Summertime ... que chantait Ella Fitzgerald en 1968, en cette même année où une bande de jeunes comédiens dont faisait partie Myriam Boyer pensait qu'ils allaient changer le monde.
Il est amusant aussi de voir la comédienne se glisser dans la peau d'une ouvrière qui ambitionne de révolutionner la société en osant se présenter aux élections municipales ... Le fils découvrira avec une pointe d'admiration le tempérament de leader de sa mère.
La pièce s'inscrit dans une problématique contemporaine alors que Jean-Michel Adam a conçu un décor années 60, soit vintage, soit passéiste. Il est vrai que Louise est de condition modeste, et donc empêchée de moderniser sa cuisine. Il est dommage malgré tout que la patine du temps ne soit pas perceptible et que l'on se rende compte que les placards sont quasiment vides (même si on sait combien les changements de décor doivent être rapides pendant le festival).
Je n'ai pas compris que le titre de la pièce ne soit pas au pluriel. Le personnage de Jacqueline (Prune Lichtle) ne m'a pas convaincue sans que la comédienne qui l'interprète en soit responsable. Les dialogues m'ont semblé un peu déséquilibrés au profit de Myriam Boyer dont le rôle est quantitativement (et qualitativement) le plus important même si le fils retrouve un peu de dignité à la fin. J'ai eu du mal à croire à l'histoire d'amour et j'ai trouvé que parfois certaines répliques étaient un peu racoleuses avec par exemple l'allusion à Mary Poppins qui en aurait encore sous le parapluie ou le slogan (humour facile) Plus belle la ville !
Mais sur le fond, le sujet est véritablement sérieux et pose un vrai problème de société qui méritait qu'on le porte sur la scène.
Les parisiens vont pouvoir découvrir Louise au parapluie au Théâtre du Gymnase Marie Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris / 01 42 46 79 79
A partir du 10 septembre 2019, du mardi au samedi 20h - dimanche 17h
Représentations en octobre :
mardi mercredi 20h - jeudi vendredi et samedi 21h30 - dimanche 15h30
Mais c'est une autre comédienne qui a retenu mon attention, Myriam Boyer. Elle était l'hiver dernier l'infirmière psychopathe de Misery au Théâtre Hébertot. Elle change totalement de registre avec le rôle titre de Louise au parapluie en interprétant à 22h30 une maman pleine de bon sens, navrée de passer pour has been aux yeux de son fils convaincu que les réseaux sociaux sauveront l'économie.
Emmanuel Robert-Espalieu a écrit la pièce en pensant à elle et il y a mis toute la douceur dont on la sait capable. Cependant il a astucieusement bâti un personnage qui gagnera à se moderniser un peu et il les place dos à dos au début de la pièce puisque le fils (Guillaume Viry), à la pointe de tout ce qui se fait, est plutôt tourné en dérision. Je ne mens pas, je vends, affirme le garçon pour justifier un enthousiasme surfait à propos des joggings multicolores dans lesquels il s'affiche en selfies.
Antoine se défend comme il peut face aux critiques de sa mère : désolé de n'être pas devenu ce que tu voulais que je sois ! Celle-ci ne lui fait pas de reproche mais ose exprimer sa tristesse et lui fait tout de même remarquer que ses parapluies l'ont protégé de bien des orages depuis des années. Et si elle a passé la moitié de sa vie en cuisine et l'autre en usine elle peut être fière de son travail qu'elle aime toujours autant faire.
L'auteur lui fait dire des choses que nous pensons tous mais que l'on fait semblant d'ignorer : y a un truc qui cloche en faisant de l'argent sur la crédulité des uns et le désespoir des autres. La société va à vau l'eau.
Les forces vont s'équilibrer à la faveur de quelques retournements de situation après un intermède ponctué par la musique de Summertime ... que chantait Ella Fitzgerald en 1968, en cette même année où une bande de jeunes comédiens dont faisait partie Myriam Boyer pensait qu'ils allaient changer le monde.
Il est amusant aussi de voir la comédienne se glisser dans la peau d'une ouvrière qui ambitionne de révolutionner la société en osant se présenter aux élections municipales ... Le fils découvrira avec une pointe d'admiration le tempérament de leader de sa mère.
La pièce s'inscrit dans une problématique contemporaine alors que Jean-Michel Adam a conçu un décor années 60, soit vintage, soit passéiste. Il est vrai que Louise est de condition modeste, et donc empêchée de moderniser sa cuisine. Il est dommage malgré tout que la patine du temps ne soit pas perceptible et que l'on se rende compte que les placards sont quasiment vides (même si on sait combien les changements de décor doivent être rapides pendant le festival).
Je n'ai pas compris que le titre de la pièce ne soit pas au pluriel. Le personnage de Jacqueline (Prune Lichtle) ne m'a pas convaincue sans que la comédienne qui l'interprète en soit responsable. Les dialogues m'ont semblé un peu déséquilibrés au profit de Myriam Boyer dont le rôle est quantitativement (et qualitativement) le plus important même si le fils retrouve un peu de dignité à la fin. J'ai eu du mal à croire à l'histoire d'amour et j'ai trouvé que parfois certaines répliques étaient un peu racoleuses avec par exemple l'allusion à Mary Poppins qui en aurait encore sous le parapluie ou le slogan (humour facile) Plus belle la ville !
Mais sur le fond, le sujet est véritablement sérieux et pose un vrai problème de société qui méritait qu'on le porte sur la scène.
Les parisiens vont pouvoir découvrir Louise au parapluie au Théâtre du Gymnase Marie Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris / 01 42 46 79 79
A partir du 10 septembre 2019, du mardi au samedi 20h - dimanche 17h
Représentations en octobre :
mardi mercredi 20h - jeudi vendredi et samedi 21h30 - dimanche 15h30
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire