Aristocrats (あのこは貴族, Anoko wa Kizoku) est un film japonais réalisé par Yukiko Sode et sorti en 2021 au Japon (mais seulement cette année en France), élu film japonais de l'année 2022. C’est dire combien on espère découvrir un film exceptionnel.
J'ai un avis partagé. Les images sont magnifiques et on plonge dans cette société japonaise dont on sous-estimait l'importance du poids des classes sociales à notre époque parce qu’on a entendu dire -à tort- qu’il n’y avait pas de classes sociales au Japon.
Ce qui m’a dérangée c'est que les sentiments sont très peu évoqués, que ce soit dans le sens de ce que les parents exigent ou en rébellion à la famille, mais cela peut être considéré comme un des charmes du film. Il faut dire que je l’ai vu après les Contes du hasard et autres fantaisies qui sont un bijou d’introspection.
On dénonce les mariages arrangés en Afrique. Ici c’est au Japon que cela se passe mais la manière qu’aura la femme de prendre les choses est totalement différente de ce qu’on a déjà vu dans le domaine. D’abord parce que Hanako est trentenaire et qu’elle est issue d’une famille, riche et traditionnelle. On la verra tenter diverses expériences qui la confronteront à des milieux sociaux différents du sien.
Un jour elle est présentée à celui qui semble « cocher toutes les cases ». Il est beau, intelligent, riche, et très bien éduqué, respectueux à l’égard de sa personne, bref, un vrai aristocrate. Sauf qu’elle découvrira après le mariage qu’il entretient depuis longtemps une relation ambiguë avec Miki, une hôtesse récemment installée à Tokyo pour ses études. Les deux femmes vont faire connaissance et s’apprécier l’une l’autre, malgré leurs différences sociales.
Hanako est au premier plan sur l'affiche, mais dominée par Koichiro. On ne voit presque que cet homme. Comment exister dans un tel contexte ?
Le spectateur comprend qu’à Tokyo il n’y a pas que les quartiers qui sont étanches. La société est divisée en classes qui ont un comportement plutôt sectaire. Les fractures sociales et culturelles sont très marquées et ne sont pas près de reculer en raison de la propension à s’unir entre soi. Ce phénomène est renforcé par la volonté des parents que leurs enfants demeurent dans le même niveau social que le leur.
N’ayant pas lu le roman de Mariko Yamauchi dont est tiré le scénario il est difficile de juger la fidélité de l’œuvre comme sa qualité mais j’aurais apprécié que la psychologie des personnages soit davantage travaillée. Sans être antipathique on ne peut pourtant pas avoir beaucoup d’empathie pour l’homme. Quant à la femme, elle dégage insuffisamment de personnalité pour qu’on se sente proche d’elle. Il n’y a guère que Miki, la jeune provinciale, qui soit réellement touchante dans sa volonté d’émancipation et sa quête de liberté.
Il est probable que je n’ai pas saisi toutes les subtilités des coutumes, notamment celle de la fête des poupées dont je n’ai pas la clé pour l’interpréter. J’ai remarqué que les codes de conduite étaient différents selon que l’on dînait dans la haute bourgeoisie ou dans un milieu populaire où chacun pioche dans un Tupperware. J’ai aussi noté, et sans surprise, que l’une se déplaçait en taxi, l’autre à bicyclette.
Mais ce qui m’a frappé le plus, et qui est probablement intentionnel chez la réalisatrice, née au Japon en 1983, c’est de montrer que les femmes sont les premières victimes, quel que soit leur milieu social. La montée du féminisme est sans doute plutôt récente dans ce pays encore gouverné par une immense majorité masculine.
Parallèlement à la lente évolution d’Hanako on remarque la progression plus rapide de personnages secondaires. Itzuko, son amie violoniste est elle aussi née dans une famille très bourgeoise mais vivre souvent à l’étranger lui a ouvert les yeux. Kuhata, qui elle est l'amie de Miki à l'université, est pleine de vitalité et de projets. Malgré les embûches elle va tenter de se faire une place au sein de la société japonaise. Au final le film dépasse largement le périmètre induit par son titre.
Aristocrats réalisé par Yukiko Sode
Avec Mugi Kadowaki (Hanako), Kiko Mizuhara (Miki), Kengo Kora (Koichiro), Shizuka Ishibashi (Itsuko), Rio Yamashita (Rie)
Présenté au festival international du film de Rotterdam et au Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2021 où il obtient le Soleil d'Or et le Prix du Jury.
Présenté au festival international du film de Rotterdam et au Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2021 où il obtient le Soleil d'Or et le Prix du Jury.
En salles depuis le 30 mars 2022
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