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vendredi 15 mars 2013

La véritable histoire de Maria Callas au Théâtre Dejazet


Qui d'entre nous n'a pas rêvé d'être un(e) artiste ?

Comme si la célébrité allait nous dispenser de tout problème ! Quand on voit ce que fut la vie de Maria Callas on déchante vite, pardon pour le mauvais jeu de mots.

N'empêche que le spectacle est fort bien ficelé. Annoncer la «véritable» histoire de quelqu’un c’est affirmer que jusque là toute la vérité n’a pas été dite et promettre quelques révélations, en général sur sa vie privée.

C’est là que la pièce écrite par Jean-Yves Rogale est différente. Les orages sentimentaux de Maria Callas ont noirci largement les journaux à sensation. Personne n’ignore la rivalité qui l’opposa à Jackie Kennedy dans la conquête d’Aristote Onassis, l’homme le plus riche du monde. Ce qu’on sait moins, c’est l’ampleur de ses chagrins et de ses carences.

Maria aura, toute sa vie, manqué d’amour. Sa mère n’a vu en elle que la future cantatrice. Son frère, décédé prématurément, lui fut toujours préféré. Son premier mari, Battista Meneghini, de trente ans son ainé, en fait un investissement très rentable. Aristote comprendra trop tard la sincérité de son attachement. Et surtout l’absence d’enfant bloqua son épanouissement.

On pourrait établir des analogies avec une princesse boulimique, mariée elle aussi trop jeune, brusquement amaigrie et soudainement amoureuse d’un magnat. Ou encore avec une chanteuse qui ne supporta pas le cap de la cinquantaine.

Sa mère (Andréa Ferréol) l’avait surnommée bouboule. Battista (Raymond Acquaviva) la voit galbée comme une commode Louis XV. Ses vocalises agacent Onassis. Finalement personne ne l’aura acceptée telle qu’elle est.
La carrière de Maria Callas n’est pas le sujet de la pièce. On entend sa voix pendant les changements de tableau. Ses triomphes sont évoqués : La Gioconda à 24 ans dans les arènes de Vérone, 21 rappels quand elle interprète Lucia. Triomphe toujours dans les rôles de la traviata ou de Médée. Elle n’a qu’une rivale, « la » Thebaldi mais son talent ne lui arrive pas à la cheville. Le succès lui monte à la tête et elle prétendra que son nom, Callas, est un anagramme de la Scala, l’opéra de Milan.

Maria a ce qu’on appelle un tempérament passionné et ses coups de sang ne la rendent pas populaire. Elle est redoutée pour ses annulations de dernière minute qui lui valent d’être huée par son public. 

C’est pourtant une femme blessée, qui ne mesure pas ses propos, sans doute parce qu’elle n’a pas d’amie à qui se confier. Le parti pris de faire s’exprimer sur scène son double, jeune, (Lola Dewaere) est fort judicieux. Sa présence apporte de la fraicheur et une belle vibration. La mise en scène de Raymond Acquaviva est dynamique. Les dialogues de Jean-Yves Rogale sont incisifs, et ponctués d’humour. On le savait à l’aise avec ce type de sujet depuis Chateauvallon ou Amour, Gloire et Beauté.

Les deux actrices qui se partagent le rôle de Maria Callas (Sophie Carrier est Callas adulte) sont très différentes et pourtant parfaitement crédibles pour incarner la double personnalité de Maria, mi-femme, mi-diva.

Pierre Santini est Aristote, égal à l'image qu'on a de lui, ce qui n'était pas gagné d'avance après la prestation de Gérard Darmon dans un téléfilm. Cécile Pallas est, quant à elle irrésistible en Jackie Kennedy.

La colère, la peur et la jalousie épuiseront le cœur de Maria. Sa vie apparait en fin de compte comme une tragédie qui aurait pu être la base d’un livret à succès. La pièce se termine sur un Ave Maria émouvant qui place la diva au centre d’une tragédie grecque.

C'est un spectacle divertissant dont on sort avec émotion.
La véritable histoire de Maria Callas, tous les soirs à 20 h 30, dimanche à 15 heures, relâche les lundis.
au Théâtre Dejazet, 41 boulevard du Temple, 75003 Paris, tel 01 48 87 52 55
Pour en savoir plus sur le spectacle, consulter le site dédié
Photos Thierry Beauvir

1 commentaire:

Leiloona a dit…

Une pièce qui m'a un peu déçue, le côté people étant plus mis en avant que le côté diva ...

Malgré tout, très bons jeux des acteurs.

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