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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

vendredi 23 août 2019

Une journée à Rock-en-Seine

A la réflexion ces quelques heures passées dans le Domaine national de Saint-Cloud auraient amplement mérité que je m'organise pour enregistrer quelques interviews qui auraient ponctué un épisode de Une journée à ... que je produis et anime sur Needradio.

Seulement voilà, je fus invitée, et je me suis crue en vacances.

Vous allez voir comme il y avait beaucoup à faire !

L'évènement, créé en 2003, initialement sur une seule journée (il est passé à deux jours l'année suivante et à trois depuis 2007) ne ressemble à aucun autre. Rock-en-Seine est un festival qui mérite sa base line, The Last Days of Summer. Tout est pensé pour que les festivaliers (attendus tout de même au nombre de 120 000 sur les trois jours) puissent se déplacer sans se bousculer, flâner, se reposer, écouter de la musique (et le choix est large avec 17 à 19 artistes ou groupes musicaux chaque jour), se restaurer et même entreprendre une action qui ait du sens en terme de Vivre ensemble, ou pour la planète.
Un exemple avec Recycler c'est gagner quoique j'ai un petit doute sur la nature de la peinture utilisée, sa durabilité, surtout au premier lavage si l'heureux bénéficiaire ne sait pas comment procéder pour la fixer. Il aura alors eu "simplement" un tee-shirt collector, importable, ou jetable, ce qui n'est pas le but de l'opération.
Par ailleurs, il ne suffit pas d'investir beaucoup d'argent dans un stand ni d'avoir validé une scénographie élégante pour croire que son image de marque en tirera bénéfice. Les responsables communication qui partent en balade en laissant se débrouiller une bande de jeunes intermittents, gentils mais incompétents et surtout insuffisamment briefés, sont inconséquents.

J’ai vu flotter le drapeau d’une grande marque de boisson alcoolisée … qui n’est pas une bière… L’espace blanc et rouge était particulièrement attirant, invitant à la paresse. Dommage que les jeunes gens qui avait été recrutés pour l'occasion semblaient ne pas savoir du tout pourquoi ils étaient là.

Je pense aussi à la Ville de Saint-Cloud dont des personnes se réclamant du bureau de la communication m'ont fait la leçon, m'expliquant que la ville n'a rien à voir avec l'événement qui est piloté par le Domaine de Saint-Cloud puisqu'il s'y déroule. Le dossier de presse mentionnant la Ville de Saint-Cloud dans la liste des partenaires avec son logo serait-il erroné ? Dommage, car je voulais m'intéresser à l'opération de troc de livres initié par la bibliothèque municipale et rendre hommage à l'action "100% Récup" ...
À l’inverse le pop-up Martini, lui aussi rouge et blanc, est un endroit que je vous recommande particulièrement (bien entendu en toute modération) pour l’ambiance, la qualité de l’accueil, la simplicité des cocktails autour de recettes recentrées sur les saveurs originales de la marque italienne, combinant des notes d’agrumes, d'orange et de mandarine, alliées à l’amertume de l'armoise.
Situé en bordure de la Grande Scène c’était l’endroit idéal pour écouter le concert de The Cure en s’imaginant être dans le jardin de ses amis. Et j'y ai découvert une nouvelle version du Spritz, tant aimé des vénitiens avec le Martini Fiero, en association avec le prosecco et de l’eau gazeuse.

Coup de chapeau également aux Mirabelles de Lorraine mûres à point, attirantes, offrant des idées de recettes sortant de la sempiternelle tarte (qui n'est pas pour autant reniée). On peut faire bien plus original.
Par exemple une tartine de chèvre frais, petits légumes fondants et menthe. Un conseil : faites rôtir les fruits avec un peu d’huile d’olive en même temps que les légumes avant de disposer sur une belle tranche de pain de campagne.
Interfel avait installé sa désormais célèbre tour de fruits et légumes (que l'on voit régulièrement au salon de l'Agriculture).
Mais la palme revient pour moi à l'AOP Fourme d'Ambert pour de multiples raisons, comme je l'ai dit le jour même su la page Facebook A bride abattue. Pour son emplacement, près de l’entrée principale et en face de la Scène des Quatre vents, dans un espace très dégagé et abrité du soleil.
Pour sa convivialité sans faille. Pour la qualité des dégustations, nature, avec du pain d'épices, ou une chapelure de spéculos, ou encore avec une bille de melon. Pour la créativité de recettes simples, reproductibles à la maison et néanmoins élaborées.
Par exemple cette glace à la fourme d’Ambert que prépare Noëlle Faure derrière ses lunettes de starlette (facile à faire : on fait fondre dans une casserole le même poids de fromage que de crème avant de mettre le mélange à turbiner), servie nature ou avec des fruits rouges et des amandes.
Le stand était en effervescence constante (cela se voit sur les photos). Aurélien Vorger, le Directeur du Groupement d'Employeurs des AOP Persillées n'a pas arrêté de travailler comme chaque membre de son équipe tout en expliquant la fabrication, en montagne, à partir du lait de vaches alimentées à base d’herbe.
Et David Faure a consenti à regret de se poser quelques secondes, ignorant la douleur de ses fractures du poignet. La bonne humeur et le professionalisme de tous forçaient le respect. Chacun expliquait sa recette tout en l'exécutant et nous avons passé un bon moment ensemble.
Il ne faut rien jeter. Ces croutes feront d'excellentes tuiles après avoir doré quelques minutes à four chaud. Si vous utilisez le couteau spécial lame fine spécialement conçu pour cet AOP vous n'aurez même pas de croute à recycler. Il permet de trancher des pétales légèrement concaves qui comportent un peu de croute, mais si peu que la dégustation n'est pas perturbée.
Je connais bien ce fromage avec lequel j'ai imaginé plusieurs recettes, que vous pouvez retrouver sur le blog ici. J'ai donc été surprise par le nombre de personnes qui n'avaient jamais goûté de fourme mais qui tous en ont apprécié la saveur et son goût de bleu subtil tout en douceur révélant des notes parfumées. Cela justifie sans doute d'avoir prévu 200 kilos pour les trois jours. A signaler enfin que rien n'était en vente sur ce stand, ce qui témoigne d'un état d'esprit vraiment généreux.
Il paraît que Rock-en-Seine est l’endroit où on peut faire le plus de rencontres. Effectivement de par le nombre de personnes, l’espace du parc, la conception de plusieurs endroits relativement intimes, l'éclairage des sous-bois avec des guirlandes de lampions et des suspensions vintage, il est assez facile de discuter avec des personnes vers lesquelles on se serait pas tourné spontanément dans ce type de manifestation. Ajoutez à cela des partenaires ou des sponsors qui jouent vraiment le jeu et vous passerez plusieurs heures agréables et dans une atmosphère réellement différente.
On pourrait même, et ce serait dommage, oublier la musique ! Insensé avec 55 artistes ou groupe musicaux programmés sur les différentes scènes. La première à ouvrir le festival a été Alice Merton, dans la même tenue que celle qu'elle portait aux Vieilles Charrues. On a envie de lui chiper cette jolie idée d'accrocher un demi-voile de couleur à une ceinture sur un combi-short noir. Et elle a eu du mérite de chanter en plein soleil avec une belle énergie.
On avait découvert cette chanteuse de 25 ans il y a seulement quelques mois avec la chanson autobiographique No Roots, dans laquelle elle explique qu'elle n'a pas de racines, ayant si souvent voyagé.
Mais c'était sur l'unique concert européen de The Cure (négocié depuis très longtemps) que les organisateurs avaient parié pour attirer le public avec une prestation fleuve qui se termina à 23 h 15.
La foule était impressionnante (mais calme) sur l'immense pelouse qui s'étend devant la Grande Scène et débordait largement sur les versants boisés. Il y avait un espoir infime de réussir à s'approcher des artistes si on n'avait pas fait l'effort de prendre place plusieurs heures auparavant (mais le parc offrait tant de tentations !).
Le show mené par Robert Smith et sa bande fut à la hauteur des espérances, pour les sexagénaires (je rappelle que le groupe s'est formé en 1976 mais que le succès mondial s'est propagé en France surtout dans les années 80) comme pour un public très jeune qui brandissait leurs téléphones allumés comme leurs ainés le faisaient "autrefois" avec leurs briquets.
Les éclairages étaient grandioses et on est heureux de savoir que ce sont des LED qui sont utilisés dans un esprit de limitation de la consommation électrique. La technologie permet d'ailleurs à la foule de suivre le concert sur deux écrans géants parce que les musiciens sont vraiment minuscules vus de loin. 
Le chanteur anglais au look si particulier peut être rassuré et poursuivre la préparation du quatorzième album du groupe, dont la sortie serait prévue pour l'an prochain.
En résumé Rock-en-Seine c’est la conjugaison de musiques, témoignant de la diversité du rock, avec un très large panel de sensibilités différentes, de la gourmandise, des découvertes, des animations différentes de ce qu’on a l’habitude de voir, le tout dans un espace naturel, et dans une atmosphère plutôt paisible, et familiale (avec le week-end un mini-Rock-en-Seine pour les 6-12 ans, accompagné d'au moins un adulte).
De quoi avoir largement envie d'envoyer un shaka. Le geste est facile à effectuer. Je l'ai appris d'Emi qui est une jeune femme vraiment exceptionnelle. Formez un point avec une main. Tendez le pouce et le petit doigt tout en gardant les doigts du milieu refermés. Eloignez cette main du corps et dessinez un "j" invisible dans l'air. Agitez votre shaka et vous voilà prêts à à répandre l'aloha, qui dans la langue hawaiienne, signifie l'amour, l'au-revoir, l'affection, la compassion, l'attention à prendre soin de l'autre comme de soi.

C’est le signe de tous les surfeurs de la planète. Et son histoire est plutôt originale. Dans la première moitié du XIX siècle, à Hawaï (le royaume du surf) un pêcheur du nom de Hamana Kalili a été contraint de changer de travail après avoir perdu ses 3 doigts du milieu dans un accident. Il est devenu gardien d’un train qui transportait du sucre, chargé d'éloigner les enfants voulant voyager clandestinement. Il criait en agitant la main non pas pour leur faire peur mais au contraire dans l'esprit de leur éviter de se blesser. Les gamins ont vite reproduit ce geste en le détournant pour signifier à leurs copains que le gardien était absent et qu'ils pouvaient se lancer à l'assaut du train. Le signe a désormais une signification qui englobe les deux principes.
Quant au monument qui figure en tête de cet article, je n'ai trouvé, depuis mon retour, aucune indication à son sujet. Par contre j'ai appris que jusqu’au 16 octobre, on peut suivre une visite commentée du Domaine national de Saint-Cloud le 3ème mercredi du mois à 15 h. C'est en français et gratuit. Point de rendez-vous : devant le musée historique. Je vais me programmer cela.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Danielle ou de Terence que je remercie.

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