C'est peu dire que le décor est sobre. A cour, un paravent de bois sur lequel sont accrochés une perruque, une veste noire et une somptueuse robe de chambre évoquant celle que porte le Bourgeois gentilhomme. A jardin, un pupitre symbolisant les activités d'écriture de l'auteur.
Le fauteuil trône au centre de la scène, si je puis dire. Cet élément est central car c'est dans son fauteuil que Molière mourra. L'original est conservé à la Comédie française. Francis Perrin accourt et les applaudissements retentissent immédiatement. Le public est sans doute d'abord venu pour lui. Et il a raison. Presque essoufflé, il s'excuse de nous livrer un marathon : je n'ai que 100 minutes pour vous raconter sa vie. Laquelle ? Mais celle de Molière bien sûr !
Parce qu’il a endossé les costumes de Scapin, Alceste, Philinte, Sganarelle, Mascarille, George Dandin, le comédien est bien placé pour nous parler de lui, à propos duquel il a écrit en 2007 l’ouvrage “Molière, chef de troupe” chez Plon.
Il a longtemps hésité à en faire un spectacle. Le déclic s'est fait quand des universités américaines l'ont sollicité pour le faire découvrir aux étudiants. Il s'est produit outre-Atlantique, en octobre 2014 à Washington et New York avec un spectacle précédé d’une Master Class. Et depuis, il ne cesse de faire vivre le grand auteur.
Metteur en scène, auteur et comédien, Francis Perrin est ce qu’on appelle un enfant de la balle puis que ses parents étaient tous les deux techniciens dans le cinéma. Il démarre sa carrière de comédien à 25 ans à la Comédie-Française en 1972. Il y interprète le répertoire de Molière mais aussi les œuvres de Georges Feydeau, Eugène Labiche, Jules Romains, Marcel Pagnol... Il ne quittera plus les scènes de théâtre mais on le remarquera aussi au cinéma avant de revenir totalement au théâtre à la fin des années 1980.
Il sera aussi sociétaire des Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL et directeur du théâtre Montansier à Versailles de 1992 à 2000 avant de rejoindre Jean-Claude Brialy comme codirecteur artistique puis directeur du Festival d’Anjou jusqu'en 2003.
Parce qu’il a endossé les costumes de Scapin, Alceste, Philinte, Sganarelle, Mascarille, George Dandin, le comédien est bien placé pour nous parler de lui, à propos duquel il a écrit en 2007 l’ouvrage “Molière, chef de troupe” chez Plon.
Il a longtemps hésité à en faire un spectacle. Le déclic s'est fait quand des universités américaines l'ont sollicité pour le faire découvrir aux étudiants. Il s'est produit outre-Atlantique, en octobre 2014 à Washington et New York avec un spectacle précédé d’une Master Class. Et depuis, il ne cesse de faire vivre le grand auteur.
Metteur en scène, auteur et comédien, Francis Perrin est ce qu’on appelle un enfant de la balle puis que ses parents étaient tous les deux techniciens dans le cinéma. Il démarre sa carrière de comédien à 25 ans à la Comédie-Française en 1972. Il y interprète le répertoire de Molière mais aussi les œuvres de Georges Feydeau, Eugène Labiche, Jules Romains, Marcel Pagnol... Il ne quittera plus les scènes de théâtre mais on le remarquera aussi au cinéma avant de revenir totalement au théâtre à la fin des années 1980.
Il sera aussi sociétaire des Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL et directeur du théâtre Montansier à Versailles de 1992 à 2000 avant de rejoindre Jean-Claude Brialy comme codirecteur artistique puis directeur du Festival d’Anjou jusqu'en 2003.
Imaginons-nous le 24 octobre 1658 dans les coulisses de la Salle des Gardes du Vieux Louvre, au sein de la troupe de Monsieur, frère du roi. Molière a 36 ans. Il porte le costume emplumé de Nicomède, une pièce de Corneille. Il va se produire pour la première fois devant le roi et le trac le fait bégayer comme le souligne un Francis facétieux, car il a souvent pâti lui-même de ce handicap. Il s'endurcit : Ne récitez pas les vers / Pas d'emphase / Soyez humain et vrai / N'imitez pas les comédiens de l'Ecole de Bourgogne / La seule joie de jouer doit occuper toutes vos pensées.
Monfleury -dont on connaît tous le nom parce qu'il est cité dans Cyrano- le regarde avec attention, et sans doute jalousie. Francis frappe trois coups avec le brigadier. (On frappera le double à la Comédie Française, donc 6 coups, pour célébrer la réunion des deux troupes fondatrices de cette institution après la mort de Molière).
Le succès n'est qu'un succès d'estime. Molière est consterné. Madeleine Béjart, l'encourage en coulisses : Rien n'est perdu, propose une farce au roi, fais le rire et nous aurons gagné. Il donne alors le Docteur amoureux, coiffé d'un chapeau de médecin.
Le voilà qui s'agite comme s'il était monté sur ressorts, danse et provoque un immense éclat de rire. C'est l'ovation.
Restez sur scène Molière, là est votre place, le rassure le roi. Et dorénavant sa troupe bénéficie d'une salle de spectacle en alternance avec les acteurs italiens. Suivront néanmoins six mois difficile. Tout au long de sa carrière les périodes fastes s'intercaleront avec les vaches maigres, les succès avec les soucis.
En 1658, il intègre dans la troupe le sieur Lagrange qui suggère de tenir un registre de toutes les représentations, recettes et dépenses, dont Francis Perrin nous montre un fac-similé. Le 18 novembre 1650, le succès des Précieuses ridicules donne raison à Madeleine : Molière est né pour faire rire. Le monologue de Sganarelle sur les cocus est un triomphe.
Il s’installera au Palais Royal, recevra la somme, colossale pour l’époque, de 5000 livres. Molière habitera, mangera et dormira le plus souvent dans son théâtre.
On ne lui accorde que quinze jours pour monter les Fâcheux à Vaux-le-Vicomte. Il sympathise à cette occasion avec Lully avec qui il multiplie les comédies ballets. L'Ecole des femmes suivra celle des Maris. Les recettes doublent. Sa vie privée est chaotique. Après la mère, il tombe amoureux de la fille.
Francis Perrin retourne le tissu de la magnifique robe de chambre créée par la costumière Pascale Bordet, dans l'esprit de celle qui étaient à la mode à l'époque, avec d'énormes fleurs. Le Mariage forcé est donné au Louvre en 1864 sur la musique de son cher Lully au cours d'une fête grandiose. Le bonheur est à son apogée. Molière est l'heureux papa d'un petit Louis dont le roi demande à être le parrain. Mais l'enfant mourra prématurément.
Le théâtre continue. Don Juan propulse les recettes mais la pièce est interdite. Il est blessé, meurtri. Il subira la concurrence des comédiens de l'Hôtel de Bourgogne à qui son "ami" racine a proposé un pièce. Et surtout il tombe gravement malade.
La naissance de sa fille, Esprit Madeleine (mise en lumière dans le Silence de Molière à la Tempête en septembre dernier) le remet sur pied. Il écrit le Misanthrope avec une plume que Boileau qualifiera de redoutable. Plus tard, Le médecin volant devient le Médecin malgré lui alors que Molière est de nouveau malade et que le roi tombe amoureux de la Montespan.
Après le succès d'Amphytrion, arrive l'échec de l'Avare. Le comédien s'époumone et doit se retirer à la campagne à Auteuil. Nouveau triomphe le 14 octobre 1670 à Chambord avec le Bourgeois gentilhomme dont Lully écrit une musique magique. Francis Perrin mime une danse. Les fourberies de Scapin sont écrites en quelques jours. Mais la mort bientôt sera trop gourmande. Molière meurt, quasiment sur scène le 17 février 1673 pendant une représentation du Malade imaginaire, son dernier succès. C'est à Marc-Antoine Charpentier que l'on doit la musique.
Le premier farceur de France est mort. Qui va nous faire rire alors ?
Francis Perrin ne pouvait se résoudre à renvoyer le public sur un tel constat. Il rembobine l'histoire en remontant un an en arrière pour faire vivre une cérémonie de remise de récompense ... à l'instar des Molières qui sont décernés chaque année depuis presque 30 ans. La prochaine cérémonie aura d'ailleurs lieu lundi 29 mai, aux Folies Bergère.
Et le public joue le jeu quand Perrin annonce les nominés : Corneille pour Pulchérie, Racine pour Bajazet, Jean-Baptiste Poquelin pour l'Avare et les Femmes savantes. Le gagnant est ... on s'en doute ... Molière qui reçoit la fameuse statuette.
On parlera toujours la langue de Molière dont il redonne la très longue liste des pièces sur la musique de Troisième Symphonie de Brahms, si souvent utilisée lors des hommages posthumes.
Ce spectacle a plusieurs intérêts. On le savait, mais il le démontre une nouvelle fois, Francis Perrin est un comédien à la mesure de son personnage. C'est un bonheur de le voir et l'entendre jouer. Et puis on apprend sur la vie de Molière des choses qu'on ignorait ou qu'on avait oublié.
On ne lui accorde que quinze jours pour monter les Fâcheux à Vaux-le-Vicomte. Il sympathise à cette occasion avec Lully avec qui il multiplie les comédies ballets. L'Ecole des femmes suivra celle des Maris. Les recettes doublent. Sa vie privée est chaotique. Après la mère, il tombe amoureux de la fille.
Francis Perrin retourne le tissu de la magnifique robe de chambre créée par la costumière Pascale Bordet, dans l'esprit de celle qui étaient à la mode à l'époque, avec d'énormes fleurs. Le Mariage forcé est donné au Louvre en 1864 sur la musique de son cher Lully au cours d'une fête grandiose. Le bonheur est à son apogée. Molière est l'heureux papa d'un petit Louis dont le roi demande à être le parrain. Mais l'enfant mourra prématurément.
Le théâtre continue. Don Juan propulse les recettes mais la pièce est interdite. Il est blessé, meurtri. Il subira la concurrence des comédiens de l'Hôtel de Bourgogne à qui son "ami" racine a proposé un pièce. Et surtout il tombe gravement malade.
La naissance de sa fille, Esprit Madeleine (mise en lumière dans le Silence de Molière à la Tempête en septembre dernier) le remet sur pied. Il écrit le Misanthrope avec une plume que Boileau qualifiera de redoutable. Plus tard, Le médecin volant devient le Médecin malgré lui alors que Molière est de nouveau malade et que le roi tombe amoureux de la Montespan.
Après le succès d'Amphytrion, arrive l'échec de l'Avare. Le comédien s'époumone et doit se retirer à la campagne à Auteuil. Nouveau triomphe le 14 octobre 1670 à Chambord avec le Bourgeois gentilhomme dont Lully écrit une musique magique. Francis Perrin mime une danse. Les fourberies de Scapin sont écrites en quelques jours. Mais la mort bientôt sera trop gourmande. Molière meurt, quasiment sur scène le 17 février 1673 pendant une représentation du Malade imaginaire, son dernier succès. C'est à Marc-Antoine Charpentier que l'on doit la musique.
Le premier farceur de France est mort. Qui va nous faire rire alors ?
Francis Perrin ne pouvait se résoudre à renvoyer le public sur un tel constat. Il rembobine l'histoire en remontant un an en arrière pour faire vivre une cérémonie de remise de récompense ... à l'instar des Molières qui sont décernés chaque année depuis presque 30 ans. La prochaine cérémonie aura d'ailleurs lieu lundi 29 mai, aux Folies Bergère.
Et le public joue le jeu quand Perrin annonce les nominés : Corneille pour Pulchérie, Racine pour Bajazet, Jean-Baptiste Poquelin pour l'Avare et les Femmes savantes. Le gagnant est ... on s'en doute ... Molière qui reçoit la fameuse statuette.
On parlera toujours la langue de Molière dont il redonne la très longue liste des pièces sur la musique de Troisième Symphonie de Brahms, si souvent utilisée lors des hommages posthumes.
Ce spectacle a plusieurs intérêts. On le savait, mais il le démontre une nouvelle fois, Francis Perrin est un comédien à la mesure de son personnage. C'est un bonheur de le voir et l'entendre jouer. Et puis on apprend sur la vie de Molière des choses qu'on ignorait ou qu'on avait oublié.
Molière Malgré Moi
Une pièce de et avec Francis Perrin
Mise en scène Francis Perrin
Lumières Jacques Rouveyrollis
Costumes Pascale Bordet
Son Michel Winogradof
Après les tournées de 2015, 2016 et 2017, le spectacle s'installe sur la scène de la Gaité Montparnasse
26 Rue de la Gaité, 75014 Paris
Téléphone : 01 43 22 16 18
Du mardi au samedi à 19h
Jusqu'au samedi 2 septembre 2017
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de © Bernard Richebé
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