Traditionnellement le Nicaragua est un pays où on utilise le maïs, les bananes plantain et le cacao dans des boissons et bouillies en suivant un nombre phénoménal de recettes. On y prépare encore aujourd'hui une boisson à base de cacao, bananes vertes plantain, poudre de Jicaro (calebassier), sucre non raffiné et eau ... à l'instar du Banania qui est arrivé jusqu'à nous.
Eddy van Belle, collectionneur et fondateur du Musée Gourmand du Chocolat de Paris a voulu vérifier la légende de Banania en organisant une expédition sur les pas du journaliste Pierre Lardet qui, début 1900 constata lors d'un voyage au Nicaragua que la population locale se nourrissait d'une boisson préparée à base d'un mélange de bananes, de céréales et de cacao.
Il en a rapporté des objets qui sont exposés dans la première partie de la nouvelle exposition temporaire qui se tiendra au musée jusqu'en janvier 2015. En complément de photos et films réalisés durant l'expédition, on pourra découvrir la façon dont les indiens réalisaient la recette originelle.
De retour à Paris Pierre Lardet s'est lancé avec sa femme dans une fabrication industrielle. En 1914 il dépose plusieurs noms pour son produit : Bacao, Bana-Cacao, Bananette, Bananose, Banarica et enfin Banania. Il choisit le dessin de l'"Antillaise" d'après de Andreis pour orner les boîtes.
Banania subit de plein fouet l'horreur de la guerre. Pierre Lardet va alors distribuer sur le front lui-même aux soldats cette "nourriture abondante qui se conserve sous le moindre volume possible", ce qui assurera sa notoriété. On peut voir que d'octobre 1914 à août 1915 le personnage Banania changea trois fois d'identité : l'antillaise laissa place au poilu puis au fameux tirailleur sénégalais ... en hommage aux 200 000 combattants qui ont aidé à conduire la France vers la victoire.
Les critiques anticolonialistes voyant un négrillon sur les boites sont donc infondées puisqu'il s'agissait de faire honneur à des soldats. La légende voudrait qu'un employé de l'usine de fabrication de Courbevoie aurait prononcé le fameux Y a bon, associé à Banania, que l’entreprise a abandonné officiellement, par une décision établie en 2006. Elle utilise désormais le slogan: "C’est tout bon".
Dans la première affiche on trouve les trois couleurs qui resteront emblématiques de la marque jusqu'à aujourd'hui. Le fond jaune qui rappelle la banane, le rouge et le bleu l'uniforme des tirailleurs.
La présence de céréales autorise à mettre l'accent sur le volet nutritif. Et pendant la seconde guerre mondiale on n'hésitera pas à lancer de nouveaux slogans, inspirés par l'actualité, comme "D.C.A. : Défense contre l'anémie" et "Après l'alerte, le réconfort". Ce sera plus tard "Luttez contre le bâillement de 11 heures" ou encore "ce que Zorro a de plus que le Sergent Garcia est d'avoir été élevé au Banania".
On remarquera combien la marque s'est investie dans les grands événements économiques et historiques comme l'Exposition coloniale, les jeux Olympiques de Colombes et surtout le Tour de France avec l'acquisition de la couleur jaune du maillot dans les années soixante. Bernard Hinault a prêté le sien pour l'exposition.
La collection de boites permet de suivre l'évolution du personnage du tirailleur sénégalais au fil du temps dont il ne restera que bientôt que la tête et la main tenant la cuillère, une version qui va durer jusqu'au milieu des années 1950.
La marque possède une licence pour les objets non alimentaires ... jusqu'à la table de bistrot au pied de fonte.
Troisième marque de boisson chocolatée en France derrière Nesquik et Poulain, Banania est désormais la propriété de la société Nutrimaine. La fabrication a quitté l'usine de Courbevoie pour Faverolles, près de Montdidier, en Picardie, dans le sud-est de la Somme. Elle est toujours 100% française et emploie une cinquantaine de salariés. Elle est le fournisseur exclusif de chocolat en poudre pour McDonald's.
Début janvier un nouveau produit a été lancé sur le marché : Banania arôme intense et de nouvelles licences sont en discussion pour un lait aromatisé et des brioches. Il faut signaler qu'il existe depuis 2012 une pâte à tartiner, sans huile de palme, donc très souple et facilement tartinable, où l'on retrouve le pailleté des flocons de banane.
Début janvier un nouveau produit a été lancé sur le marché : Banania arôme intense et de nouvelles licences sont en discussion pour un lait aromatisé et des brioches. Il faut signaler qu'il existe depuis 2012 une pâte à tartiner, sans huile de palme, donc très souple et facilement tartinable, où l'on retrouve le pailleté des flocons de banane.
A signaler que la recette de la boisson chocolatée n'est pas enrichie en lécithine de soja. Elle se dissout peut-être un peu moins vite dans un lait froid, mais elle est plus saine. Des recettes sont disponibles sur l'onglet Coin des parents du site Banania.
C'est la passion d'Eddy van Belle qui a convaincu l'entreprise à accepter de s'associer à cette exposition qui célèbre en quelque sorte le centenaire de la marque. Des objets ont été prêtés pour l'occasion.
Le musée disposait de quelques boites estampillées Banania dans ses collections et que l'on peut repérer à l'étage. Vous pourrez faire une visite quasi complète de l'endroit en lisant ce compte-rendu mais rien ne vaut d'y aller sur place.
Le Musée Gourmand du Chocolat Choco-Story
28, boulevard Bonne Nouvelle - 75010 Paris
01 42 29 68 60
Ouvert toute l'année du lundi au dimanche de 10 h à 18 h
(sauf 1er janvier et 25 décembre)
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