Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 3 octobre 2010

Sanseverino en concert à Vélizy et en tournée

Coucou !
Stephane Sanseverino traverse le plateau en agitant la main avec désinvolture, brouillant l’image BCBG installée par le costume cravate qu’il porte cintré sur scène comme sur la pochette de son dernier CD, les Faux talbins. Cet homme là va nous va nous payer en monnaie de singe.

Cheveux gominés, volumes rebelles, boucles d’oreilles pendulantes, il fera le clown toute la soirée, commentant ses propres commentaires à chaque intermède, riant d’amuser la galerie.

On le dit nerveux, dur à cuire, mais la carapace craque aussi vite que la croute de sel sous laquelle le poulet s’attendrit. S’il apostrophe le public en s’étonnant du nombre de vieux – c’est lui qui le dit, mais c’est vrai-, ce n’est pas pour le railler. Il a passé l’âge. La célébrité est arrivée sur le tard, après des années de turbin, de petits et de gros boulots Que de routes parcourues depuis le lycée hôtelier à 16 ans, l’exercice du métier de clown ou d’acteur, … il a même été « roadie » de Michel Fugain, toujours saltimbanque.

Je ne connaissais que sa voix. J’ai vu l’homme et sa tendresse (vous êtes toujours mieux ici que devant la télé). Ses engagements sont clairs et nets. Généreux, il se mobilise pour l’association Sans école pas d’avenir. Il préfère les fripes aux boutiques de luxe, ne porte pas de montre du tout plutôt qu’une marque bling bling (suivez cette première allusion). Chez lui l’argot n’est jamais vulgaire mais culturel, comme un hommage à l’époque d’Audiard, et au monde ouvrier des années 50.

Le cave se rebiffe. C’est que le rythme est effréné. Le groupe démarre en trombe en abordant le sujet tristement actuel des violences conjugales. Çà fait peut-être des millions d’années que çà n’a pas changé mais les consciences commencent tout de même à s’interroger sur cette normalité.

Et puis Sanse pile net, bloquant le frein à main, secouant le spectateur encore engourdi. Il braque, plein phare sur le public ahuri. Faudra s’y faire : le luron aura l’œil sur tout un chacun toute la soirée. Il râle déjà que non pas question de le filmer avec nos portables ni de le flasher sur toutes les coutures.

Je regrette ma place au premier rang, plein centre. Ce sera difficile d’être discrète, surtout avec cette fichue lumière rouge qui s’allume à chaque déclenchement bien contre ma volonté. Bon prince, il me dira après le concert : c’est pas de ta faute, t’as pris trois-quatre photos, c’était pas bien gênant. C’est très compliqué à désactiver ce truc là. D’ailleurs si quelqu’un peut me conseiller avant que je ne sollicite Pentax …

Sa manière d'apostropher le public ne fait encore pas rire. Constatant que son humour ne passe pas il rétrograde, direction premier degré, avec un grand succès de Johnny Cash (A boy named Sue) qui nous conduit dans un registre résolument rock, ce bon vieux country, le bluegrass américain qui se joue (aussi) sur un banjo.

Troisième chanson. Troisième guitare en forme de caravane pour nous balader sur les routes de son dernier disque. Çà se sent qu’il l’aime cette gratte. Il reprendra régulièrement l’objet tout au long de la soirée. On la croirait vintage mais c’est une création récente et française de surcroit, lorraine même, puisqu’elle est sortie de l’atelier du nancéen Laurent Hassoun alias « Roadrunner », installé rue des Quatre-Eglises.

(Faudra que je m’arrête chez lui à l’occasion d’un prochain voyage vers l’Est)
.

Regardez la bien car tant va la guitare sur scène qu’elle lâche … Son âme s’est envolée à la dernière chanson.

Après la violence c’est la malbouffe que l’artiste dénonce dans ce quatrième album solo, (comme autrefois la cigarette). Des images dégoulinantes de mayo et de chocolat se superposent sur l’écran du fond de scène comme autant de couches d’un sandwich XXXL.
Tu manges gras Benny. Une diète te sauverait la vie. Une douche ne serait pas trop non plus . Pour la femme qui est dans ton lit et qui dit que tu pue. Ouah tu pues Benny. Qu’est-ce que tu sent fort. Mais je t’aimerai jusqu’à ta mort.
Très vite il nous livre ses gouts :
Moi j'aime la bande à Bonnot, Ravalchol et Landru. Tous les tapés les fondus (…). Je ne suis pas ton beau frère. Ni ton gendre idéal. Je suis un malade mental.
Après cet aveu il enchaine –soit-disant pour nous réveiller- avec un espèce d’exutoire
Tu ne swingues pas un caramel. Tu es raide, rigide et formel. Tu me rappelles... ah ! Je sais plus son nom ! Immonde, vulgaire, fasciste, cruel et con. Je t’aime pas !
Après sa période manouche qu’il ne renie d’ailleurs pas, musicalement parlant, Sanse revient parfois dans le swing et l’acoustique Et si sa préférence se tourne désormais vers les guitares électriques, plus souples et plus légères, on les entend parfois résonner d’accents tsiganes.
Le biniou de Giscard est oublié. Le blouson d'Jacques Dutronc, les Ray-Ban de Sarko. On s'habille rock'n'roll dans les bureaux. Marlon Brando is dead et c'est pourquoi Les rockers d'aujourd'hui aiment la java. Celui qui swingue n'est pas celui qu'on croit. Les rockers d'aujourd'hui aiment la java.
Il fait quelques degrés de plus. L’artiste tombe la veste, remonte les manches, tatouages à l’air libre, une pluie d’étoiles, un treize porte-bonheur, un piment rouge. La salle se déride. Arrive la Salsa du démon, le grand succès de l’orchestre du Splendid qui vire au punk.

Cote reprise Sanseverino les cuisine aux petits oignons. Premier avantage : un succès reste une valeur sure dont il serait bête de se passer. Secondo le public connait déjà les paroles et sera facilement entrainé à chanter en chœur (parce qu’il adore qu’on chante avec lui). Tertio c’est un arrangeur de première et ses réinterprétations donnent un coup de peps aux standards. On est tous gagnant-gagnant (devinez pourquoi donc il n’aimera pas ma formule …. Chut ! Il a dit qu’il n’en parlerait plus alors je vais pas faire une nouvelle allusion).
Intermède contes de fées, très revus, très corrigés, enchainés en sautant du corbeau à la grenouille. Un pur délire avant de nous chanter un Riton et Rita que Bobby Lapointe n’aurait pas désavoué et de s’étonner qu’on est encore tranquillement assis. Fausse sortie.

Il fallait bien une pause avant d’annoncer Chérie c’est la guerre et d’enchainer sur cette autre reprise de Parabellum où nous lui tiendrons compagnie: « Mort aux vaches, mort aux condés. Vive les enfants d'Cayenne, à bas ceux d'la sûreté ».

L’homme se définit comme un « pessimiste joyeux ». Il fait feu de tout bois en chauffant les guitares. Il se saisit à l’occasion de l’harmonica quand il ne s’empare pas (aussi) du trombone de Bernard Camon qui a bien mérité de souffler un peu.


Le public est totalement sous emprise. Bien davantage qu’un chanteur et son groupe c’est une équipe soudée qui s’éclate sur scène. Tout parait désormais « normal » y compris l'apparition en costume d’ecclésiastiques des deux Hervé, Legeay et Pouliquen, de GP, de Christophe Cravero et de Xavier Tribolet.
La dérision n’empêche pas la poésie et c’est là que Sanseverino est très fort. Il nous sert une Etrangère respectueuse de Louis Aragon et de la musique de Léo Ferré, qui nous fait oublier la version d’Yves Montand.

Et c’est sur Finis ta vaisselle que s’achève le concert, avec la participation du public qu’il fait murmurer a capella :
Je soupçonne mon psy de ne pas m'écouter. Pendant que j'lui raconte ma vie ce salaud lit Libé . Finis Ta Vaisselle ou tu finiras ta vie seul.
Monsieur 200 000 volts a bien mérité de s’arrêter... quoique … il confiera qu’il doit se rendre dans quelques heures à l’enregistrement d’un direct en pleine nuit, blanche bien sur. Ce qui ne l’empêche pas de venir aimablement signer des dédicaces et répondre patiemment aux questions du public. Avec une simplicité désarmante.

Sanseverino aime surprendre sans se laisser surprendre. Il prend la pose devant chaque objectif comme ici aux cotés de Lionel Massétat, le directeur de l'Onde qui l'accueillait ce soir.

Pari gagné ce soir à quelques jours de son anniversaire qu’on lui souhaite joyeux !

Après le 2 octobre à Vélizy (78) au théâtre de l'Onde ce sera au tour du Cadran de l’accueillir le 13 octobre à Evreux (27) . Puis l’Omnibus de Saint Malo (35) le 15, les Arcs le lendemain à Quéven (56).
Le 21/10/10 Salle Aristide Briand à Saint Chamond (42) , suivi de l’Espace Coluche à Plaisir (78) le 22, le Quai à Angers (49) le 23.
Il sera aux Nuits de Champagne le 28 octobre à Troyes (10) et dans la salle parisienne de l’Olympia le 1er novembre.
Puis l’ Espace Malraux le 09/ novembre à Joué les Tours (37), la Hune à Saint Benoit (86) le 10, le théâtre de Moulins (03) le 11 et la Carrière de Saint Herblain (44) le 13.

La première photo de Sanseverino est de Philippe Delacroix qui signe aussi la pochette de l'album les Faux Talbins.

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés (au cours des 7 derniers jours)