Monsieur Nounou à été écrit au XIX siècle alors que le téléphone entrait à peine dans les maisons bourgeoises. Le public est donc invité à éteindre ses portables dans un souci de reconstitution historique.
Le ton est donné pour cette pièce dont on apprend qu'elle se déroule en pleine campagne ... à Courbevoie. Nous avons certes un effort d'imagination à faire, lequel va être un peu secoué par les ajouts imaginés par les adaptateurs.
Les références musicales contemporaines s'enchainent. Le téléphone pleure, on pouvait s'y attendre. Et puis ça s'en va et ça revient. Le député se déclare ... en marche. Plus tard on se moque d'un Tu vas descendre de ta barricade mon petit Poutou.
Il sera ensuite question de baraque au bas mot. Et on glissera la formule du jeu télévisé devenue culte : C'est mon dernier mot Jean Pierre.
Que de liberté avec le texte d'origine mais on reste dans l'esprit du vaudeville. Et les spectateurs rient de bon coeur.
Après une formation au conservatoire de Troyes, il s'est fait connaître du grand public en intégrant Le Petit Théâtre de Bouvard qui fut un tremplin pour tant d'artistes, comme Muriel Robin ou Jean-Marie Bigard. Il a toujours réussi à être autant présent sur les scènes de théâtre que sur les plateaux de télévision. Il fut animateur notamment sur TMC en 1987, puis pilier de La Classe sur France 3.
Sur scène, en one-man-show ou dans une opérette, également comédien dans des pièces diffusées en direct sur France 2, déjà des Feydeau comme Un fil à la patte (il est Camille Bouzin) et Hôtel du libre-échange (où il fut commissaire). Autant dire qu'il est dans son élément en Monsieur Nounou comme en Balivet, un clerc de Notaire un peu rigide, portant chapeau melon et sacoche en cuir, amoureux de Justine qui devra se transformer, à cause des circonstances, en nounou délurée, fraîchement arrivée de Bourgogne … qui nous rappelle le scénario de Madame Doubtfire.
Les Veauluisant, récemment parents, ont décidé de renvoyer Justine, la nourrice, à cause de la légèreté de ses mœurs. Madame Veauluisant (qu'on ne verra qu'en portrait) charge son mari, un député volage, de la remplacer, si possible par une bourguignonne, réputée pour la qualité de son lait. Balivet, un jeune clerc de notaire, qui en pince pour Justine, s'introduit en secret chez Monsieur et Madame pour lui faire la cour. Mais c'était sans compter sur Médard, le majordome corse, amoureux transi, impulsif et jaloux, qui le surprend et le menace du pire. Le clerc de notaire se réfugie alors dans la chambre de Justine et en ressort en nounou… subjuguant aussitôt Catulle, le neveu attardé, néanmoins obsédé par les femmes.
Le neveu en question est interprété Lionel Laget dont on est heureux qu'il ait découvert le théâtre après une première vie professionnelle. Issu du cours Florent, il tourne aussi pour la télévision (Scènes de ménage) et pour le cinéma avec une quinzaine de films à son actif. Il est juste prodigieux de drôlerie en démontrant avoir pour seul talent d'avoir compris le fonctionnement de ce nouvel appareil un peu complexe (déjà à l'époque), le téléphone.
On peut saluer tout autant Eric Massot, qui joue Médard comme s'il était un grand maître d’hôtel. mais qui est tout autant capable de nous imiter un coq de basse-cour avec un naturel confondant. Co-créateur de la troupe Les Robins des Bois, il a enchainé les rôles au cinéma (Brice de Nice 3), à la télévision et au théâtre.
J'avais vu Jacques Bouanich dans Des souris et des hommes en 2011. Il reprend le rôle cette année au théâtre de la Michodière et devient le député Veauluisant au théâtre Rive-Gauche.
Danseuse de formation, Belen Lorenzo est une artiste multicarte. Elle s'est lancée dans le café-théâtre, co-écrit et joue des comédies de boulevard, participe à des expérimentations artistiques, et s’adonne à la mise en scène. Elle n'a pas le rôle facile en assurant l'unique personnage féminin, de surcroit peu mis en valeur. Pourquoi aussi lui fait-on faire semblant de laver du linge ? Le théâtre a ses limites et la comédienne en pâtit.
Le vaudeville est un divertissement à l'état pur avec des personnages truculents, des situations improbables, un décor et des costumes outranciers... Georges Feydeau en est le maître. Le parti-pris du metteur en scène Luq Hamett de créer un spectacle inédit est plutôt réussi en associant les pannes d'électricité à répétitions, la baignoire sans eau courante et les sonneries intempestives du premier téléphone, tout en faisant de nombreux clins d’œil au monde contemporain.
Il n'empêche que la mise en garde sera entendue. La pièce se clôture sur une chanson prévenant que l'amour c'est un poison charmant.
Monsieur Nounou
Un vaudeville de Georges Feydeay et Maurice Desvallières
Adaptation Emmanuelle Hamet
Mise en scène Luq Hamett
Avec Tex (Balivet), Belen Lorenzo (Justine), Eric Massot (Medard), Jacques Bouanich (Monsieur Veauluisant), et Lionel Laget AGET (Catulle),
Depuis le 20 Mai 2017
Au Théâtre Rive Gauche
Du mardi au samedi à 21h
Matinées les samedis à 17h (jusqu'au 01/07 inclus) et les dimanches à 15h30
Relâches exceptionnelles les 30 et 31 mai 2017, et 1er , 2, 3, 4, 24 et 25 juin 2017
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