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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 27 mars 2013

French Cancan au Palace

Music-hall, cinéma, théâtre, haut lieu du festival d'Automne, discothèque .... espace public, club privé .... le Palace a tout connu avant de fermer en 1996.

Dans les années qui suivent, l'endroit désaffecté est occupé par un squatt. Mais en 2006, la salle est rachetée par Chantal et Francis Lemaire, co-propriétaires de Radio Contact et Bel RTL en Belgique et les frères Vardar, déjà propriétaires de la Grande Comédie et Comédie République.

Les travaux de restauration commencent en février 2007 sous la houlette des Monuments Historiques (le théâtre est classé) pour restituer le décor du théâtre d'origine, tel qu'il a été construit en 1923, avec les aménagements techniques et la fonctionnalité d'une salle de spectacle moderne.

Des centaines de mètres carrés de fresques et de peintures au pochoir et de moulures décoratives sont décapées et reconstituées. Les investissements sont énormes pour permettre la réouverture en 2008 avec le retour sur scène de Valérie Lemercier. La salle (970 places) accueille désormais deux spectacles tous les soirs.

French Cancan est programmé à 20 heures, ce qui donne encore le temps de dîner ensuite en face, dans le non moins mythique bistrot Chartier. Et ce spectacle là s'accorde parfaitement au lieu. 
                         
On connait tous les airs de La Vie parisienne. Cet opéra-bouffe de Jacques Offenbach, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, a été créé au théâtre du Palais-Royal le 31 octobre 1866 en cinq actes, puis remanié en quatre actes le 25 septembre 1873 au théâtre des Variétés. Un siècle plus tard il n'a rien perdu de sa vivacité.

French Cancan est plus que cela, ce qui justifie le sous-tire de "Spirit of Paris". La soirée illustre les différentes facettes du romantisme parisien depuis la Belle Epoque jusqu'à nos jours en faisant revivre des morceaux contrastés de notre patrimoine musical en intégrant des chansons populaires ou modernes aux opérettes d'Offenbach.

On reconnaitra les paroles du Rondeau du Brésilien :

Je suis Brésilien, j'ai de l'or,
Et j'arrive de Rio-Janeire
Plus riche aujourd'hui que naguère,
Paris, je te reviens encore !

(…)

Ce que je veux de toi, Paris,
Ce que je veux, ce sont tes femmes,
Ni bourgeoises, ni grandes dames,
Mais les autres... l'on m'a compris!

Et que ça saute, ça frappe dans les mains, ça tape des bottines, ça agite les jupons. Ya de la guêpière, du volant, du boa. De la gaité à revendre.
                           
Apparaitra la Veuve noire qui aime rien tant que les militaires. Quelques notes de musique font penser au très populaire Malbrough s'en va en guerre. Arriveront des majorettes. Nous aurons apprécié entre temps une danse des voiles qui évoque les mille et une nuits.
Les ballets grandioses alternent avec des duos.
Quelques surprises de mise en scène avec un piano qui cache une diva. Les femmes, y'a que ça, tant que la terre tournera. Les danseuses font tourner leurs jupons et les têtes des hommes. Mais la tendresse et la mélancolie sont aussi présents avec l'Amant de Saint-Jean que l'on se retient de chanter avec les artistes : 
Mais hélas, à Saint-Jean comme ailleurs
Un serment n'est qu'un leurre
J'étais folle de croire au bonheur,
Et de vouloir garder son coeur.
Comment ne pas perdre la tête,
Serrée par des bras audacieux
Car l'on croit toujours
Aux doux mots d'amour ...
On ne s'apitoie pas. Allez les filles, branle-bas de combat. Champagne et vive Paris !

On retrouve l'opérette avec Votre habit a craqué dans le dos. Place ensuite au tango, la rose rouge entre les dents. Puis retour à Offenbach, avec son air le plus célèbre, le Galop (infernal) d'Orphée aux enfers, très applaudi.

Rupture de genre avec la Chambre des lumières ... Séquence dubstep pour ceux les connaisseurs. En évoluant les corps androïdes dégagent des faisceaux de lumière. Inattendu et magique.
Séquence orientale couleur dragée avec une autre, plus tard,  dans un pur style Bollywood.
L'amour est ponctué de lettres, qui peuvent annoncer une rupture à une faible femme, dans le quartier de Montmartre, des amours furtives et des passions éternelles.
La Complainte de la butte offre un joli moment de nostalgie ...

En haut de la rue saint Vincent ... la lune trop blême pose un diadème ... 

Mais on n'est pas venu pour écouter "ces vieilles histoire". Nous sommes propulsés dans la chambre d'eau où nous attend un ballet en serviettes de bains. Les charlottes et les soutien-gorges ont pris des couleurs fluo. Les gambettes et les trilles y sont toujours aussi enlevées.
La nuit est belle, une nuit d'amour, plus douce que le jour, dansée sur des pointes en évoquant cette fois un univers sado-maso.

Nouvelle rupture avec la Nuit en rose d'Edith Piaf dans un joli medley qui fait courir le bel amour rue Caulaincourt et sur le pont des reviens vite.
Ce n'est pas parce qu'on chante qui va piano va sano qu'on ralentit le rythme. C'est même un défi que chacune lance à sa voisine. Les acrobaties se suivent, toujours plus audacieuses, séduisant un public déjà conquis.
On croit que c'est fini, mais non. Voici que retentit l'air de I'm sexy and I know it.

Bravo !
French Cancan, the spirit of Paris, conçu par Jacques Duparc
Chorégraphie de Marie Valton, costumes (magnifiques) d'Eymeric François, lumières de Fred Millot
avec les chanteurs Claudia Mauro, Agnès Pat, Prisca Demarez, Gilles San Juan et Régis Mengus.
Production Boralys
Au Palace, 8 rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris

Du mardi au samedi à 20 heures, le dimanche à 15 heures


Le "Bouillon" Chartier est situé au numéro 7 de la même rue.

Tous renseignements sur le site de ce bistrot légendaire
... sachant qu'on peut s'y satisfaire d'un potage et d'un tartare ... pour clôturer une belle soirée. Un conseil : ne vous laissez pas impressionner par la file d'attente si celle ci ne déborde pas de plus de 5 mètres dans la rue. Le personnel gère parfaitement.

2 commentaires:

Leiloona a dit…

Vu la queue devant le resto, j'ai préféré me rabattre sur un autre resto de Paris, après le spectacle ! ;)
J'ai vraiment aimé la joie communicative des danseurs, en revanche, quel dommage pour certaines paroles que je n'ai pas su saisir ...

Marie-Claire Poirier a dit…

Comme la queue commence en fait sous le porche, donc assez loin de l'entrée du restaurant elle n'est pas si longue qu'il y parait.
la jeune chef d'hôtel vient régulièrement annoncer le nombre de places qui se sont libérées si bien que l'on n'attend pas longtemps. C'est pour cela que je l'ai signalé.

Vous n'êtes pas la première à exprimer des difficultés à saisir les paroles. On va finir par suggérer un surtitrage.

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