Après Paris, et avant Copenhague, Woody Allen s'est installé à Rome le temps d'y créer un film-hommage. Je suis allée le voir en étant persuadée que je retrouverais la magie de Mignight in Paris. Mais non ... soit que j'aime davantage notre capitale que la métropole romaine. A moins que ce ne soit autre chose ...
To Rome with Love nous fait partir à la découverte de la ville éternelle à travers différentes histoires de personnages, de simples résidents ou de visiteurs pour l’été, mêlant romances, aventures et quiproquos. On connaissait le théâtre de l'absurde, Woody nous offre me semble-t-il le cinéma de l'absurde. Et je dois dire qu'on met un petit moment à le comprendre et à accepter le second degré permanent.
Il est difficile de dater les images. La ville est tranquille, avec peu de voitures, malgré un carabinier gesticulant et sifflant au centre d'un carrefour ... qui reviendra à la fin du film à l'instar du conteur qui ouvre et termine son histoire par une formule rituelle.
On appréciera la collusion entre Penelope Cruz, prostituée sans complexes et un jeune couple (trop) sage, les atermoiements d'un jeune architecte discutant avec lui-même quelques années plus tard, avec des accents faustiens (Jesse Eisenberg et Alec Baldwin).
Woddy Allen en tant qu'acteur il est toujours unique. Le duo qu'il compose avec son épouse psychanalyste (Judy Davis) est savoureux. Avec des répliques cultes sans surprise malgré tout : Il est concevable que je serai mourant un jour (...) et je n'ai pas tout accompli.
Le plus intéressant n'est pas dans le traitement de la phobie du réalisateur par la dérision puisque le futur beau-père de sa fille est croque-mort (formidable Roberto Benigni). Ce qui l'est bien davantage est la réflexion sur la futilité de la célébrité, et sur la capacité que l'on a tous de réaliser son rêve. C'est pas un péché que d'essayer nous explique Woody en écoutant chanter son personnage dans sa salle de bains. Son talent ne s'exprime sous les flots. Qu'à cela ne tienne il va inclure une douche mobile dans chaque scénographie, faisant plonger le spectateur dans l'absurde que je pointais plus haut.
Le succès est immense. Mais être célèbre menace de faire perdre son âme et on comprend que l'hystérie médiatique ait raison de la bonne volonté de Roberto, devenu star malgré lui, le faisant hurler qu'il veut une vie normale. Aussitôt formulé, le souhait est aussitôt réalisé et voilà notre homme déscotché de la célébrité comme d'une poisse, guéri de cette maladie alors qu'un autre innocent chope le virus au même instant.
Le réalisateur reprend à son compte une formule coluchienne : vaut-il mieux être riche et célèbre ou pauvre et inconnu ?
Et si l'essentiel était la satisfaction d'avoir fait ses preuves ? Comme si aller au bout de son rêve autorisait à en revenir sans regret ... E finita la commedia nous prévient-on en clin d'oeil aux réalisateurs italiens qui préféraient dans les années 60 cette mise en garde au traditionnel The end. Un avertissement que Woody Allen se donne peut-être inconsciemment à lui-même.
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