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samedi 2 avril 2016

Mickey 3D au festival Chorus

Beaucoup d'enfants pour ce concert du groupe Mickey 3D malgré l'heure tardive (et le tsunami de décibels que Grand Blanc a déversé en première partie et à propos duquel je reviendrai un jour prochain). Une musique arabisante plutôt douce est diffusée pour calmer nos oreilles pendant l'installation du matériel.

L'arrivée du chanteur, Mickaël Furnon, est saluée par une salve d'applaudissements témoignant que c'est bien pour lui que le public a fait le déplacement. La sortie de son dernier album, après 6 ans de silence était très attendue.

L'artiste commence par une chanson de son nouvel album (sorti hier) Après le Grand Canyon, une balade adressée à un ami qui s'appelle Geronimo et que le chanteur exhorte à rassembler son troupeau pour le protéger de la catastrophe écologique qui se prépare, un thème qui va revenir souvent au cours de la soirée.
Il poursuit avec En léger différé, sous une pluie de lumières roses. J'ai pas compris la question, You break me out chante-t-il en boucle en passant aisément du grave à l'aigu.

Il nous dit qu'il a déjà fait 5 ou 6 concerts avec les nouvelles chansons de l'album. Mais qu'on se rassure il reprendra aussi des chansons plus anciennes car il sait qu'on les aime bien.

Sebolavy est de la même veine qu'Après le Grand Canyon. Les mots frappent : survivants, naufragés, morts, s'enfuir, ... Par bonheur, la fin peut être considérée comme optimiste. Il n'y a plus qu'à trouver celui ou celle qui emmènera Mickaël à Cuba pour danser le cha cha cha.

Sheila chantait bang bang dans les années 60, un titre qui avait été créé par Cher. Mickey 3D traite à sa manière le thème du coup de foudre qui ne dure pas. Cela donne Des fleurs dans les cheveuxBang bang, baby I like it / My heart is invaded.
Quand il chante l'amour ce n'est guère très positif. Rien ne s'arrange avec sa nouvelle conquête, Mylène qu'il entonne dans un style un peu far-west. Sa belle est déjà mariée et c'est bien connu "famille décomposée égale carnage assuré" ... (lumière vertes)

Sa vie sentimentale, telle qu'il nous la chante, n'était pas plus brillante avant. Sylvie, Jacques et les autres exprime le désarroi des chagrins d'amour de maternelle comme Bobby Lapointe aurait pu le faire. Il en profite pour évoquer Jacques Brel, que son père jugeait le meilleur chanteur au monde quand ses goûts le portaient sur Claude François.
Le moment est venu de nous expliquer quelle est cette femme qui se trouve sur la pochette de son nouvel album, Sophie Scholl, exécutée à 21 ans en février 1943 avec son frère et quelques jeunes autres résistants allemands.

Ils avaient fondé le mouvement Rose blanche, Die Weiße Rose, pour dénoncer le nazisme. On croit à tort que la résistance ne s'est organisée que du côté français pendant la Seconde Guerre mondiale. La rose blanche leur rend hommage et deux éléments du décor illustrent le mouvement avec une fleur découpée.
Vous vous souviendrez de moi au moment de votre souffle dernier 
Vous vous souviendrez du jour où vous avez mis ma tête à couper 
Vous vous souviendrez peut-être mais le monde vous aura vite oubliés 
Car, il se souviendra de nous si l’histoire ne nous a pas effacés 
Le chanteur annonce une très vieille chanson -elle n'a que dix ans tout de même- tiré de l'album Live At Saint Etienne (2004), Ça m'étonne pas. Il la qualifie de blues stéphanois et c'est vrai qu'elle résonne country. Avec des intonations qui font penser à Arthur H (dans le Chercheur d'or, l'Amoureux ou le Baiser de la lune) :
Une jolie petite fille qui marchait dans la rue
Que je connaissais pas
Je lui dis : "Petite fille qu'est-ce que tu fais dans ma rue,
Je ne te connais pas ?"
(...)
On aurait pourtant pu être amis, aller danser au bal
Se croiser le matin, se voir l'après-midi, se balader sous les étoiles
Mickey insère dans le refrain "aller à la Piscine". Tout le monde trouve cela normal, n'entendant pas la majuscule. Alors la fois suivante il insiste "aller à la Piscine à Chatenay-Malabry", provoquant des applaudissements enthousiastes.
Il nous prévient qu'il va remonter plus loin dans le temps. Dans notre patelin il y avait un homme, Chibani (alcoolique) il se promenait au milieu des gens, espèce de poète qui disait t'as beau avoir une Porsche ou une 2CV, à la fin t'auras une tombe. Ça fait réfléchir. On a écrit une petite chanson pour lui, l'Homme qui suivait les nuages, créé pour l'album album La Trêve, 2001. L'atmosphère est maintenant toute bleue. Il a changé de guitare. Najah a pris l'accordéon. C'est elle qui a composé la musique de cette chanson.
Un homme qui suivait les nuages, avec du bleu sur le visage
Sa bouteille dans sa poche, les gens disaient "Ah que c'est moche !"
N'avait pas choisi son soleil et le recherchait.
(...)
C'est le poison dans le flacon qui le faisait voyager
Un jour par méprise ou mégarde, la bouteille s'est casée
Elle n'a pas su comment lui dire qu'elle ne l'aimait pas
C'est logique, après de telles paroles il faut rétablit l'équilibre avec Les gens raisonnables de l'album Tu vas pas mourir de rire (2003), nous donnant encore une occasion d'apprécier l'accordéon.

Les gens raisonnables se lèvent toujours à l'heure 
Ils n'oublient jamais leur cartable, font bien gaffe de rien abîmer 
Ils mettent toujours une ou deux pièces de plus dans les horodateurs 
Alors ça énerve les autres, qui les traitent souvent de PD 
Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie 
Ils regardent les gens pas raisonnables et bien souvent ils les envient (...)
Les gens raisonnables ont plein de doutes, trop de soucis 
Donc moins de souvenirs dans leur sac, à la fin de leur vie

Il promet cette fois une chanson d'amour "pas à la con comme celle de tout à l'heure" -c'est lui qui le dit. Il s'agit de sa grand-mère Marcelle, 93 ans. On applaudit. Et sa voix, cette fois fait penser à Jean-Louis Murat (par exemple avec l'album Toboggan)

Ma grand-mère a quelque chose, que les autres femmes n'ont pas
Ma grand-mère est une rose, d'un rose qui n'existe pas
Najah revient au clavier et Mickaël prend la guitare électrique pour un air plus rock, néanmoins mélancolique comme souvent avec lui. D'un ton monocorde, quasi plaintif, pessimiste... pour une incursion dans l'album la Grande évasion (2009) avec Personne n'est parfait,
alors il paraît qu'un jour, comme ça
on va mourir comme ça on va partir
et le monde va continuer à tourner
les gens ne vont rien faire ils vont juste rester
chez eux (...) je n'ai que faire de mon âge
sauf au mois de juillet
Evidemment puisque l'artiste est né le 31 Juillet (1970) à Saint-Etienne.

L'éclairage est de nouveau très rouge pour le titre phare de l'album Matador, un album sorti en 2005. Sa voix devient nasale et fait penser à Philippe Katerine aussi pour son énumération : Je n'ai pas peur des Américains, Ni des cons, Ni des politiciens, Des ordinateurs, Ni des virus exterminateurs. Il nous conte sa façon de voir l'amour à travers une version très personnelle de Carmen :
Je n'ai pas peur de la mort
Mais que tu m'évites encore
Je te préviens matador
Qu'un jour je t'aurai alors
Il enchaine avec un second titre de cet album, dans une tonalité plus rock, les Mots. Il accélère encore  avec Plus rien, lui aussi un titre des débuts (La Trêve, 2001). La révolte s'installe.
Il ne restera rien, plus rien, pour les gens de demain
Ils n'auront que des miettes, contaminées peut-être.
On va se calmer, il fait trop chaud, trop froid. C'est presque fini, vous inquiétez pas. Il faut toujours viser la tête ne calmera pas vraiment le jeu bien au contraire :
Tous ceux qui se sentent pas visés
Qu'imaginent pas qu'on les arrête
Un jour ils vont s'faire dégommer
Car faut toujours viser la tête
Merci d'être venus, d'être restés. Il reprend sa guitare pour Respire, l'immense succès de Tu vas pas mourir de rire (2003) qu'il nous slamme d'une vois sourde pour dénoncer la pollution et la bêtise des hommes à ne pas savoir préserver l'univers.
Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
(...) C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à  polluer le désert

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
(...) C'est pas ma faute à  moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains

On aime bien finir avec une petite chanson qui parle du Forez. La menace est à peine perceptible parce qu'il va y avoir encore quelque titre après. Pour le moment ce sont Les lumières dans la plaine, encore un titre de Matador (2005) que Mickaël annonce tristes et jolies, et qui pour moi évoquent les deux réverbères qui brillent de part et d'autre de la scène.

Est-ce que t'as déjà vu les lumières dans la plaine ?
Quand on descend le soir des montagnes agiles
On dirait des étoiles qui s'raient tombées du ciel
Quand j'étais ptit j'croyais qu'c'était les f'nêtres des gens
(...) Tu vois, la vie, c'est comme les lumières dans la plaine
C'est chouette, ça brille, (...) C'est triste et c'est joli, mais c'est jamais c'qu'on croit

Il présente les musiciens, comme si c'était fini, mais on sait bien que c'est un jeu. A la basse Guillaumme, dit Guigui, Fabrice à la batterie, Simon à la guitare et Najah au clavier et à l'accordéon, et il quittent tous le plateau. Je remarque un technicien qui change sa guitare, c'est donc pas fini. Mickaël revient d'ailleurs, et poursuit seul en scène avec une chanson, une valse, qu'il dit ne pas bien la tenir. C'est François sous la pluie, en hommage au président de la République.
Une valse à plein temps, se danserait-elle de travers 
au soleil ? Oui mais… Là, je te revois, François sous la pluie 
Sous le ciel gris de Paris 
Las, tu restais las, tu disais « merci » 
Même si pour toi c’était mal parti 

Il est très applaudi, change encore de guitare. Précise qu'il a présenté ses musiciens mais qu'ils sont 10 sur la route. Et annonce la reprise de la chanson de Souchon C'est déjà ça dont les paroles résonnent particulièrement ce soir.
On sait tous que Mickey 3D adore le football, sans doute parce que Saint-Etienne est une ville qui lui fait une belle place. On se souvient de la Footballeuse de Sherbrooke (album La grande évasion). Il y a #cpasgrave dans le dernier album qui excuse les comportements de Ribéri, Benzéma, Nasri et les autres. Mais il y eut aussi Johnny Rep dans Live at saint Etienne. Najah a repris l'accordéon et le public chante debout. Guillaume s'est casqué d'une sorte de demi-sphère blanche et noire comme un ballon de foot.
Il est 23 h 15. Et il est temps de coucher les enfants après une belle soirée avec le chanteur multi récompensé aux Victoires de la Musique en 2004. Respire (chanson originale de l'année et vidéo clip de l'année) n'a pas vieilli, pas davantage que l'album Tu vas  pas mourir de rire, élu album pop rock de l'année.

On ne peut pas reprocher à Mickaël Furnon d'être resté à l'ombre pendant 6 ans. Il nous revient avec des titres qui semblent déjà familiers. Entre temps il a fait profiter d'autres artistes de son talent comme Zaz qui a connu un grand succès avec Gamine qu'il a composé pour elle. On se souvient d'ailleurs de l'immense tube qu'il a cédé à Indochine, J'ai demandé à la lune

Mickey 3D demeure un groupe rock inscrit dans un terreau folk plutôt sombre malgré quelques traits d'humour, comme François sous la pluie. En tout cas l'artiste qui disait avoir perdu l'envie semble bien l'avoir retrouvé. On est heureux pour lui ... comme pour nous.

Je l'ai vu dans le cadre de Chorus ce soir au théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92). Il se produira ensuite :
le 15 avril au Trianon, Paris, France
le 21 avril aux Docks, Lausanne, Switzerland
le 22 avril à L'atelier, Cluses, France
le 23 avril aux Abattoirs, Bourgoin-Jallieu, France
le  04 mai au Paloma, Nîmes, France
le 13 mai à la Mjc - Salle Embarcadere, Montluçon, France
le 20 mai sous Chapiteau, Juvigny, France
le 22 mai à File7, Magny Le Hongre, France
le 14 juillet au Site De Kerampuilh, Carhaix, France
le 17 juillet au Théâtre Verdière - Ccas, La Rochelle, France

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