(mis à jour le 25 novembre 2015)
Il y a démon et démon. Alors que c'est le titre d'une pièce qui se joue actuellement au Théâtre de Belleville c'est aussi l'intitulé d'une exposition présentée au Petit Palais jusqu'au 17 janvier 2016.
J'ai eu un énorme coup de coeur pour Utagawa Kuniyoshi, (1797-1861) le démon de l'estampe, qui est à mon (humble) avis, bien plus réussie et nettement plus abordable que celle que le Grand Palais avait consacré il y a un an à un autre artiste japonais, plus célèbre, Katsushika Hokusai (1760-1849).
C'est audacieux et totalement passionnant. Pour la première fois en France, on a rassemblé la production de cet artiste hors du commun, que fut Kuniyoshi, contemporain presque exact d’Eugène Delacroix, moins connu en Occident qu’Hokusai et Utamaro. Grâce à d’importants prêts japonais, complétés par ceux d’institutions françaises, les 250 estampes présentées témoignent de sa grande force dramatique et de sa beauté expressive de son oeuvre vivante, narrative, poétique...
L’exposition explicite à merveille la fonction de cette imagerie de grande qualité et son importance dans la société japonaise. Si on sait combien Monet admirait Hokusai, on apprend à cette occasion qu'il connaissait très bien Kuniyoshi, que Rodin appréciait tout autant que lui, et qui a largement influencé l’art du manga et du tatouage.
La scénographie a été pensée pour couper le visiteur du réel et le faire pénétrer dans le monde de Kuniyoshi avec sa cohorte de personnages, de figures, ses paysages, ses visions de la société... C’est également un espace pictural étonnant d’inventivité. L'entrée est marquée par un "choc visuel" puisque le visiteur est accueilli par des figures surdimensionnées comme s'il pénétrait dans les pages d’un manga géant, inspirés par les immenses panneaux publicitaires lumineux d’Osaka.
La scénographie a été pensée pour couper le visiteur du réel et le faire pénétrer dans le monde de Kuniyoshi avec sa cohorte de personnages, de figures, ses paysages, ses visions de la société... C’est également un espace pictural étonnant d’inventivité. L'entrée est marquée par un "choc visuel" puisque le visiteur est accueilli par des figures surdimensionnées comme s'il pénétrait dans les pages d’un manga géant, inspirés par les immenses panneaux publicitaires lumineux d’Osaka.
Comme un bonheur n'arrive jamais seul, on peut enchainer sur une seconde exposition, L’estampe visionnaire, de Goya à Redon, préparée elle aussi avec une forte intelligence, justifiant le titre de "Fantastique !" pour leur union. Au premier sens du terme comme dans ce qu'il implique de sensationnel.
J'ai visité l'ensemble en me laissant porter par la beauté et la symbolique des images, en prenant quelques clichés de ce qui me semblait le plus évocateur. Je m'aperçois, en consultant le site du Petit Palais que le résumé du parcours est assez proche. Je l'insère donc dans ce billet pour vous donner un aperçu plus fidèle que toutes les explications possibles. Ceux qui voudront en voir plus pourront ensuite dérouler l'article pour accéder à mes photos. En cliquant sur la première il est possible de les voir grandeur réelle, ce qui est sans comparaison avec le format vignette.
Voilà en tout cas un très bel objectif de sortie, avec ou sans enfants. Ne manquez pas de faire un tour ou un détour par les collections permanentes (d'accès toujours gratuit). On y rencontre Courbet, Bonnard, Maillol, Monet ... Prévoyez une grande demi-journée et profitez aussi du jardin, qui évoque un peu un riad marocain.
Consultez auparavant le site du Petit Palais qui a tout un programme d'activités complémentaires, conférences, ateliers, nocturnes, et une librairie avec des publications spécifiques.
Consultez auparavant le site du Petit Palais qui a tout un programme d'activités complémentaires, conférences, ateliers, nocturnes, et une librairie avec des publications spécifiques.
Fantastique ! La double exposition | Petit Palais par paris_musees
Chacune des deux expositions a sa propre personnalité mais des liens notamment esthétiques apportent une harmonie et une parenté qui s’expriment par exemple par une ligne de mobilier commune, des détails de construction, des matériaux, un principe de couleurs en contrepoint d’une exposition à l’autre.
On commence par Kuniyoshi, le démon de l’estampe.
L’œuvre de cet artiste est multiple et son univers entre encore en résonance avec celui du japon actuel : qu’il s’agisse des bandes dessinées, des films d’animation, des tatouages, mais également de l’environnement publicitaire urbain.
L’anticonformisme de son œuvre le tint à l’écart de la vague du japonisme décoratif en Europe à la fin du XIXe siècle même s’il fut admiré de Monet ou Rodin. Ses estampes sont caractérisées par l’originalité de leur inspiration et des cadrages, la violence dans les séries de monstres et de combattants, l’humour dans les séries d’ombres chinoises, les caricatures et les représentations de la vie des chats.
Un espace introductif est consacré à la présentation de l’artiste et à sa réception en France au XIXe siècle.
A gauche, une première Gravure sur bois en couleurs de 1849, feuille droite d'un triptyque, provenant du Musée Rodin, réalisée par Utagawa Kuniyoshi : Iwanaga Soren et Akoya. A droite, une autre représentant un portrait commémoratif de Kuniyoshi, peu de temps avant sa mort.
On découvre, au fur et à mesure, son travail sur les guerriers et dragons, genre stylistique dans lequel il a excellé.
L'oeil est très vite attiré par ce héros légendaire japonais, Sakata Kaido-Maru, souvent représenté comme un enfant appelé Kintaro qui a démontré une force extraordinaire depuis sa plus tendre enfance et qui a appris à communiquer avec les animaux. Sa légende comprend des exploits incroyables comme le concassage de roches, des combats de monstres et démons, déracinant des arbres, ou encore aux prises avec une carpe géante et bondissante sous une cascade. Le traitement des projections de gouttes d'eau et le saisissant rideau d'eau bleu pâle coulant sur le dos de la carpe témoignent d'une grande maitrise du dessin.
Selon la légende inscrite dans un des cartouches de l'estampe (vers 1836), Yamauba, une sorcière qui vivait dans la montagne, rêva qu'elle s'unissait à un dragon roue et mit au monde ce petit garçon doté d'une force herculéenne. L'image de Kintaro est considérée comme un porte-bonheur.
On découvre, au fur et à mesure, son travail sur les guerriers et dragons, genre stylistique dans lequel il a excellé.
L'oeil est très vite attiré par ce héros légendaire japonais, Sakata Kaido-Maru, souvent représenté comme un enfant appelé Kintaro qui a démontré une force extraordinaire depuis sa plus tendre enfance et qui a appris à communiquer avec les animaux. Sa légende comprend des exploits incroyables comme le concassage de roches, des combats de monstres et démons, déracinant des arbres, ou encore aux prises avec une carpe géante et bondissante sous une cascade. Le traitement des projections de gouttes d'eau et le saisissant rideau d'eau bleu pâle coulant sur le dos de la carpe témoignent d'une grande maitrise du dessin.
Selon la légende inscrite dans un des cartouches de l'estampe (vers 1836), Yamauba, une sorcière qui vivait dans la montagne, rêva qu'elle s'unissait à un dragon roue et mit au monde ce petit garçon doté d'une force herculéenne. L'image de Kintaro est considérée comme un porte-bonheur.
Tout aussi impressionnante est la princesse Takiyasha invoquant un monstrueux squelette dans l'ancien palais de Soma, vers 1845-1846. La princesse et son frère s'initient aux arts magiques auprès du sorcier Nikushisen, dans l'intention de fomenter une révolte et d'accomplir ainsi les dernières volontés de leur défunt père. Le graveur représente un squelette de taille gigantesque qui semble être projeté depuis le fond vers l'avant de l'image dans un mouvement en diagonale et renversant un store de bambou. Le réalisme anatomique est admirable, comme en témoigne la précision du dessin des orifices dans lesquels passent les nerfs de la mâchoire inférieure.
Une seconde salle s’attache aux acteurs célèbres de Kabuki. Kuniyoshi excelle à représenter l’expressivité des visages avec suffisamment de fidélité et de caractère pour que le public puisse parfaitement les reconnaître et saisir ainsi la personnalité de chaque vedette, même s'ils sont parfois caractérisés par une grande expressivité tirant jusqu’à la caricature.
Puis, le parcours propose une sélection d’estampes de paysages au bord de l’eau dont l’angle de vue photographique confère à leur composition un style éminemment moderne qui témoigne de son intérêt pour les techniques picturales occidentales, notamment dans le traitement du ciel, des nuages, du clair-obscur et de la perspective.
À l’est d’Edo, le fleuve Sumida est non seulement un but de promenade réputé pour ses cerisiers en fleur ou ses feux d’artifice, mais aussi une importante voie d’échanges. De nombreux bateaux l’empruntent aussi pour rejoindre le Shin Yoshiwara, le quartier de plaisirs. Au cœur de la ville, les alentours du pont Ryôgoku, où Kuniyoshi vécut pendant un temps et qu’il représenta dans de nombreuses estampes, sont très fréquentés et comptent d’innombrables échoppes et maisons de thé alignées en rangs serrés.
Ces vues d’Edo peuplées de personnages saisis dans leur vie quotidienne, donnent à qui les regarde l’impression de marcher le long du fleuve aux côtés du maître. Ses paysages ont été très prisés. Claude Monet (1840-1926) ou le grand collectionneur d’art japonais Henri Vever (1854-1942) en possédèrent plusieurs.
Une seconde salle s’attache aux acteurs célèbres de Kabuki. Kuniyoshi excelle à représenter l’expressivité des visages avec suffisamment de fidélité et de caractère pour que le public puisse parfaitement les reconnaître et saisir ainsi la personnalité de chaque vedette, même s'ils sont parfois caractérisés par une grande expressivité tirant jusqu’à la caricature.
Cette tablette votive représente des masques d'acteurs de Kabuki sélectionnés au prix officiel, vers 1848. Il a aussi réalisé plusieurs gravure sur bois en couleurs où des personnages assemblés n'en forment qu'un, à l'instar de celle-ci, en 1847.
Le parcours s’attarde ensuite sur les plaisirs et divertissements à Edo au travers d’une grande variété d’estampes comme les "bijin-ga" ou beautés féminines plus traditionnelles ou encore des estampes plus originales, les "kodomo-e" ou images d’enfants qui révéleront le regard singulier que l’artiste pose sur les scènes de la vie quotidienne. J'ai remarqué une très belle Jeune fille tenant un parapluie sous la neige, vers1831-1832, et un Album et fleur de calebasse, réalisé en collaboration avec Shibata Zeshin (1807-1891), en 1849.Puis, le parcours propose une sélection d’estampes de paysages au bord de l’eau dont l’angle de vue photographique confère à leur composition un style éminemment moderne qui témoigne de son intérêt pour les techniques picturales occidentales, notamment dans le traitement du ciel, des nuages, du clair-obscur et de la perspective.
À l’est d’Edo, le fleuve Sumida est non seulement un but de promenade réputé pour ses cerisiers en fleur ou ses feux d’artifice, mais aussi une importante voie d’échanges. De nombreux bateaux l’empruntent aussi pour rejoindre le Shin Yoshiwara, le quartier de plaisirs. Au cœur de la ville, les alentours du pont Ryôgoku, où Kuniyoshi vécut pendant un temps et qu’il représenta dans de nombreuses estampes, sont très fréquentés et comptent d’innombrables échoppes et maisons de thé alignées en rangs serrés.
Ces vues d’Edo peuplées de personnages saisis dans leur vie quotidienne, donnent à qui les regarde l’impression de marcher le long du fleuve aux côtés du maître. Ses paysages ont été très prisés. Claude Monet (1840-1926) ou le grand collectionneur d’art japonais Henri Vever (1854-1942) en possédèrent plusieurs.
L’exposition se termine par un ensemble majeur d’œuvres satiriques et humoristiques témoignant du talent sans égal de l’artiste pour la caricature. Ces images du quotidien peuplées d’animaux anthropomorphes, chats (ci-dessous Proverbes illustrés par des chats, 1852), oiseaux, crapauds... ont influencé toute une génération de créateurs de mangas.
Pour accompagner les visiteurs d’une exposition à l’autre, un couloir de transition est animé grâce à un mélange créatif de motifs imprimés et de projections vidéo.
De par leur mouvement et leur présence visuelle forte, ces animations entrainent le visiteur de manière ludique d’un monde à l’autre, sous forme de conclusion pour l’univers coloré de Kuniyoshi, et sous forme de préambule pour celui, énigmatique et curieux, des estampes visionnaires.
Un espace sur la technique japonaise de l’estampe permet de voir de superbes outils en complément de l’exposition, ainsi qu’un espace de lecture de mangas mis à la disposition des visiteurs à la fin du circuit.
De par leur mouvement et leur présence visuelle forte, ces animations entrainent le visiteur de manière ludique d’un monde à l’autre, sous forme de conclusion pour l’univers coloré de Kuniyoshi, et sous forme de préambule pour celui, énigmatique et curieux, des estampes visionnaires.
Un espace sur la technique japonaise de l’estampe permet de voir de superbes outils en complément de l’exposition, ainsi qu’un espace de lecture de mangas mis à la disposition des visiteurs à la fin du circuit.
On poursuit avec l’estampe visionnaire de Goya à Redon
Cette seconde exposition est organisée par le Petit Palais avec le concours de la Bibliothèque nationale de France avec plus de 170 œuvres de Goya à Redon en passant par Delacroix et Gustave Doré.
C'est la première fois qu'on célèbre avec une telle ampleur, le monde terrifiant de l’estampe fantastique et visionnaire, en l'occurrence le triomphe du noir, du macabre au bestiaire fantastique, ou au paysage habité, jusqu’à la représentation du rêve ou du cauchemar à travers une plongée dans l’art fantastique qui suit un parcours chronologique.
Elle est néanmoins introduite par une vidéo contemporaine présentée en boucle, et qui crée le sentiment d’un trouble récurrent. Avec My Nights, Agnès Guillaume convoque dans un ballet les oiseaux noirs des nuits d’insomnie qu'elle traite de manière littérale et incarnée. Elle offre son propre portrait en fond d’image, cadré de face, en gros plan, tantôt les paupières closes, tantôt les yeux grand ouverts. Des oiseaux noirs surgissent devant le visage de l’artiste, proche de l’effacement. Nous sommes face à deux mondes qui ne communiquent pas, deux entités partageant le même espace-temps mais non la même intention, non la même pulsion de vie.
C'est la première fois qu'on célèbre avec une telle ampleur, le monde terrifiant de l’estampe fantastique et visionnaire, en l'occurrence le triomphe du noir, du macabre au bestiaire fantastique, ou au paysage habité, jusqu’à la représentation du rêve ou du cauchemar à travers une plongée dans l’art fantastique qui suit un parcours chronologique.
Elle est néanmoins introduite par une vidéo contemporaine présentée en boucle, et qui crée le sentiment d’un trouble récurrent. Avec My Nights, Agnès Guillaume convoque dans un ballet les oiseaux noirs des nuits d’insomnie qu'elle traite de manière littérale et incarnée. Elle offre son propre portrait en fond d’image, cadré de face, en gros plan, tantôt les paupières closes, tantôt les yeux grand ouverts. Des oiseaux noirs surgissent devant le visage de l’artiste, proche de l’effacement. Nous sommes face à deux mondes qui ne communiquent pas, deux entités partageant le même espace-temps mais non la même intention, non la même pulsion de vie.
L’exposition met tout d’abord en lumière les figures tutélaires qui ont influencé l’histoire de l’estampe et qui ont été regardées et réinterprétées par les graveurs du XIXe siècle. Le visiteur est accueilli par La Mélancolie d’albrecht Dürer, La Tentation de Saint-Antoine de Jacques Callot, Le Docteur Faustus de Rembrandt, une planche des Prisons de Piranèse ainsi qu’une eau-forte en couleurs (ci-dessous) de Laurède de 1782, d’après le Cauchemar de Johann Henrich Füssli (1745-1825).
L’exposition s’attache ensuite à montrer la manière dont l’inspiration fantastique évolue au fil de trois générations successives d’artistes. La génération romantique de 1830, celle d’Eugène Delacroix, est fortement marquée par l’influence des Caprices de Goya mais aussi par l’omniprésence du diable dont la silhouette envahit au même moment l’estampe populaire.
Eugène Delacroix (1898-1863), Faust cherchant à séduire Marguerite, 1827 Lithographie 3ème état avant la lettre.
Grandville (1803-1847), le Misocampe, planche de scène de la vie privée et publique des animaux, 1842, gravure sur bois de Louis Brugnot.
La deuxième section aborde le néo-romantisme autour de Gustave Doré, artiste le plus emblématique de ce courant : en témoignent notamment ses compositions pour L’Enfer de Dante édité en 1861. Enfin le parcours s’achève sur la présentation de planches d’Odilon Redon notamment qui, avec Dans le rêve, ouvre la voie de ce qui allait devenir le symbolisme. En plein courant naturaliste et alors que le groupe des impressionnistes inaugure sa quatrième exposition, cet artiste publie, en 1879, cette suite de lithographies comme un manifeste de son désir de se soustraire au positivisme ambiant. Cet album inaugural est la clef de voute du dernier sursaut du romantisme en noir et blanc qui trouve un écho chez les peintres-graveurs de la fin du XIXe siècle.
Odilon Redon (1840-1916), Dans le rêve, planche 3 "La Roue", 1879, lithographie.
Odilon Redon (1840-1916), Araignée, 1887, lithographie. Si le fantastique de Redon doit beaucoup à l’onirisme de Grandville, il n’est pas pour autant exempt de morbidité. Présente dans ses noirs, l’image de la Mort, souvent liée à celle de la femme fatale dans l’œuvre de nombreux graveurs contemporains, témoigne des angoisses morbides qui traversent les deux dernières décennies du siècle.
La production artistique qui nous est montrée dans cette partie de l'exposition met en évidence un "romantisme noir" qui se nourrit de la matière même de l’encre du graveur.
On continue dans les collections permanentes
L’exposition s’attache ensuite à montrer la manière dont l’inspiration fantastique évolue au fil de trois générations successives d’artistes. La génération romantique de 1830, celle d’Eugène Delacroix, est fortement marquée par l’influence des Caprices de Goya mais aussi par l’omniprésence du diable dont la silhouette envahit au même moment l’estampe populaire.
Eugène Delacroix (1898-1863), Faust cherchant à séduire Marguerite, 1827 Lithographie 3ème état avant la lettre.
Grandville (1803-1847), le Misocampe, planche de scène de la vie privée et publique des animaux, 1842, gravure sur bois de Louis Brugnot.
La deuxième section aborde le néo-romantisme autour de Gustave Doré, artiste le plus emblématique de ce courant : en témoignent notamment ses compositions pour L’Enfer de Dante édité en 1861. Enfin le parcours s’achève sur la présentation de planches d’Odilon Redon notamment qui, avec Dans le rêve, ouvre la voie de ce qui allait devenir le symbolisme. En plein courant naturaliste et alors que le groupe des impressionnistes inaugure sa quatrième exposition, cet artiste publie, en 1879, cette suite de lithographies comme un manifeste de son désir de se soustraire au positivisme ambiant. Cet album inaugural est la clef de voute du dernier sursaut du romantisme en noir et blanc qui trouve un écho chez les peintres-graveurs de la fin du XIXe siècle.
Odilon Redon (1840-1916), Dans le rêve, planche 3 "La Roue", 1879, lithographie.
Odilon Redon (1840-1916), Araignée, 1887, lithographie. Si le fantastique de Redon doit beaucoup à l’onirisme de Grandville, il n’est pas pour autant exempt de morbidité. Présente dans ses noirs, l’image de la Mort, souvent liée à celle de la femme fatale dans l’œuvre de nombreux graveurs contemporains, témoigne des angoisses morbides qui traversent les deux dernières décennies du siècle.
La production artistique qui nous est montrée dans cette partie de l'exposition met en évidence un "romantisme noir" qui se nourrit de la matière même de l’encre du graveur.
On continue dans les collections permanentes
Il faut regarder autant l'architecture du Palais, magnifique du sol au plafond, que les accrochages. Construit pour l’exposition universelle de 1900, le bâtiment est un chef d’œuvre de l’architecte Charles Girault, devenu en 1902 le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Il présente une très belle collection de peintures, sculptures, mobiliers et objets d’art datant de l’antiquité jusqu’en 1914.
Parmi ses richesses se distinguent une collection exceptionnelle de vases grecs et un très important ensemble de tableaux flamands et hollandais du XVII° siècle autour du célèbre Autoportrait au chien de Rembrandt. Sa magnifique collection de tableaux français des XVIII° et XIX° siècles compte des œuvres majeures de : Fragonard, Greuze, David, Géricault, Delacroix, Courbet, Pissarro, Monet, Renoir, Sisley, Cézanne et Vuillard.
Dans le domaine de la sculpture, le musée s’enorgueillit de très beaux fonds Carpeaux, Carriès et Dalou. La collection d’art décoratif est particulièrement riche pour la Renaissance et pour la période 1900, qu’il s’agisse de verreries de Gallé, de bijoux de Fouquet et Lalique, ou de la salle à manger conçue par Guimard pour son hôtel particulier. Le musée possède enfin un très beau cabinet d’arts graphiques avec, notamment, les séries complètes des gravures de Dürer, Rembrandt, Callot ... et un rare fond de dessins nordiques. J'ai retenu un tableau de Courbet parce que j'avais visité le nouveau musée que sa ville natale Ornans lui consacre, un immense vase de Dalpayrat parce que j'ai visité récemment sa maison à Bourg-la-Reine ...
Gustave Courbet (Ornans-Doubs- 1819-Suisse 1877), Les demoiselles des bords de la Seine (été) 1857, huile sur toile. Ces Demoiselles sont deux citadines venues se rafraichir un jour d'été au bord de l'eau. Le réalisme du tableau s'impose par la franchise des physionomies et des attitudes. La signification de cette oeuvre, qui suggère plus qu'elle ne raconte, n'en demeure pas moins énigmatique. On a ainsi cru reconnaitre, dans ces deux femmes, les soeurs du roman de Georges Sand, Lélia (1839). D'autres ont voulu y voir une dénonciation des moeurs relâchés du Second empire. Champfleury, chantre du réalisme social, et défendeur de Courbet, dénonce pour sa part la séduction trouble de ces Parisiennes abandonnées à la torpeur de l'été. Par la modernité de son sujet, le tableau annonce la grande fortune picturale des bords de seine célébrés par les Impressionnistes, une génération plus tard. Mais cette scène de plein air, commencée à Ornans en 1856, reste une oeuvre d'imagination peinte en atelier.
Parmi ses richesses se distinguent une collection exceptionnelle de vases grecs et un très important ensemble de tableaux flamands et hollandais du XVII° siècle autour du célèbre Autoportrait au chien de Rembrandt. Sa magnifique collection de tableaux français des XVIII° et XIX° siècles compte des œuvres majeures de : Fragonard, Greuze, David, Géricault, Delacroix, Courbet, Pissarro, Monet, Renoir, Sisley, Cézanne et Vuillard.
Dans le domaine de la sculpture, le musée s’enorgueillit de très beaux fonds Carpeaux, Carriès et Dalou. La collection d’art décoratif est particulièrement riche pour la Renaissance et pour la période 1900, qu’il s’agisse de verreries de Gallé, de bijoux de Fouquet et Lalique, ou de la salle à manger conçue par Guimard pour son hôtel particulier. Le musée possède enfin un très beau cabinet d’arts graphiques avec, notamment, les séries complètes des gravures de Dürer, Rembrandt, Callot ... et un rare fond de dessins nordiques. J'ai retenu un tableau de Courbet parce que j'avais visité le nouveau musée que sa ville natale Ornans lui consacre, un immense vase de Dalpayrat parce que j'ai visité récemment sa maison à Bourg-la-Reine ...
Gustave Courbet (Ornans-Doubs- 1819-Suisse 1877), Les demoiselles des bords de la Seine (été) 1857, huile sur toile. Ces Demoiselles sont deux citadines venues se rafraichir un jour d'été au bord de l'eau. Le réalisme du tableau s'impose par la franchise des physionomies et des attitudes. La signification de cette oeuvre, qui suggère plus qu'elle ne raconte, n'en demeure pas moins énigmatique. On a ainsi cru reconnaitre, dans ces deux femmes, les soeurs du roman de Georges Sand, Lélia (1839). D'autres ont voulu y voir une dénonciation des moeurs relâchés du Second empire. Champfleury, chantre du réalisme social, et défendeur de Courbet, dénonce pour sa part la séduction trouble de ces Parisiennes abandonnées à la torpeur de l'été. Par la modernité de son sujet, le tableau annonce la grande fortune picturale des bords de seine célébrés par les Impressionnistes, une génération plus tard. Mais cette scène de plein air, commencée à Ornans en 1856, reste une oeuvre d'imagination peinte en atelier.
Pierre-Adrien Dalpayrat (Limoges 1844- Paris 1910), vase grès émaillé, modèle présenté à l'Exposition universelle de 1900.
Camille Alaphilippe (Tours 1874- Algérie après 1934), la femme au singe, grès et bronze, 1908. Alaphilippe se passionne dès son séjour à la Villa Médicis en 1901 pour les possibilités de la céramique. En 1914, il sera d'ailleurs directeur de la manufacture de grès flammés d'Alexandre Bigot à Mer (Loir-et-Cher), qui produit essentiellement de la céramique architecturale.
La Femme au singe est composée d'un assemblage audacieux d'éléments de bronze doré (la tête et les mains) er de plaquettes de grès émaillées, montées sur uns structure de bois et de fer, tenues par un mortier de bique pilé, les points étant réalisés en plâtre coloré. Hiératique et mystérieuse, l'oeuvre doit autant à l'image symboliste de la femme fatale tenant enchainée un adorateur qu'à une inspiration néo-médiévale propre à l'auteur. L'ensemble forme une sorte d'objet d'art gigantesque dont la forme séduisante et les couleurs chatoyantes font oublier l'exploit technique et 'ingéniosité de cet artiste en core méconnu.
Un café-restaurant ouvrant sur le jardin intérieur et une librairie-boutique complètent les services offerts.
Dans la librairie on peut trouver un thé vert parfumé, spécialement créé pour l'occasion par Olivier Scala pour les Thés George Cannon dans une boite ronde rappelant l'univers de Kuniyoshi. C'est un savoureux thé vert Sencha aux parfums fruités et aux notes gourmandes de poire et de coing.
Kuniyoshi ... Le démon de l'estampe !
L’estampe visionnaire de Goya à Redon
Du 1er Octobre 2015 au 17 Janvier 2016
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermé le lundi et certains jours fériés
Ouverture le mercredi 11 novembre
Nocturne le vendredi jusqu'à 21h pour les expositions temporaires
Gratuit jusqu'à 17 ans inclus
Je signale qu'une autre exposition a lieu aussi en ce moment (du 2 novembre 2015 au 16 Janvier 2016) à L’Essence du Thé – Thés George Cannon, 12 rue Notre Dame des Champs – 75006 – PARIS autour d'oeuvres de Stéphanie Ledoux en lien avec une autre création de thé parfumé par Olivier Scala, le Thé Indigo qui est également le titre de l'accrochage.
Ce thé composé de thé oolong et rouge-noir de Chine, enrichi de pétales de bleuet, aux arômes de cassis, raisin, cerise et violette, sera disponible pendant tout le temps de l'exposition, mais pas au-delà.
Ce thé composé de thé oolong et rouge-noir de Chine, enrichi de pétales de bleuet, aux arômes de cassis, raisin, cerise et violette, sera disponible pendant tout le temps de l'exposition, mais pas au-delà.
Globe trotteuse dessinatrice et passionnée de destinations lointaines, cette artiste peintre est spécialement envoûtée par les pays d'Asie. Elle voyage plusieurs mois par an, en immersion et les sens aux aguets, pour ramener l'inspiration sous toutes les formes où elle peut la trouver : croquis rassemblés dans de foisonnants carnets de voyage, photographies, objets issus de l'artisanat traditionnel, tissus...
Elle a très vite accepté de travailler sur les régions de la Chine (Yunnan), du Vietnam et du Laos pour la maison Georges Cannon. Elle démontre que les ethnies des pays concernés par l'exposition ont toutes en commun l'utilisation de l'indigo dans la teinture de leurs costumes traditionnels. Elle s'est prise de passion pour cette couleur, originellement une teinture végétale issue de plusieurs espèces de plantes indigofères, aussi bien utilisée en Asie qu'en Afrique. Elle en fait la démonstration au travers d'une série de toiles mi inspirées de rencontres réelles, mi imaginées, après un travail de documentation sur les ethnies concernées.
L'univers de portraits et de carnets de route de cette artiste nous embarque, le temps d’un voyage couleur indigo. Les deux tableaux que j'ai retenus sont "Pause thé chez les Hmong noirs", et "Le voile à pois indigo" - tous deux 80x100 cm.
Stéphanie Ledoux vit et travaille à Toulouse. Elle a publié 2 livres, "Portraits de voyage" et "Enfant d'éléphants" aux éditions Elytis.
Elle a très vite accepté de travailler sur les régions de la Chine (Yunnan), du Vietnam et du Laos pour la maison Georges Cannon. Elle démontre que les ethnies des pays concernés par l'exposition ont toutes en commun l'utilisation de l'indigo dans la teinture de leurs costumes traditionnels. Elle s'est prise de passion pour cette couleur, originellement une teinture végétale issue de plusieurs espèces de plantes indigofères, aussi bien utilisée en Asie qu'en Afrique. Elle en fait la démonstration au travers d'une série de toiles mi inspirées de rencontres réelles, mi imaginées, après un travail de documentation sur les ethnies concernées.
L'univers de portraits et de carnets de route de cette artiste nous embarque, le temps d’un voyage couleur indigo. Les deux tableaux que j'ai retenus sont "Pause thé chez les Hmong noirs", et "Le voile à pois indigo" - tous deux 80x100 cm.
Stéphanie Ledoux vit et travaille à Toulouse. Elle a publié 2 livres, "Portraits de voyage" et "Enfant d'éléphants" aux éditions Elytis.
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