Sélectionné par la revue Granta comme l'un des meilleurs jeunes auteurs écrivains américains, Anthony Doerr a déjà publié chez Albin Michel : Le nom des coquillages (2003) et A propos de Grace (2006).
Il a placé en exergue de son livre, le Mur de mémoire, une citation de Luis Buñuel disant en substance que sans la mémoire nous ne serions rien. Et lui -même manifestement se souvient ... puisque cette couverture évoque directement son premier livre.
J'avais commencé le Mur de mémoire il y a quelques semaines. L'avantage d'un recueil de nouvelles est qu'on peut le picorer. On n'est pas obligé de le lire dans la continuité et je ne m'en suis pas privée, ne me culpabilisant pas de ne pas "accrocher" à la première qui donne d'ailleurs son titre à l'ouvrage. Mon passage au Mondial du tourisme et le fort développement du tourisme dit "de mémoire" a ravivé mon envie de le reprendre.
Où vont les souvenirs une fois qu'on a perdu la capacité de les conjurer ? (p.140) Il y a l'idée sous-jacente que la mémoire n'est pas un empilement de souvenirs mais une sorte de matière malléable et vivante qui, à l'instar d'un minerai précieux, pourrait être engloutie ou au contraire exploitée.
Il y a profusion de maladies, de morts, de suicides. Le ton est souvent scientifique, très naturaliste, situant le livre à la marge de la science fiction. Ce n'est qu'une apparence car le propos est plutôt philosophique, questionnant la mince liaison entre la vie et la mort :
- Tu me demandes de t'aider à mourir ?
- Je te demande de m'aider à vivre. (p. 249)
A bien y réfléchir, mourir c'est vivre encore un peu.
Quant à donner la vie, ou pas, c'est éviter que la mémoire ne se tarisse en programmant une certaine vision de l'avenir.
De l’Afrique du Sud à la Lituanie, de l’Allemagne nazie à la banlieue de Cleveland, le livre d’Anthony Doerr est un voyage troublant dans l’espace et dans le temps. Le temps de la mémoire qui relie, comme un fil fragile, les personnages de ces six nouvelles, tous hantés par la perte ou la résurgence de leur passé, et confrontés à ce manque vertigineux de ce qui a été mais n’est plus.
Le mur de mémoire d’Anthony Doerr, traduit par Valérie Malfoy, chez Albin Michel, janvier 2013
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