Il y a des jours, des semaines, sans doute davantage, où la lecture peut apaiser le quotidien pourvu qu'on ait sous la main un livre dont l'écriture soit soit légère, facile, mais intelligente. Ce n'est pas si facile à trouver. Un sacré numéro est de ceux là.
Aurore évolue entre des personnes qui accumulent les succès. Entre sa mère, fondatrice d’une célèbre maison de macarons et son frère, horloger au rayonnement international, elle se fait l’effet d’être une vraie ratée. Sa vie ? Un concentré d’échecs amoureux et un emploi de bureau obtenu par piston … Pas vraiment brillant, surtout quand on vient de dépasser la trentaine. Et en plus, Aurore est maladroite ! Un jour, elle envoie un SMS… et se trompe de numéro. Commence alors un échange avec un mystérieux inconnu.
Mystérieux, cela reste à prouver et le lecteur est vite mis sur une (fausse) piste. Sarah Clain, dont c'est je crois le premier roman, a une imagination qui fuse et qui m'a permis d'oublier le contexte angoissant que nous vivons depuis plusieurs jours, surtout quand on doit se rendre régulièrement à Paris.
Elle nous entraine sur la plus belle avenue du monde, ces Champs-Elysées que le monde entier nous envie et où j'ai pourtant eu du mal à remettre les pieds hier. le spectacle valait pourtant le coup. En attendant d'aller au Lido, vous pouvez toujours avoir un aperçu de la vie parisienne avec ce livre.
On se surprend aussi à considérer d'un nouvel oeil les biens matériels que l'on croit indispensables et avoir envie de dénombrer ses vrais amis. Comme le constate Aurore en consultant son répertoire les gens, comme les objets, s'accumulent. (p.8)
Elle nous donne une jolie définition du bonheur à deux sans pour autant le nommer : parler de son travail à quelqu'un qui ne le connait pas mais le trouve passionnant, et apprécier réciproquement celui de l'autre, ne pas lire dans ses yeux qu'on est étrange, construire l'avenir au fur et à mesure, un peu comme on poserait ensemble les pièces d'un puzzle qui s'emboiteraient parfaitement et dont on découvrirait peu à peu l'image. (p. 65)
Aurore est distraite, donc surprenante. Ses confidences sont distrayantes, plus amusantes que celle de Bridget Jones à laquelle on ne manquera pas de la comparer. A ceci près qu'elle est parisienne, et donc plus proche de nous.
L'analyse psychologique de l'auteur est loin d'être superficielle comme on pourrait s'y attendre s'agissant d'une comédie romantique. Comme beaucoup de jeunes femmes, son héroïne a construit sa vision du monde à travers le prisme de sa mère, que ce soit dans son sens ou à contre-courant. (p. 109)
Il peut arriver à tout un chacun de se sentir prisonnier(e) dans une histoire qui est un paysage couvert d'un épais brouillard dont on arrive à peine à distinguer les contours. (...) A être contraint de devenir une tortue, avec son lit pour plastron et sa couette pour carapace. (p. 195)
L'auteur écrit joliment bien, avec des métaphores très justes et pourtant inédites. Elle fouille la question du pardon et de la manipulation. Les éditions City ne se sont pas trompés en classant l'ouvrage dans le domaine de la littérature plutôt que celui des "romans féminins" qui est une de leurs spécialités. C'est une lecture de divertissement, mais qui ne manque pas de profondeur.
D'abord auteur d’œuvres calligraphiques sur les murs de l’appartement familial, Sarah Clain a décidé un jour, au grand soulagement de ses parents, de remplir des cahiers avec des histoires en tout genre. Depuis, elle n’arrête plus d’écrire... et on espère une suite aux aventures d'Aurore.
Un sacré numéro de Sarah Clain aux éditions City ou en numérique, disponible depuis le 25 novembre 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire