Voilà réellement un projet audacieux qui a l'ambition de retracer l'aventure que fut en 1953, pour Samuel Beckett et ses acolytes, la conception d'En attendant Godot, depuis les prémices de son écriture jusqu'au scandale de sa première. Et Stéphanie Chévara a assuré l'écriture et la mise en scène du spectacle en ayant l'objectif de nous mener sur les chemins escarpés de la création, au cœur du Paris d'après-guerre.
La naissance d’un chef d’oeuvre prend forme sous nos yeux, sans occulter incidents, heureux hasards, catastrophes quotidiennes, et petits miracles.
Sur le plan de la forme, et c'est assez rare au théâtre pour le souligner, la musique joue un rôle important tout au long du spectacle avec la chanson Mad World, éditée en 1982 par le groupe britannique Tears for Fears, reprise par Michael Andrews et Gary Jules en 2001 pour la BO du film culte Donnie Darko, puis par Susan Boyle en 2011. Plus récemment, Mylène Farmer la chanta avec Gary Jules lors de sa tournée Timeless 2013 à Bercy.
Cette chanson est bien choisie et insuffle un vent de nostalgie sur la scène. On retrouve sans surprise les éléments de décor que l'on associe tous à Godot : les silhouettes, l'arbre, les chapeaux melon ... On est également confronté aux atermoiements de ceux qui avaient peur de monter la pièce, à l'enthousiasme de Roger Blin et au courage de Jean-Marie Serreau qui la créera au Théâtre de Babylone.
On ressent aussi parfaitement les doutes de Samuel Beckett, constamment tempéré par son épouse (dont j'ignorais le rôle si déterminant dans cette affaire). On apprend aussi que l’idée de l’arbre est inspirée du tableau Deux Hommes contemplant la Lune du peintre allemand Caspar David Friedrich peint en 1819-1820. L'oeuvre est projeté à plusieurs reprises sur le fond de scène.
Le clown Grock a été une autre source d’inspiration pour créer les deux clowns tragiques. Et la personnalité de Samuel Beckett est interprétée brillamment par Laurent Collard.
Mais ... vous aurez deviné que derrière ces compliments se cristallise un doute, lié pour moi à l'emploi du voile qui fait écran entre les spectateurs et le plateau. Si j'ai bien compris sa fonction il n'empêche que sa présence trop souvent récurrente introduit une distance qui m'a régulièrement dérangée, malgré les qualités manifestes de cette création.
Naissance d’un chef-d’oeuvre, inspiré par l’histoire vraie de la création d’En attendant Godot de Samuel Beckett en 1953.
Adaptation et mise en scène Stéphanie Chévara
Scénographie Victor Melchy
Avec Morgane Ader, François Boisseau, Laurent Collard, Armand Eloi, Barthélémy Goutet, et en alternance, Arthur Minthe et Théophile Pouillot-Chévara.
Au Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris
Jusqu'au 3 décembre 2015
Du mercredi au samedi à 21 h 15
Dimanche à 17 heures
Les photographies qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © Dominique Martigne.
La naissance d’un chef d’oeuvre prend forme sous nos yeux, sans occulter incidents, heureux hasards, catastrophes quotidiennes, et petits miracles.
Sur le plan de la forme, et c'est assez rare au théâtre pour le souligner, la musique joue un rôle important tout au long du spectacle avec la chanson Mad World, éditée en 1982 par le groupe britannique Tears for Fears, reprise par Michael Andrews et Gary Jules en 2001 pour la BO du film culte Donnie Darko, puis par Susan Boyle en 2011. Plus récemment, Mylène Farmer la chanta avec Gary Jules lors de sa tournée Timeless 2013 à Bercy.
Cette chanson est bien choisie et insuffle un vent de nostalgie sur la scène. On retrouve sans surprise les éléments de décor que l'on associe tous à Godot : les silhouettes, l'arbre, les chapeaux melon ... On est également confronté aux atermoiements de ceux qui avaient peur de monter la pièce, à l'enthousiasme de Roger Blin et au courage de Jean-Marie Serreau qui la créera au Théâtre de Babylone.
On ressent aussi parfaitement les doutes de Samuel Beckett, constamment tempéré par son épouse (dont j'ignorais le rôle si déterminant dans cette affaire). On apprend aussi que l’idée de l’arbre est inspirée du tableau Deux Hommes contemplant la Lune du peintre allemand Caspar David Friedrich peint en 1819-1820. L'oeuvre est projeté à plusieurs reprises sur le fond de scène.
Le clown Grock a été une autre source d’inspiration pour créer les deux clowns tragiques. Et la personnalité de Samuel Beckett est interprétée brillamment par Laurent Collard.
Mais ... vous aurez deviné que derrière ces compliments se cristallise un doute, lié pour moi à l'emploi du voile qui fait écran entre les spectateurs et le plateau. Si j'ai bien compris sa fonction il n'empêche que sa présence trop souvent récurrente introduit une distance qui m'a régulièrement dérangée, malgré les qualités manifestes de cette création.
Naissance d’un chef-d’oeuvre, inspiré par l’histoire vraie de la création d’En attendant Godot de Samuel Beckett en 1953.
Adaptation et mise en scène Stéphanie Chévara
Scénographie Victor Melchy
Avec Morgane Ader, François Boisseau, Laurent Collard, Armand Eloi, Barthélémy Goutet, et en alternance, Arthur Minthe et Théophile Pouillot-Chévara.
Au Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris
Jusqu'au 3 décembre 2015
Du mercredi au samedi à 21 h 15
Dimanche à 17 heures
Les photographies qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © Dominique Martigne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire