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jeudi 30 mars 2017

C'est Noël tant pis de Pierre Notte

La fête est passée depuis perpète mais je me réjouis que le spectacle joue les prolongations. Depuis la création en novembre 2014 au Centre culturel Athanor de Guérande, en passant par  le Prisme d'Elancourt er le théâtre du Rond-point il a trouvé refuge à la Comédie des Champs-Elysées.

J'ai donc pu aller voir, hors saison, C'est Noël tant pis, écrit et mis en scène par Pierre Notte et je vous le dis, il n'y a pas de mauvais moment pour faire le point sur la famille, même si, on le sait bien, c'est au moment des célébrations de toutes sortes que les tensions sont au maximum.

S'agissant de Noël on avait dégusté la Buche, le film réalisé par Danièle Thompson en 1999. La pièce de Pierre Notte reste sur le registre de la comédie mais les grincements sont à leur paroxysme. Certains spectateurs ne supportent pas, tant pis.

De texte en texte cet auteur ne cesse de réinventer une manière de parler, pour dire ses cicatrices en les sublimant et surtout en révélant, car les dialogues ont une vertu photographique, les fêlures universelles.

Le programme promet que ça ne finira pas mieux que ça aura commencé. Etoiler un sapin n'est pas un exercice facile. L'équilibre est précaire dès le début. C'est vrai. Pierre Notte déséquilibre les rituels judéo-chrétiens bien au-delà du 1er janvier (la scène de la galette des rois est désopilante). Le couple en prend pour son grade, comme dans Parle-moi d'amour qui a été donné en février à la Pépinière. Mais Pierre Notte pousse le bouchon plus loin que Philippe Claudel en invitant tous les enfants, le frère Nathan (Renaud Triffault) la jolie pièce rapportée, et même la grand-mère.

Le 25 décembre, qui devrait être le 14 juillet de notre vie de famille se termine chaque année en 11 septembre. Il est amplement justifié qu'avec une telle plume l'auteur soit nominé comme Auteur francophone vivant aux Molières 2017. Il l'a déjà été à trois reprises ...
Le spectacle ne se réduit pas à des formules, et à des vacheries bien envoyées, même si on s'amuse que la belle-fille Geneviève (Chloé Olivères) puisse en avoir sa claque de ce cloaque.

C'est un cri d'amour, que le chanteur Charles Aznavour implore à juste titre. Dis moi que tu m'aimes ... fort. Plusieurs chansons apportent une respiration nostalgique. Comme aussi le Temps du muguet, cette chanson écrite par Francis Lemarque, que la mère (Silvie Laguna) entonne, en hommage peut-être à Danièle Darrieux qui l'interprétait elle-même en 1960 en manteau de fourrure dans un décor de chalets.

Pierre Notte n'a pas écrit un réquisitoire uniquement à charge contre la famille. La tendresse est souvent sous-jacente : Les enfants, quelquefois on comprend tout de travers de leur manière d'aimer
La scénographie est intelligente, avec un décor évolutif qu'une grande chaine de distribution de meubles pourrait bien copier. Ce sapin-table de réception-voiture et plus encore est très malin. Les costumes sont pensés en terme de forme comme de couleurs. Le turquoise des premiers instants se dégrade en marron au fil des répliques.

Le fils (Brice Hillairet) est sans surprise prodigieux comme il l'était dans Ma folle otarie l'an dernier. Ils sont tous excellents. Le père (Bernard Alane) n'a pas des répliques faciles et il parvient à tirer lui aussi son épingle du jeu.

Noël est la fête de la nativité. Pierre Notte ne l'oublie pas, faisant se réjouir sa famille éclatée : Nous aurons quand même fait de beaux enfants, ... et lui un beau spectacle. Tant mieux !

C'est Noël tant pis
Texte, mise en scène et chansons : Pierre Notte
Avec : Bernard Alane, Brice Hillairet, Silvie Laguna, Chloé Olivères, Renaud Triffault
En alternance avec Romain Apelbaum
Scénographie : Natacha Le Guen de Kerneizon
Costumes : Colombe Lauriot-Prévost
Lumières : Marc Torrente, Aron Olah
Comédie des Champs-Élysées
15 Avenue Montaigne, 75008 Paris - 01.53.23.99.19
Jusqu'au 29 juillet 2017
Du mardi au samedi à 21h
Relâches les 16, 17, 18 mars et 22, 25 et 28 avril
La pièce sera cet été au festival de Figeac

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