Solange hésite tous les soirs depuis le 16 septembre. Rester ou partir est un dilemme dont elle s'entretient avec le mur, parce qu'il n'y a guère que lui pour l'écouter.
Le mariage, nous dit Solange, c'est comme le Moyen-Orient, sans solution. La ménagère enchaine les vérités à coups de comparaison à l'emporte-pièce.
Ce récit d’une vie de femme a été écrit par un homme, Willy Russel, en 1988 et il demeure (hélas) furieusement actuel. La création a eu lieu avec succès l'an dernier en Avignon.
Solange aurait voulu ressembler à sa camarade de classe, Constance Dujardin. Jeune elle s'imaginait devenir hôtesse de l'air. Et voilà que lorsque sa copine Nicole lui offre un billet d'avion pour la Grèce elle freine des quatre fers.
Je ne sais pas pourquoi une femme de cinquante ans qui a tout juste le moyen d'exhausser son rêve ne part pas.
Elle connait la réponse : elle a peur de l'autre coté. s'il n'y a pas de place de l'autre coté du mur, je reste comme çà. Après tout, après une bouteille de rosé j'aurai l'impression d'y être.
Le public rit beaucoup. Ses images forcent l'empathie. Son mari n'a aucune qualité. Le constat est sévère mais il semble juste. L'homme s'affale à table tous les soirs à la même heure devant son assiette de steack frites.
Forcément, le soir où elle lui mitonne un oeuf sur le plat la crise est terrible mais elle aura le mérite de la pousser à passer de l'autre coté de la cloison.
Billet, argent, passeport, valise ... Solange devient la magnifique, la courageuse, griffonne un mot d'explication. Changement (radical) de décor. La voilà bel et bien en Grèce. Mais la situation n'est pas pour autant idyllique. C'est maintenant avec le rocher qu'elle entretient la conversation.
On la croyait tirée d'affaire mais rien ne s'est passé comme prévu. Ce n'est pas parce qu'on jette le tablier pour endosser un déshabillé de soie que tout change. Pourquoi porte-t-on en nous nos rêves de vie et qu'on n'en fait rien ? Quel gâchis !
Le public cette fois ne rit plus. Valérie Mairesse transmet beaucoup d'humanité dans son personnage. En réussissant à nous divertir tout en faisant passer des messages à tonalité féministe sans sombrer dans la caricature. C'est avec soulagement qu'on la voit lutter pour continuer à exprimer tout son appétit de vivre. La happy end que je ne vais pas vous raconter mettra tout le monde d'accord.
Partie en Grèce démontre que le théâtre peut être populaire et de qualité.
Partie en Grèce de Willy Russel,au Théâtre la Bruyère, 5 rue La Bruyère, 75009 Paris
mise en scène de Marie-Pascale Osterrieth
avec Valérie Mairesse
Du mardi au samedi à 19h depuis le 16 septembre 2015
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