Première représentation ce soir d'une longue série de l'Histoire du Soldat, sur la scène nationale de Malakoff (92).
Première, façon de parler puisque c'est la reprise d'une mise en scène de 2003 et que le public suisse en a eu la primeur au mois d'octobre. En toute logique puisque le metteur en scène Omar Porras a initié l'aventure collective du Teatro Malandro à Genève.
Pour fêter ses 25 ans d'existence il a décidé de recréer ses plus grands succès, la Visite de la Vieille dame, que nous verrons en janvier 2016, et l'Histoire du Soldat.
Cadeau magnifique en cette période trouble où plus que jamais (il faudrait pouvoir ne plus jamais dire jamais ...) le théâtre et la culture dans toutes ses disciplines peuvent constituer un rempart à l'obscurantisme.
C'est un directeur ému, Pierre-François Roussillon, qui a accueilli personnellement le public pour exprimer au nom de son équipe combien il s'associait à tous ceux qui ont été touchés par les attentats. Heureux de voir que nous avions été nombreux à faire acte de résistance pour partager cette soirée (il y avait eu 150 annulations au cours de la journée. On peut comprendre mais on peut aussi largement regretter).
En temps "ordinaire" on préserve le suspense mais il a bien fait de prévenir les spectateurs. La représentation est ponctuée de coups de tonnerre et de pétarades qui auraient de quoi effrayer dans le contexte actuel. Les effets spéciaux sont effectivement saisissants, mais de toute beauté et totalement justifiés. Ils ont presque une vertu cathartique face aux évènement qu'on vient de vivre.
Igor Stravinsky avait déjà composé l'Oiseau de feu et le Sacre du printemps quand il fait la connaissance de Charles-Ferdinand Ramuz, en Suisse, en 1915. Nous sommes en pleine Première guerre mondiale. De l'amitié entre les deux hommes nait l'Histoire du Soldat qui sera jouée en 1919.
Ramuz s'est inspiré d'un conte populaire russe "le déserteur et le diable" et on pourra aussi trouver des analogies avec le mythe de Faust.
Beaucoup de versions ont été imaginées depuis. Notamment une chorégraphie de Maurice Béjart avec le danseur Yann le Gac en 1983 au Théâtre du Châtelet. On y découvrait un héros, blessé, qui revivait les fragments brisés de sa vie sur un lit d'hôpital.
L'intention d'Omar Porras est très différente. Il embarque le public dans l'univers du conte en lui donnant la dimension universelle de la quête du bonheur et du pari que tout un chacun fait constamment entre ce qu'il accepte de mettre en jeu pour tenter d'obtenir plus de la vie. Au risque de tout perdre ...
La magie opère tout de suite. Un jeu d'ombres chinoises détache des silhouettes qui s'approchent ou s'éloignent comme si nous étions armés de jumelles pour guetter le retour du soldat. Sur le chemin qui le ramène chez lui, son violon sur le dos, Joseph rencontrera un mystérieux chasseur de papillons qui va lui proposer un étrange troc : son instrument contre un livre magique prédisant l’avenir. Joseph succombera à la tentation et le public sera lui aussi sous le charme ...
Omar Porras s'est glissé dans le costume du diable, parmi les comédiens qui portent tous un masque (superbe travail de Fredy Porras). La maitrise du jeu est sans faille. On ne cesse d'être émerveillé. Et c'est une idée juste que de saluer aussi avec le masque à la main.
Les musiciens, à jardin, laissent le champ libre à l'action. Leur présence est discrète mais vous constaterez qu'ils répondent souvent aux comédiens. L'ensemble 2e2m, fondé en 1972 par Paul Mefano, est dirigé par Benoît Willmann. Une version concert sera donnée les 10, 11 et 12 décembre aux 3 Pierrots à Saint-Cloud.
L'Histoire du SoldatPour fêter ses 25 ans d'existence il a décidé de recréer ses plus grands succès, la Visite de la Vieille dame, que nous verrons en janvier 2016, et l'Histoire du Soldat.
Cadeau magnifique en cette période trouble où plus que jamais (il faudrait pouvoir ne plus jamais dire jamais ...) le théâtre et la culture dans toutes ses disciplines peuvent constituer un rempart à l'obscurantisme.
C'est un directeur ému, Pierre-François Roussillon, qui a accueilli personnellement le public pour exprimer au nom de son équipe combien il s'associait à tous ceux qui ont été touchés par les attentats. Heureux de voir que nous avions été nombreux à faire acte de résistance pour partager cette soirée (il y avait eu 150 annulations au cours de la journée. On peut comprendre mais on peut aussi largement regretter).
En temps "ordinaire" on préserve le suspense mais il a bien fait de prévenir les spectateurs. La représentation est ponctuée de coups de tonnerre et de pétarades qui auraient de quoi effrayer dans le contexte actuel. Les effets spéciaux sont effectivement saisissants, mais de toute beauté et totalement justifiés. Ils ont presque une vertu cathartique face aux évènement qu'on vient de vivre.
Igor Stravinsky avait déjà composé l'Oiseau de feu et le Sacre du printemps quand il fait la connaissance de Charles-Ferdinand Ramuz, en Suisse, en 1915. Nous sommes en pleine Première guerre mondiale. De l'amitié entre les deux hommes nait l'Histoire du Soldat qui sera jouée en 1919.
Ramuz s'est inspiré d'un conte populaire russe "le déserteur et le diable" et on pourra aussi trouver des analogies avec le mythe de Faust.
Beaucoup de versions ont été imaginées depuis. Notamment une chorégraphie de Maurice Béjart avec le danseur Yann le Gac en 1983 au Théâtre du Châtelet. On y découvrait un héros, blessé, qui revivait les fragments brisés de sa vie sur un lit d'hôpital.
L'intention d'Omar Porras est très différente. Il embarque le public dans l'univers du conte en lui donnant la dimension universelle de la quête du bonheur et du pari que tout un chacun fait constamment entre ce qu'il accepte de mettre en jeu pour tenter d'obtenir plus de la vie. Au risque de tout perdre ...
La magie opère tout de suite. Un jeu d'ombres chinoises détache des silhouettes qui s'approchent ou s'éloignent comme si nous étions armés de jumelles pour guetter le retour du soldat. Sur le chemin qui le ramène chez lui, son violon sur le dos, Joseph rencontrera un mystérieux chasseur de papillons qui va lui proposer un étrange troc : son instrument contre un livre magique prédisant l’avenir. Joseph succombera à la tentation et le public sera lui aussi sous le charme ...
Omar Porras s'est glissé dans le costume du diable, parmi les comédiens qui portent tous un masque (superbe travail de Fredy Porras). La maitrise du jeu est sans faille. On ne cesse d'être émerveillé. Et c'est une idée juste que de saluer aussi avec le masque à la main.
Les musiciens, à jardin, laissent le champ libre à l'action. Leur présence est discrète mais vous constaterez qu'ils répondent souvent aux comédiens. L'ensemble 2e2m, fondé en 1972 par Paul Mefano, est dirigé par Benoît Willmann. Une version concert sera donnée les 10, 11 et 12 décembre aux 3 Pierrots à Saint-Cloud.
texte Charles-Ferdinand Ramuz
musique Igor Stravinsky
mise en scène Omar Porras
avec Alexandre Ethève, Philippe Gouin, Joan Mompart, Omar Porras, Maëlla Jan et l’Ensemble 2e2m avec Véronique Fèvre Clarinette, Mehdi El Hammami Basson, Laurent Bômont Cornet, Patrice Hic Trombone, Alain Huteau Percussions, Pablo Schatzman violon, Tanguy Menez Contrebasse
sous la direction de Benoît Willmann
scénographie Fredy et Omar Porras
masques Fredy Porras
Du 17 au 27 novembre 2015
mardi, vendredi à 20h30
mercredi, jeudi, samedi à 19h30
dimanche à 16h
Théâtre 71 Scène Nationale de Malakoff
3 place du 11 Novembre 92240 Malakoff
01 55 48 91 00 billetterie@theatre71.com
Et ensuite les 2 et 3 décembre à la Comédie de Caen, puis du 15 au 22 décembre au Théâtre du Nord, de Lille.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Elisabeth Carecchio
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