Si j'osais je comparerais Eric Emmanuel Schmitt à Claude Lelouch. Deux artistes prolixes capables du meilleur, comme du moins bon et tous deux fascinés par l'au-delà.
Après quelques déceptions j'hésite à lire ou aller voir une pièce signée de cet auteur et cet Hôtel des deux mondes me prouve que j'ai raison de persister. La pièce a de l'intérêt, est mise en scène intelligemment (le talent d'Anne Bourgeois a encore une fois fait mouche) et les comédiens sont tous excellents.
J'aurais quelques réserves sur le décor qui ne séduira pas les phobiques des ascenseurs (j'en connais beaucoup) mais il fonctionne plutôt bien pour instaurer une ambiance étrange convenant au lieu.
Un brutal éclair évoque quelque chose qui relèverait d'un voyage galactique. Julien Portal (Davy Sardou) sort de l'ascenseur, arrivant d'un sous-sol. Notre œil est intrigué par les lettres V et A dont la signification nous échappe encore. Il aimerait savoir où il se trouve et ce qu'il est venu faire là mais personne ne lui répondra. Une clé lui sera tendue silencieusement par un des deux personnages muets (Günther Vanserveren et Roxane Le Texier) qui sont probablement des anges. Leur rôle n'est pas facile, puisque sans paroles et pourtant leur présence est bien réelle.
Est-il un client ordinaire ? Sans doute non, et pas davantage que les autres dont on ne sait pas comment il sont arrivés là ni s'ils en repartiront. Ses voisins d'infortune sont des caractériels. En particulier le président Delbec (Jean-Jacques Moreau), et Marie (Michèle Garcia) dont les répliques sont savoureuses. Julien parvient malgré tout à apprendre qu'il n'est ni dans un hôpital, ni aux urgences. Il a beau se sentir "un mort en bonne santé" le doute arrive : aurait-il eu malgré tout un accident, une crise cardiaque, serait-il dans le coma ?
Les dialogues écrits par Eric Emmanuel Schmitt alternent entre points de vue philosophiques et paroles poétiques sans tomber sans deux écueils, la pure comédie, ou la sévère leçon de morale. On suit le parcours de chaque protagoniste qui, comme dans la "vraie" vie, ne sont pas tous disposé à changer.
Dire que la pièce est menée avec suspense serait exagéré mais on passe un bon moment de théâtre et on en sort en se disant qu'il ne faudrait pas oublier quelques aphorismes. Un grand bonheur n'est composé que de toutes petites choses qu'on ne songe pas assez à gouter.
Le mage Radjapour est judicieusement là pour nous le rappeler, témoignant qu'il se délecte de chaque moment (supplémentaire) comme d'un bonbon en le décortiquant avant de le savourer. Jean-Paul Farré est bien entendu parfait dans ce rôle (comme il l'est quelques heures plus tôt dans celui de Voltaire au tout voisin Théâtre de Poche).
Laura (Noémie Elbaz) est en attente d'une greffe mais elle se sent salie par la pitié. La situation est difficile à supporter puisqu'il faut que quelqu'un meurt pour qu'elle puisse continuer à vivre. Cette situation donne un prix particulier à ce que peuvent être des derniers instants.
On s'interroge alors nous aussi sur ce qui nous empêche d'apprécier la valeur de la vie quand "tout va bien" en suivant le questionnement du docteur S (Odile Cohen). On retrouve un thème de prédilection de l'auteur, spécialiste des religions. Si la vie est un don, à qui le doit-on ? A Dieu ou à la vie elle-même ?
Mourir c'est accepter l'inéluctable. Mais l'homme est un incorrigible optimiste qui veut croire que les miracles existent. Je ne peux pas vous dire la fin mais sachez qu'un des personnages réussira à insérer dans le dispositif le grain de sable humain qui permettra d'en finir avec le hasard.
Emotion et rire se bousculent jusqu'au dénouement final.
Hôtel des deux mondes de Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène Anne Bourgeois
Avec Davy Sardou, Jean-Paul Farré, Jean-Jacques Moreau , Michèle Garcia , Odile Cohen, Noémie Elbaz et avec Günther Vanserveren et Roxane Le Texier.
Depuis janvier 2017Les dialogues écrits par Eric Emmanuel Schmitt alternent entre points de vue philosophiques et paroles poétiques sans tomber sans deux écueils, la pure comédie, ou la sévère leçon de morale. On suit le parcours de chaque protagoniste qui, comme dans la "vraie" vie, ne sont pas tous disposé à changer.
Dire que la pièce est menée avec suspense serait exagéré mais on passe un bon moment de théâtre et on en sort en se disant qu'il ne faudrait pas oublier quelques aphorismes. Un grand bonheur n'est composé que de toutes petites choses qu'on ne songe pas assez à gouter.
Le mage Radjapour est judicieusement là pour nous le rappeler, témoignant qu'il se délecte de chaque moment (supplémentaire) comme d'un bonbon en le décortiquant avant de le savourer. Jean-Paul Farré est bien entendu parfait dans ce rôle (comme il l'est quelques heures plus tôt dans celui de Voltaire au tout voisin Théâtre de Poche).
Laura (Noémie Elbaz) est en attente d'une greffe mais elle se sent salie par la pitié. La situation est difficile à supporter puisqu'il faut que quelqu'un meurt pour qu'elle puisse continuer à vivre. Cette situation donne un prix particulier à ce que peuvent être des derniers instants.
On s'interroge alors nous aussi sur ce qui nous empêche d'apprécier la valeur de la vie quand "tout va bien" en suivant le questionnement du docteur S (Odile Cohen). On retrouve un thème de prédilection de l'auteur, spécialiste des religions. Si la vie est un don, à qui le doit-on ? A Dieu ou à la vie elle-même ?
Mourir c'est accepter l'inéluctable. Mais l'homme est un incorrigible optimiste qui veut croire que les miracles existent. Je ne peux pas vous dire la fin mais sachez qu'un des personnages réussira à insérer dans le dispositif le grain de sable humain qui permettra d'en finir avec le hasard.
Emotion et rire se bousculent jusqu'au dénouement final.
Hôtel des deux mondes de Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène Anne Bourgeois
Avec Davy Sardou, Jean-Paul Farré, Jean-Jacques Moreau , Michèle Garcia , Odile Cohen, Noémie Elbaz et avec Günther Vanserveren et Roxane Le Texier.
Au Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté 75014 Paris - Tél : 01 43 35 32 31
Du mardi au samedi à 21h
Matinée le dimanche à 15h
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