(mise à jour 28 mars 2014)
Très longue queue ce soir sur l'espace du Pôle national des arts du cirque d'Antony (92) qui accueille les premières représentations en Ile-de-France de FoResT, marquant le retour sous chapiteau de Jérôme Thomas.
S'il fallait caractériser son travail par quelques mots on pourrait associer jonglage, jazz et improvisation.
Le spectacle se déroule dans un calme impressionnant. Tout semble facile et fragile, faisant oublier la performance. Jean-François Baëz, partenaire de la Compagnie depuis plus de dix ans, accompagne les jongleurs à l'accordéon, composant avec eux un véritable trio.
En entrant le public découvre la piste, un disque recouvert de paillis qui évoque le sous-bois d’une forêt d’automne sous un ciel constellé d'étoiles. L'accordéoniste s'est installé sur une chaise bleue, la couleur est étonnante, invitant peut-être à penser à des éléments minéraux, de l'air ou de l'eau.
Quand nos yeux se sont habitués à l'obscurité on remarque deux silhouettes perchées, comme des rapaces nocturnes, qui, une fois au sol deviennent des échassiers sur le tapis craquant en se dirigeant vers l'accordéon dont la musique exerce un pouvoir hypnotique.
Les deux artistes sont comme des enfants qui jouent avec les objets enfouis parmi les écorces. Passé l'instant de surprise chacun met l'autre au défi de faire surgir une nouvelle image. La plume est un petit rongeur caracolant des épaules au bras de la danseuse. Une autre s'agite dans les cintres.
Le rapport à l'objet est empreint de poésie. La plume devient aigrette sur le front, chapeau de cérémonie, marionnette d'un théâtre d'objets ... harpe d'un orchestre imaginaire alors que les notes de musique s'étirent.
Après l'autruche et le paon, voici le pic-vert, cette fois entièrement métallique, qui descend en martelant le mât à moins que ce ne soit une masse pour assumer le public. Cet oiseau très malin ne cherche pas à percer des trous dans les troncs. Son ''tambourinage'' lui sert à faire connaitre sa position géographique aux femelles dans un rayon assez important.
Les artistes enchainent les cueillettes qui influenceront leur mode de jonglage. Jérôme Thomas déterre 2 balles blanches comme des oeufs. Il se déplace sur le sol comme s'il marchait sur un fil tendu au-dessus du vide.
Il entreprend avec un balai un ménage frénétique pour délimiter un cercle sur le disque qui tourne comme un manège. L'espace embaume le sous-bois, les champignons.
Aurélie Varrin découvre une canne et bientôt le couple se répond dans une chorégraphie qu'ils engagent allongés sur le sol. C'est cette pièce d'équilibre consistant à poser une canne en équilibre sur un pied qui a donné son nom au spectacle. L’air de rien, il s’agit d’une énorme performance qui exige une forte concentration.
Considéré comme l'un des artistes fondateurs du cirque contemporain, Jérôme Thomas est capable de jongler avec des objets qui ne sont pas destinés à tourner dans les airs comme la canne qui est davantage à sa place dans l'univers du cabaret, ou totalement inattendus, comme un sac de plastique vert qu'il extirpe de sa bouche à la manière d'un magicien.
Il danse avec l'objet, exécutant des vrilles de plus en plus rapides et provoquant les rires parmi les spectateurs, surtout les enfants.
Avec chacun, à la manière de Magritte, il nous dit "ceci n'est pas une canne ... , un sac ...".
La danseuse n'est pas en reste. La voilà qui découvre une paire de baguettes. Elle a l'usage de l'une d'elles pour retenir ses cheveux. L'autre deviendra "canne de jonglage" miniature.
Chacun son tour de défier l'autre, quand ce n'est pas soi-même que l'on met à l'épreuve. Ainsi Jérôme et ses balles ... assis, jambes écartées, sur un tabouret, à l'opposé de la posture traditionnelle du jongleur debout, lançant les objets vers le haut. L'artiste regarde ici vers le bas, impulsant à ses balles une énergie décuplée. Jongler assis en tambourinant le parquet a l'avantage qu'il peut simultanément faire quelque chose avec ses pieds (comme si c'était facile ...), battre la mesure, tourner sur lui-même pour ne jamais rompre le face-à-face circulaire avec le public.
Il jongle les mains en dedans, les coudes en dehors, faisant danser littéralement 3 puis 5 puis 7 balles ... comme on s'y attendait, en jouant des claquettes avec une simplicité qui semble naturelle, ce qui est le signe d'une grande maîtrise.
Quand les artistes regagnent leur perchoir les spectateurs sont dans un état proche du rêve. La douceur et la sensibilité de la promenade dansée du couple, au coeur de l'intime, a généré un état de calme intérieur, assez inhabituel sous un chapiteau.
Tel : 01 41 87 20 84
Renseignements et réservations sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
Le spectacle sera en tournée du 6 au 9 mai sur les Scènes du Jura à Champagnole
Les 18 et 19 mai au Centre Culturel Pablo Picasso d'Homécourt
Du 24 au 29 mai au Festival Théâtre en mai de Dijon
Du 11 au 13 juin au Festival Les Impromptus de St Denis
Du 5 au 8 août au Festival Fondus du Macadam de Thonon les bains
Entre le 15 et le 22 août au Festival la Route du cirque à Nexon.
La tournée se poursuivra sur la saison 2014/2015
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Christophe Raynaud de Lage
Le spectacle sera en tournée du 6 au 9 mai sur les Scènes du Jura à Champagnole
Les 18 et 19 mai au Centre Culturel Pablo Picasso d'Homécourt
Du 24 au 29 mai au Festival Théâtre en mai de Dijon
Du 11 au 13 juin au Festival Les Impromptus de St Denis
Du 5 au 8 août au Festival Fondus du Macadam de Thonon les bains
Entre le 15 et le 22 août au Festival la Route du cirque à Nexon.
La tournée se poursuivra sur la saison 2014/2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire