Jean Becker explore très différemment le domaine, à l'inverse du film Hippocrate que j'ai vu (et très apprécié) il y a quelques jours.
Avec le Malade imaginaire qui est en ce moment à l'affiche du Théâtre 71 on peut dire que le sujet est bien balayé.
Le réalisateur a choisi l'angle de la comédie, voire même celui de la dérision, juste ce qu'il faut de corrosif, en fait pas tant sur l'hôpital que sur la société. Cette manière de parler à la troisième personne est symptomatique du lieu, mais on pourrait en dire autant du monde de la justice, très opaque pour beaucoup, de la petite enfance, de l'école. Combien d'enseignants rendent compte de la journée aux parents en désignant l'enfant par un pronom (im)personnel alors que zouave ne perd pas une miette du discours le concernant ?
Suite à un accident, Pierre, la soixantaine, se retrouve cloué au lit avec une jambe dans le plâtre. Misanthrope au caractère bien trempé rêvant de silence et de solitude, voilà que le monde s’invite à son chevet. Il assiste alors impuissant à la valse quotidienne des médecins, infirmières et personnels hospitalier, puis de ses proches dont son frère Hervé. Au fil de rencontres inattendues, drôles ou touchantes, Pierre reconsidère certains a priori et pose sur les autres un regard différent. Et, contre toute attente, ce séjour à l’hôpital finit par ressembler à une renaissance…Tout le monde défile dans la chambre de Pierre (Gérard Lanvin) un macho dans lequel se révèle une crème d'homme, capable de toutes les empathies. Ces incursions sont prétextes à parler de l'amour, de l'adolescente, de la cougar, du mari blasé, de l'infidélité, du besoin de figure paternelle (aussi bien pour le flic que pour le jeune prostitué, signifiant bien que cette attente est universelle), des incompréhensions de la vie ...
Bien sûr le grand patron est une caricature, mais il en existe encore.
Bien sûr le kiné est un sadique, mais il est si drôle.
Bien sûr il y a un subtil dosage d'histoire d'amour.
Certes, on peut remarquer un coté "déjà vu", avec l'évocation de Elle et lui (décidément les auteurs auraient-ils tous les mêmes sources d'inspiration .... C'était déjà cela avec 3 coeurs ...) et ces retrouvailles vingt ans après même si c'est l'homme qui est handicapé (momentanément) et pas la femme.
Certes on peut critiquer l'affiche, stupide. Certes, on pourra dire que c'est davantage du théâtre que du cinéma. Mais la fin est tout de même assez bien imaginée. L'animatrice de télévision Anne-Sophie Lapix fait ses preuves comme comédienne, comme d'ailleurs le chanteur Daniel Guichard et l’humoriste Claudia Tagbo campe une infirmière plus vraie que nature. Quant à Jean-Pierre Darroussin (le frère) il est comme d'habitude, très juste. C’est déjà sa deuxième collaboration avec Jean Becker avec qui il a tourné Dialogue avec mon jardinier en 2007, que vous pouvez toujours lire.
Au final le film est comique, mais pas que. Sans aller jusqu'à conclure que c'est un film éblouissant je peux vous prévenir qu'il va vous remuer plus que vous ne croyez et qu'après vous ne regarderez plus un chat de la même façon.
Bon rétablissement ! est l’adaptation du roman éponyme de Marie-Sabine Roger, paru en 2012 (chez Actes Sud) qui elle même cosigne le scénario. C’est la seconde fois que Jean Becker adapte un des ouvrages de la romancière après La Tête en friche.
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