Comme j'aimerais sincèrement écrire que Le cavalier seul est prodigieux et qu'il faut s'y précipiter. Comme le formule Jacques Audiberti avec malice je suis toute fourbue d'hypothèses.
C'est un détail mais la réduction du décor à une toile peinte, toujours la même pendant toute la durée du spectacle, ne m'a pas aidée à faire l'effort d'imagination pour me représenter les terres étrangères vers lesquelles les héros s'élancent avec leur âme de conquérants.
Les costumes m'ont étonnée par leur profusion de détails. Autant le décor est dans l'épure, autant ils sont dans l'extravagance, et diversement réussis.
Il est surtout probable aussi que le contexte professionnel dans lequel j'exerce (bloguer n'est pas un métier. En tout cas ce n'est pas celui qui me nourrit) a fini par déteindre sur moi. A force d'entendre qu'il faut bannir toute parole connotant de près ou de loin une allusion religieuse je pensais que le sujet était interdit dans tous les lieux publics au même titre que la cigarette.
Il y a tellement de mots censurés dans mon cadre de travail que j'ai développé un réflexe pavlovien à propos de tout ce qui, de près ou de loin, peut être interprété comme un signe religieux, soit disant ostentatoire. Et je ne suis pas un phénomène isolé.
Vous me direz que, puisqu'on voit souvent des acteurs fumer sur une scène on peut bien accepter qu'on y parle de Dieu ou d'Allah. Il faut entendre la dernière réplique de la pièce : Hardi secouons nous les amis. Secouons-nous, nous sommes les chrétiens !
Vous y parviendrez sans doute. Je vous le souhaite. Pour les raisons évoquées plus haut j'ai eu énormément de difficulté à discerner le premier du second degré.
Au début la mère implore son fils en lui disant : pars, pars ! mais ne pars pas. Là je vois où on se situe ... dans un raffinement poétique d'obédience psy. Et force est de reconnaitre que très souvent Audiberti nous sert des dialogues savoureux qui justifient que Marcel Maréchal ait inventé un néologisme pour qualifier sa langue, lyrique et argotique, d'une vivacité extraordinaire qui lui vaut le terme de "baroxysme".
Ils furent très amis, ce qui autorise le metteur en scène a émettre un avis motivé. Audiberti a aussi été très aimé de Claude Nougaro (qui lui dédia une très jolie chanson) et de François Truffaut, avec qui il fut critique dans les Cahiers du cinéma.
Il faut savoir que Jacques Audiberti avait écrit ce texte dans le contexte de la guerre d'Algérie pour le TNP ou l'Odéon. Leurs directeurs n'y ont pas vu un intérêt primordial. C'est Roger Blin qui l'a fait découvrir à Marcel Maréchal et c'est lui qui créa le Cavalier seul en 1963 dans son petit théâtre du Cothurne, de seulement 109 places et qui a eu le bonheur de le faire connaitre dans la profession. Depuis, cette parole a été finalement peu entendue et le metteur en scène a voulu la faire réécouter. Il a mis deux ans pour produire la pièce avec l'idée de travailler avec Marina Vlady avec qui il entretient une longue complicité, depuis qu'ils ont joué ensemble dans la Cerisaie.
La pièce raconte le voyage de Mirtus, à l'époque des Croisades, et son refus de partir avec toute la troupe occidentale. Il veux bien délivrer le tombeau du Christ, mais seul. Il traverse l'Europe, arrive à Byzance, puis à Jerusalem où il rencontre quelqu'un qui est la figuration du Christ, sans être lui. C'est l'Homme, qui va être condamné. Mirtus, soldat, est scandalisé. Le calife lui proposera une alternative, en donnant sa vie pour le sauver.
Cinquante ans plus tard la pièce parle toujours des rapports tumultueux et d'incompréhension entre l'Orient et l'Occident, restituant au texte sa valeur prophétique et sa pertinence.
Ils furent très amis, ce qui autorise le metteur en scène a émettre un avis motivé. Audiberti a aussi été très aimé de Claude Nougaro (qui lui dédia une très jolie chanson) et de François Truffaut, avec qui il fut critique dans les Cahiers du cinéma.
Il faut savoir que Jacques Audiberti avait écrit ce texte dans le contexte de la guerre d'Algérie pour le TNP ou l'Odéon. Leurs directeurs n'y ont pas vu un intérêt primordial. C'est Roger Blin qui l'a fait découvrir à Marcel Maréchal et c'est lui qui créa le Cavalier seul en 1963 dans son petit théâtre du Cothurne, de seulement 109 places et qui a eu le bonheur de le faire connaitre dans la profession. Depuis, cette parole a été finalement peu entendue et le metteur en scène a voulu la faire réécouter. Il a mis deux ans pour produire la pièce avec l'idée de travailler avec Marina Vlady avec qui il entretient une longue complicité, depuis qu'ils ont joué ensemble dans la Cerisaie.
La pièce raconte le voyage de Mirtus, à l'époque des Croisades, et son refus de partir avec toute la troupe occidentale. Il veux bien délivrer le tombeau du Christ, mais seul. Il traverse l'Europe, arrive à Byzance, puis à Jerusalem où il rencontre quelqu'un qui est la figuration du Christ, sans être lui. C'est l'Homme, qui va être condamné. Mirtus, soldat, est scandalisé. Le calife lui proposera une alternative, en donnant sa vie pour le sauver.
Cinquante ans plus tard la pièce parle toujours des rapports tumultueux et d'incompréhension entre l'Orient et l'Occident, restituant au texte sa valeur prophétique et sa pertinence.
Le cavalier seul est cette histoire magnifique, à la fois grand roman d'aventures et quête mystique où l'époque des Croisades crève dans la dérision. C'est ainsi que le metteur en scène présente le spectacle. Il faut sans doute être en forme pour en goûter les moindres détails. Lui, en tout cas, est dans une stature olympique et je suis très admirative de son travail.
Audiberti a souhaité que, seul le héros poursuive l'aventure sans changer de nom, et dans les trois régions qu'il traverse. Il a voulu par contre que les personnages principaux soient joués par les mêmes comédiens. Marcel Maréchal est confondant en autocrate et c'est dans ce personnage que je l'ai préféré. Néanmoins, toute la troupe sert admirablement des répliques ciselées tout au long du spectacle. Je regrette d'autant plus de n'avoir pas été la spectatrice qu'ils méritent d'avoir.
Le Cavalier seul de Jacques Audiberti,
Mise en scène Marcel Maréchal
Avec Marina Vlady, Marcel Maréchal, Emmanuel Dechartre, Antony Cochin, Michel Demiautte, Nassim Haddouche, Mathias Maréchal, Céline Martin Sisteron, Julian Peres, Henry Valette
Au Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris
Du 22 mai ai 5 juillet, les mardis, vendredis et samedis à 20 h 30, mercredis et jeudis à 19 heures, matinée samedi à 16 heures.
1 commentaire:
Mon impression est décidément assez proche de la tienne, bien que j'ajoute à ma sensation d'hésitation le fait que je n'ai pas l'expertise ou les connaissances qui peuvent me permettre de bien appréhender ce genre de spectacles...
(Rien à voir mais stylistiquement parlant, nos profs nous conseillent souvent d'éviter les phrases-sans-sujet style "Il y a ..."
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