Gilles Paris fêtait hier soir la sortie de ce livre qui est le dixième qu'il présente à un lectorat toujours plus large.
Autant le dire d’emblée c’est son roman le plus sombre. Et pourtant il est sans cesse traversé par la lumière.
Le bal des cendres (à ne pas confondre avec Le parfum des cendres) se déroule sur l’ile de Stromboli, que l’auteur a arpentée à de nombreuses reprises. S’il situe l’action dans un hôtel dont il a inventé le nom, Strongyle, qui évoque l’étrangeté, chacun des paysages lui est familier. Chaque description est rigoureuse et j’ai hâte de vérifier par moi même cet été le parfum de café de la bigogne en plongeant le nez dans une de ses trompettes (p. 14 et 225) … à moins que pousse une variété particulière et endémique sur cette île éolienne.
Elle connait régulièrement des éruptions, la dernière datant du 22 mai 2021. Même si les vulcanologues ont désormais les moyens d’anticiper une catastrophe toute ascension demeure risquée et Gilles Paris nous le fait admirablement ressentir.
Auparavant le lecteur aura eu le loisir de faire connaissance avec une myriade de personnages qui travaillent sur les lieux ou qui y passent leurs vacances. Chacun s’est accommodé plus ou moins bien d’un secret et quoique pensant que le passé doit rester là où il est (p. 53) celui-ci resurgira un jour à l’instar de la lave du volcan.
Le cadre de leur séjour devient ainsi très vite la représentation même de leur intimité. Ce qui est formidablement réussi c’est que tout se met en place lentement, sans qu’on y prête une attention particulière. Mais rien n’arrêtera la marche du temps et le danger modifiera définitivement la hiérarchisation des priorités.
Toutes les générations sont représentées. Les portraits psychologiques sont précis et les intrigues bien ficelées, avec des rebondissements inattendus. Les chapitres sont brefs. L’écriture est ciselée. Le regard du lecteur suit chaque personnage en changeant de focale et en remettant régulièrement en question l’opinion qu’il s’est faite de lui. Tant il est vrai que parfois, les grandes personnes, c’est plus compliqué que la serrure d’une maison (p. 42).
Le bal des cendres de Gilles Paris, Plon, en librairie depuis le 7 avril 2021
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