Le portrait de couverture, intitulé Coco bel oeil, a été réalisé par la photographe Roxane Lowit au Palace en 1981. On y découvre une Eva (Ionesco) très jolie, l'air farouche juge Simon Liberati. Il la compare tour à tour à un minotaure à la Garouste, une sirène des années 50 dessinée par un peintre de foire, à une licorne coiffée pour la parade... Bref, le livre abonde de métaphores.
Simon Liberati a été journaliste, notamment à FHM, Grazia et 20 Ans avant de décider de se consacrer exclusivement à l'écriture. Son dernier roman surgit dans la droite ligne de ce qu’il a fait auparavant. En effet, le premier, Anthologie des apparitions, publié en 2004 par Frédéric Beigbeder, alors éditeur chez Flammarion, et qui deviendra son ami, porte sur le thème de l'adolescence.
Trois ans plus tard, avec Nada exist, il brosse le portrait d'un photographe de mode qui passe des paillettes et de la célébrité à la dérive.
Son troisième ouvrage, L'hyper Justine reçoit le prix de Flore. En 2011, son quatrième roman Jayne Mansfield 1967, parait chez Grasset, récompensé par le prix Femina. En janvier 2013, il publie, chez Flammarion, 113 études de littérature romantique, dans lequel il recense les lectures qui l’ont construit.
Après cela, il avait (c’est lui qui nous le confie dans son dernier roman) juré fidélité à la littérature alors il a pris l’objet de son amour, Eva, pour en faire un livre, Eva.
Il a écrit là une magnifique déclaration d'amour en donnant au lecteur le sentiment d'assister en direct au processus de cristallisation.
Il faut reconnaitre que Simon et Eva étaient faits pour s’assembler. Si leurs retrouvailles ont lieu trente-cinq ans après leur première rencontre elles n’en sont pas moins magiques. Cela relève du coup de théâtre et tient du sortilège. Il écrira d’ailleurs qu’Eva l’a féé.
Il a beaucoup de belles formules, aussi bien pour se désigner que pour la nommer. Il ne masque pas les difficultés de leur vie à deux, ni ses propres défauts comme ceux de sa Lolita. Ainsi il écrit qu'il la retrouve des années plus tard, déchue physiquement mais ayant toujours son potentiel de fée d'autrefois, n'ayant rien perdu de la candeur audacieuse et cruelle de l'enfance. A peine a-t-il néanmoins décrit la faillite de sa grâce que la voici qui resurgit embellie d'une vertu nouvelle, la charité. Il nous fait vivre les choses d’une telle manière que le lecteur est ébloui par l’incandescence des sentiments de ce duo, qu’il compare à un couple d’inséparables. Le texte est puissant, baudelairien.
J’en serais sans doute restée là, totalement sous le charme et satisfaite qu'il soit sélectionné pour le Goncourt si l’ensemble ne s’étirait pas en longueur avec moult répétitions et références littéraires. A force d’étaler sa culture Simon Liberati prend trop de distance par rapport à son sujet, cette femme-enfant rescapée d'une enfance qui n'en fut pas une, et qui va occuper une place particulière puisqu’il l’épousera en ayant constamment autant peur de la perdre que de la gagner.
On se doute qu’il ne peut pas y avoir de fin, mais par exemple l’analyse de la relation avec sa mère, photographe qui en fit, dans les années 1970, le modèle d'une vaste oeuvre photographique érotique, parfois pornographique, en tout cas extrêmement perverse. J’avais beaucoup aimé le film qu’elle-même avait réalisé en 2011 à partir de sa propre histoire, My little princess. J'en connais donc suffisamment sur leur histoire familiale pour n'avoir pas besoin qu'on me l'explique. Mais tous ceux qui ne l’ont pas vu avant de se plonger dans cette lecture risquent de se perdre au fil des pages.
Eva de Simon Liberati chez Stock, en librairie le 19 août
Simon Liberati a été journaliste, notamment à FHM, Grazia et 20 Ans avant de décider de se consacrer exclusivement à l'écriture. Son dernier roman surgit dans la droite ligne de ce qu’il a fait auparavant. En effet, le premier, Anthologie des apparitions, publié en 2004 par Frédéric Beigbeder, alors éditeur chez Flammarion, et qui deviendra son ami, porte sur le thème de l'adolescence.
Trois ans plus tard, avec Nada exist, il brosse le portrait d'un photographe de mode qui passe des paillettes et de la célébrité à la dérive.
Son troisième ouvrage, L'hyper Justine reçoit le prix de Flore. En 2011, son quatrième roman Jayne Mansfield 1967, parait chez Grasset, récompensé par le prix Femina. En janvier 2013, il publie, chez Flammarion, 113 études de littérature romantique, dans lequel il recense les lectures qui l’ont construit.
Après cela, il avait (c’est lui qui nous le confie dans son dernier roman) juré fidélité à la littérature alors il a pris l’objet de son amour, Eva, pour en faire un livre, Eva.
Il a écrit là une magnifique déclaration d'amour en donnant au lecteur le sentiment d'assister en direct au processus de cristallisation.
J'ai su très vite qu'Eva allait me rendre heureux, c'est-à-dire m'affoler, bouleverser ma vie si complètement qu'il faudrait tout refaire autrement.Il dit "je", osant mettre son âme à nu. Du coup, moi qui pensais avoir en mains le portrait d'Eva, Eva Ionesco en l'occurrence, j'ai découvert que c'était celui, en creux, de Simon Liberati auquel il se livre sans concession.
Il faut reconnaitre que Simon et Eva étaient faits pour s’assembler. Si leurs retrouvailles ont lieu trente-cinq ans après leur première rencontre elles n’en sont pas moins magiques. Cela relève du coup de théâtre et tient du sortilège. Il écrira d’ailleurs qu’Eva l’a féé.
Il a beaucoup de belles formules, aussi bien pour se désigner que pour la nommer. Il ne masque pas les difficultés de leur vie à deux, ni ses propres défauts comme ceux de sa Lolita. Ainsi il écrit qu'il la retrouve des années plus tard, déchue physiquement mais ayant toujours son potentiel de fée d'autrefois, n'ayant rien perdu de la candeur audacieuse et cruelle de l'enfance. A peine a-t-il néanmoins décrit la faillite de sa grâce que la voici qui resurgit embellie d'une vertu nouvelle, la charité. Il nous fait vivre les choses d’une telle manière que le lecteur est ébloui par l’incandescence des sentiments de ce duo, qu’il compare à un couple d’inséparables. Le texte est puissant, baudelairien.
J’en serais sans doute restée là, totalement sous le charme et satisfaite qu'il soit sélectionné pour le Goncourt si l’ensemble ne s’étirait pas en longueur avec moult répétitions et références littéraires. A force d’étaler sa culture Simon Liberati prend trop de distance par rapport à son sujet, cette femme-enfant rescapée d'une enfance qui n'en fut pas une, et qui va occuper une place particulière puisqu’il l’épousera en ayant constamment autant peur de la perdre que de la gagner.
On se doute qu’il ne peut pas y avoir de fin, mais par exemple l’analyse de la relation avec sa mère, photographe qui en fit, dans les années 1970, le modèle d'une vaste oeuvre photographique érotique, parfois pornographique, en tout cas extrêmement perverse. J’avais beaucoup aimé le film qu’elle-même avait réalisé en 2011 à partir de sa propre histoire, My little princess. J'en connais donc suffisamment sur leur histoire familiale pour n'avoir pas besoin qu'on me l'explique. Mais tous ceux qui ne l’ont pas vu avant de se plonger dans cette lecture risquent de se perdre au fil des pages.
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