Je ne connaissais pas la collection de bandes dessinées "Grands Destins de Femmes" des éditions Naïve, déjà riche de volumes consacrés à des personnalités aussi différentes que Virginia Woolf, Françoise Dolto, Coco Chanel ou Dian Fossey.
Après avoir lu celui qui retrace la vie de Marie Curie on se demande pourquoi elle n'a pas été plus tôt sur la liste. Elle qui fut la première femme professeur d'université en France ...
J'ai appris beaucoup de choses dans ce livre que j'ai eu la chance de découvrir avant sa sortie en librairie. C'est Laura Berg qui a écrit les textes à partir d'un scénario qu'elle a elle-même composé. La jeune femme avait deux dispositions particulières qui ont structuré son travail : elle est photographe et a donc le sens du cadre, et elle connait très bien la Pologne, qui est le pays d'origine de Marie Curie.
Elle raconte sa vie en pointant certains éléments plus que d'autres. En particulier son implication au cours de la Première Guerre mondiale avec sa fille en secourant un million de blessés grâce à une unité de radiologie mobile. Cette bravoure avait fait l'objet d'un documentaire remarquable à patir d'images d'archives, et diffusé par France 3 sur le rôle des femmes pendant cette guerre que j'avais chroniqué il y a presque un an.
On apprend que les femmes n'avaient pas du tout accès aux études supérieures en Pologne où elles ont créé une université clandestine. Que la tuberculose et le typhus sont de redoutables maladies. Que l'un des corps radioactif découvert par la physicienne s'appellera polonium, en hommage à sa terre natale.
Ce portrait est plein d'humanité et de poésie. On devine combien son oeuvre a été menée dans des conditions périlleuses, longtemps sans aucune protection physique contre les radiations. Son mari peut être associé à son succès, de la même manière qu'il refusait de recevoir le Prix Nobel si on ne le lui attribuait pas à elle aussi.
Les dessins de Stéphane Soularue apportent du mouvement et restituent une Marie qui fut autant femme de science que de coeur, portée par l'enthousiasme et le courage, toujours déterminée par une volonté permanente d’émancipation, dans le respect de ses valeurs.
Après des études aux Arts décoratifs de Paris, il a commencé à travailler comme illustrateur pour la presse (Libération, Le Nouvel Observateur, L’Expansion, L’Humanité…) avant de publier sa première BD, Sueurs noires, en 2007 aux éditions Six Pieds sous Terre. Professeur agrégé en Arts appliqués, il enseigne l’illustration et le cinéma d’animation à l’école Estienne depuis 2003.
Laura Berg avait publié un premier roman, Second portrait d’Irena, que j'avais apprécié il y a dix-huit mois.
Marie Curie, de Laura Berg, et Stéphane Soularue, Naïve, en librairie le 17 septembre 2015
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