Si vous êtes lusophone vous n'avez pas besoin que je vous fasse l'article pour avoir envie d'aller voir La Cage dorée. Je vais donc m'adresser à tous ceux qui pourraient penser que le réalisateur a écrit un scénario régionaliste en rappelant tout de même que c'est un film français.
Les images du générique montent en épingle le Paris de toujours, l'emblématique 7ème arrondissement, ses immeubles haussmanniens resserrés autour d'une cour fleurie, habités par une certaine bourgeoisie, gardés par un couple ... d'origine portugaise. Elle est mère et épouse parfaites. Il est chef de chantier dans une entreprise de travaux publics, avec sans doute la nostalgie du pays puisqu'on aperçoit la photo noir et blanc de la maison familiale scotchée sur la porte de son casier. L'un comme l'autre sont toujours prêts à rendre service.
Les personnages sont campés. Fin du générique. Le film peut commencer.
Tout y est bon. Les personnages. Les comédiens, à commencer par Nicole Croisille, la chanteuse à qui on ne connaissait pas ce talent, Chantal Lauby qui assure un come-back très remarqué, Francis Giraud qui change de son registre habituel. Et puis Rita Blanco et Joachim de Almeida, qui incarnent le si sympathique couple de gardiens.
Maria et José Ribeiro vivent depuis bientôt trente ans dans leur chère petite loge. Ils font l’unanimité dans le quartier et sont devenus indispensables à la vie quotidienne de tous ceux qui les entourent. Tant appréciés et si bien intégrés que, le jour où on leur offre leur rêve, rentrer au Portugal dans les meilleures conditions, personne ne veut laisser partir les Ribeiro, si dévoués et si discrets. Jusqu’où seront capables d’aller leur famille, les voisins, et leurs patrons pour les retenir ? Et après tout, Maria et José ont-ils vraiment envie de quitter la France et d’abandonner leur si précieuse cage dorée ?
Trop bons, trop cons ? C'est tout le sujet et vous verrez bien à la fin si le proverbe se réalise.
Ruben Alves emploie évidemment, mais avec naturel, toutes les images traditionnelles que l'on peut associer au Portugal tant sur le plan culinaire (la morue reste le plat national), que musical (on entend Amalia Rodriguès chanter l'Etrangère) ou culturels (la médaille de Fatima dans la loge). Les clichés sur les modes de vie sont présents eux aussi mais tout s'enchaine sans verser dans la caricature ou l'ironie.
Les clins d'oeil sont à peine appuyés. Une scène a été tournée au Vasco de Gama, au 39 de la rue du même nom, dans le 15ème arrondissement de Paris, le restaurant typique qui fut la cantine de la célèbre chanteuse de Fado. Plus tard, c'est "l'aigle des Açores", l'ex-joueur du PSG Pedro Miguel Pauletta qui renvoie le ballon.
Après Les Femmes du sixième étage, qui rendaient hommage aux Espagnoles, ce long métrage concerne un autre pays de la péninsule ibérique. Il est dédié aux parents du réalisateur, qui tiennent encore une loge à deux pas des Champs-Élysées même s'il n'est pas autobiographique.
Après Cheba Louisa, voilà un autre premier film qui est très abouti. On peut lui prédire un succès à la hauteur de Bienvenue chez les Ch'tis, de Dany Boon. Je n'ai pas fait attention à la provenance des rires qui secouaient la salle. Il est probable que les Portugais ne s'amusent pas des mêmes répliques que les Français. Ce qui est de la caricature pour les uns sera vu comme de l'humour pour les autres. On en ressort le coeur léger et ça fait du bien.
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